Catégorie : Non classé (Page 1 of 5)
La RN113 traverse aujourd’hui la ville d’Arles avec une densité de trafic très importante, entrainant de fortes nuisances atmosphériques et sonores. Le projet de contournement se propose de remédier en partie à ces nuisances. Est-ce réaliste ? Quel impact aura ce contournement sur notre cadre de vie et nos paysages ? Quel avenir pour la RN113 actuelle ?
Avec la participation de Dany Karcher, ancien maire de Kolbsheim qui s’est mobilisé contre le contournement autoroutier de Strasbourg et Jean-Luc Moya, fondateur de l’association Agir pour la Crau, animée par Virginie Maris de Changeons d’Avenir.
I. Pollutions et nuisances
Pour évoquer la question du cadre de vie d’Arles liée à ce contournement autoroutier, il faut évoquer la question très prégnante de la pollution de l’air et la re-contextualiser, notamment au niveau de l’engagement de l’État en matière de réduction de la pollution de l’air et des gaz à effets de serre.
L’objectif national est de réduire les émissions de GES de 40% en 2030 par rapport aux données de 1990. Nous sommes actuellement en retard sur cet objectif.
Sont particulièrement visés les oxydes d’azotes qui sont les principaux polluants atmosphériques et dont l’origine est due à 55%, aux transports routiers. Il est à rappeler que la pollution de l’air est la troisième cause de mortalité évitable dans le pays. La France a été condamnée à plusieurs reprises et risque de l’être encore prochainement pour le non-respect de la directive européenne concernant la qualité de l’air, et notamment sur le fait qu’elle ne respecte pas la valeur limite annuelle sur le dioxyde d’azote, et ce depuis 2010. Ça fait 10 ans que la France est déjà en infraction sur cette question importante.
Cela peut sembler déconnecté de ce projet, mais ça pose au contraire le cadre légal autour de celui-ci. On est alors en droit de se poser la question de savoir si ce projet participe aux objectifs de la France de réduire ses émissions de GES.
Le principal problème de ce projet réside dans le fait que la pollution de l’air ne sera pas réduite, mais déplacée. En 2028 les trafics cumulés du contournement et de l’axe actuel seront assez similaires à celui du trafic actuel. Il n’y a donc guère de chance de voir la pollution globale diminuer. Une partie en sera déplacée juste au sud de la ville, mais cela reste des gaz diffus, il ne faut pas croire que la pollution reste aux abords immédiats des routes.
En regardant en détail les cartes fournies par la DREAL concernant les estimations d’émissions des oxydes d’azote en 2028, on peut toutefois constater une amélioration notable au niveau de Trinquetaille, en particulier au Vittier et à Saint-Genest. Il est difficile de parler d’amélioration sur le quartier de la Roquette, tant celui-ci reste concerné par une forte pollution. Par ailleurs, les habitants de Raphèle, Balarin ou encore Saint-Martin seront plus exposés. Sans oublier les futurs riverains ruraux du contournement.
Au total, selon la DREAL, « seules » 2800 personnes seraient moins exposées aux émissions de gaz polluants. Même si c’est mieux que rien, c’est un élément important pour relativiser l’impact de ce projet sur la pollution de l’air.
Autre nuisance importante, le bruit. Les cartes présentées dans les documents officiels, montrent un fuseau de nuisance assez similaire à la pollution de l’air. Selon celles-ci l’impact sonore serait inchangé entre Raphèle et Saint-Martin de Crau. Si l’on note une amélioration en traversée d’Arles, le contournement engendrera une forte dégradation au sud d’Arles le long de celui-ci. Les couleurs employées dans les cartes, en particulier le vert, peuvent parfois induire en erreur.
Il est nécessaire de garder à l’esprit qu’en cas de contournement autoroutier, la RN113 actuelle serait toujours empruntée par près de 30000 véhicules jours, dans un flux non-linéaire. La réduction des nuisances sonores ne sera pas non plus marquante.
Quelles solutions seraient toutefois envisageables pour réduire les nuisances actuelles ? Il y a eu des solutions techniques proposées par les techniciens de l’État et les associations présentes dans les commissions. Parmi elles, la réduction de la vitesse à 50km/h sur la partie urbaine de la RN113 serait la plus judicieuse pour réduire les nuisances atmosphériques et sonores. Des murs anti-bruit et des revêtements spéciaux sont aussi avancés, mais ces solutions ne sont pas radicales.
II. Paysages
Quel impact aura ce contournement sur les paysages ? De nombreuses entités paysagères seront traversées par cette autoroute : haute Camargue, bocages périurbains de Gimeaux, Grand Rhône, Petit Plan du Bourg, Grand Plan du Bourg, terres agricoles de la Draille marseillaise, Crau des marais et des étangs, et enfin Coussouls de Crau. Ce dernier étant un milieu unique et non compensable.
Vu cette multiplicité des milieux traversés, l’impact sera lourd. Il n’y aura pas d’autoroute sans ouvrage d’art important, au regard de la traversée du Rhône et des nombreux réseaux hydrauliques impactés. Plusieurs viaducs et ponts sont prévus. Dans un territoire plat, ceux-ci seront forcément visibles, à plus ou moins grande distance.
Le principal ouvrage sera un viaduc pour traverser le Rhône, en tête de Camargue, à quelques encablures des limites du Parc Naturel Régional. Il sera d’environ 1800m de long et la route sera à 25m de hauteur.
Pour rappel, parmi les sept variantes initiales du projet, la seule qualifiée de très bonne pour le cadre de vie était la solution sous-fluviale longue, laquelle répondait favorablement à toutes les fonctions et objectifs sauf le coût, ce qui lui a valu d’être balayée d’un revers de main. Les questions environnementales et de pollutions n’ont pas la chance d’être réglée à coup de « quoi qu’il en coûte ».
Un autre impact très peu évoqué pour ne pas dire occulté pour l’instant, est la phase de chantier. Comment réaliser des travaux d’élargissement de la RN113 en maintenant une circulation très difficile ? Voies provisoires, sur largeurs temporaires, ouvrages de génie civil spécifiques,… Il est à prévoir d’énormes difficultés de circulation se répercutant sur l’ensemble du réseau secondaire et urbain pendant de longs mois.
L’accès au chantier ou l’acheminement d’engins sera également très compliqué dans certains secteurs, comme par exemple au niveau du Petit Plan du Bourg où seule la RD35 existe. Les camions passeront-ils par la zone urbaine, devant plusieurs groupes scolaires ? Ou ce sera un énorme détour par Mas-Thibert, qui en subira alors les conséquences ?
Les travaux qui s’annoncent seront particulièrement pénalisant pour le cadre de vie et la circulation de milliers d’arlésiens et de saint-martinois au quotidien.
III. Requalification de la RN113
Cela fait rêver certains habitants et les élus à la tête de la mairie d’Arles : le contournement autoroutier permettrait une requalification en boulevard urbain de la RN113. Le rapport du dossier support de concertation de la DREAL mentionne que « la requalification urbaine de la RN113 constitue un projet distinct, bien que complémentaire, de celui du contournement. Ses modalités ne font donc pas l’objet de la présente concertation ».
Or si ce projet de requalification est bien conditionné par celui du contournement, l’inverse n’est pas vrai. L’un est présenté sans l’autre. Nous sommes dès lors en droit de nous interroger sur la pertinence de l’objectif initial de l’amélioration du cadre de vie pour les arlésiens ? Comment imaginer un tel projet de contournement sans repenser simultanément l’axe actuel ? Comment mener une concertation publique sans l’un des éléments essentiel pour la compréhension de l’évolution de notre cadre de vie ?
Aujourd’hui il est fait mention de requalification de la RN113 en boulevard urbain. Par définition, un tel équipement se définit comme un axe structurant qui combine les fonctions de déplacement et d’espaces publics de qualité où les nuisances liées au trafic routier sont fortement réduites.
Il est nécessaire de rappeler que le contournement autoroutier permettra de déplacer seulement le flux de transit, soit environ 55% des véhicules empruntant le pont sur le Rhône. Dans les études de prévisions de trafic menées par la DREAL, s’appuyant sur le scénario de la Stratégie Nationale Bas Carbone 2019, il est prévu en 2028 avec le projet de contournement, un trafic persistant de 29600 véhicules journaliers sur le pont de la RN113 traversant Arles, dont 900 camions. Pour comparaison, le trafic moyen sur un tronçon autoroutier français est de 29800 véhicules/jours.
A l’évocation d’un boulevard urbain on peut s’attendre en effet à de la mobilité douce, des pistes cyclables, de la fluidité ou encore une réduction du caractère accidentogène de l’axe, mais il est bien difficile d’imaginer cela.
L’alternative est très claire : soit il est maintenu un axe en 2*2 voies plus fluide avec une vitesse réduite malgré un risque de congestionnement aux heures de pointes et sans changement notable sur la ville, soit les décideurs locaux croient à ce projet de requalification urbaine et l’axe bascule en 2*1 voie, plus des voies de bus et cyclables, avec une circulation totalement congestionnée, et un report sur certains axes du centre-ville comme le montre une étude de la DREAL en 2019, entrainant une hausse de la pollution en centre-ville.
Une autre question relative à cette requalification est son coût. A défaut de projet concret, aucun coût n’est pour l’instant évoqué. Ce projet sera une problématique de la commune et de la communauté d’agglomération. Le coût sera en grande partie à, la charge des collectivités locales. Avec quels impacts pour les impôts locaux des arlésiens, pour un projet dont on peut douter de sa fiabilité ?
Il est prévu que des études sur ce projet soient lancées par la mairie dans le premier trimestre 2021.
Malheureusement à l’heure de cette concertation, nous n’avons encore une fois pas tous les éléments pour juger les réels impacts de ces projets complémentaires sur notre cadre de vie.
Pour revoir toute la discussion :
Quels impacts sur les milieux naturels et la biodiversité ? Quels enjeux par rapport aux bouleversements climatiques et aux engagements de l’état en terme de réduction des gaz à effet de serre ?
Avec Maxime ZUCCA, ornithologue et membre du Conseil national de protection de la nature et Anthony OLIVIER, herpétologue travaillant à la Tour du Valat, animée par Virginie MARIS, chercheuse au CNRS et membre de Changeons d’Avenir.
I. IMPACTS SUR LA BIODIVERSITÉ
1. État des lieux global
Crise d’extinction massive : 28 % des espèces évaluées sont menacées au niveau mondial
Disparition paradoxale des espèces les plus charismatiques.
Déclin des espèces communes : 3 moineaux sur 4 ont disparu à Paris. Disparition et destruction des habitats dus à la culture intensives et l’artificialisation des sols….
2. Contexte méditerranéen
Le pourtour méditerranéen fait partie des 34 points chauds à préserver en priorité sur la planète.
3. État des lieux en Crau et en Camargue
Malgré les différentes protections pour protéger la biodiversité (Parc Naturel Régional de Camargue, réserves naturelles, zone Natura 2000) les études de Thomas Galewski et de Vincent Devictor montrent une baisse importante de la biodiversité en particulier les oiseaux. Les milieux naturels ont perdu 1000 ha de terre chaque année depuis 1990
4. Projet de contournement autoroutier
Le projet de contournement va augmenter la destruction de la biodiversité déjà très impactée. En particulier dans le secteur des marais de Meyranes et des Chanoines, zone de tourbières, de laurons. 21 ha d’intérêt communautaire vont être détruits.
L’inventaire de la DREAL en 2019 répertorie :
- 108 espèces d’oiseaux dont 84 protégées (l’outarde canepetière, le crabier chevelu…)
- 7 espèces de reptiles (le lézard ocellé)
- Des batraciens (le crapaud épineux)
- Des insectes (papillon, libellule odonate, diane)
5. Un enjeu spécifique : la connectivité
– Impacts directs : Les animaux se déplacent soit pour trouver de nouveaux territoires, soit pour migrer (ex: les batraciens, les papillons) soit pour s’alimenter (chauve-souris) ou se reproduire. Les barrières que constituent les constructions routières (autoroutes, voies rapides) vont impacter leur déplacement et leur survie. Ce contournement crée une deuxième barrière et une fragmentation du milieu en particulier pour les chauves-souris qui nichent en Camargue et hibernent dans les Alpilles.
– Impacts indirects : Bruit, collisions
– et encore plus indirects : Aménagement Foncier Agricole et Forestier (AFAF), extraction de matériaux, transport de matériaux et bilan carbone du chantier.
II. CONTEXTE RÉGLEMENTAIRE
La Camargue, un joyau de biodiversité, la mieux protégée de France, avec un parc naturel régional ancien, de grandes superficies classées en réserves naturelles (Les Marais du Vigueirat, la réserve de Camargue, la Tour du Vallat), de plusieurs sites Natura 2000 (du Grand Rhône , Marais de Crau…), site classé RAMSAR (zones humides d’importance internationale), réserve Man and Biosphère (UNESCO).
Le périmètre du Parc Naturel Régional de Camargue a ont été dessiné pour que l’autoroute puisse passer, cela avait été pensé …
1. Origines juridiques de la séquence, ERC : Éviter, Réduire, Compenser
- Loi de 1976 : « supprimer, réduire, et si possible compenser les conséquences dommageables pour l’environnement » (article L.122-3 du code de l’environnement). Elle s’applique au projet, plan et programme soumis à évaluation environnementale.
- 1985 : Directive européenne qui introduit la séquence ERC pour tous les états membres
- 2009- 2010 : la séquence ERC est réaffirmée dans les lois du grenelle notamment à travers la réforme de l’étude d’impact.
- 2012 : publication d’une doctrine d’application de la séquence ERC par le ministère de l’écologie
- 2013 : publication des lignes directrices déclinant la doctrine ERC
- 2016 : clarification et enrichissement de la séquence ERC en introduisant le principe d’action préventive
* Ce principe implique d’éviter les atteintes à la biodiversité et aux services qu’elle fournit, à défaut d’en réduire la portée, enfin en dernier lieu de compenser les atteintes qui n’ont pu être évitées ni réduites, en tenant compte des espèces des habitats naturels et des fonctions écologiques affectées (article L110-1)
Le principe d’action préventive et de correction des atteintes à l’environnement se doit d’utiliser les meilleures techniques disponibles à un coût économiquement acceptable.
Ce qui est important, la séquence ERC vise à l’absence de perte nette de la biodiversité. Les mesures compensatoires doivent se traduire par une obligation de résultats. Si la compensation n’est pas satisfaisante le projet ne peut pas être réalisé en l’état (ex : problème des tourbières).
2. L’évitement
Il existe 2 types d’évitement :
En amont, comparaison de deux tracés, selon une analyse multicritères (biodiversité, sociaux économiques…) en vue de trouver la moins mauvaise des solutions.
In situ au sein du projet : si on constate que des habitats particulièrement riches qu’on ne peut pas remplacer, le tracé doit s’adapter ou le contourner (ex : les tourbières).
3. La réduction
En phase de chantier, faire en sorte que le chantier soit le moins impactant possible (ex. : saisonnalité de l’abattage des arbres et respect de la période de nidification)
En phase d’exploitation : par exemple, en réduisant la mortalité des individus par la création de dispositifs de franchissement des infrastructures.
4. La compensation
Après avoir évité et réduit, on évalue la perte de biodiversité résiduelle. Si l’impact est significatif, il doit donner lieu à une compensation. La compensation doit viser une équivalence fonctionnelle (ex. : habitats semblables à ceux qui ont été détruits).
Suite à la destruction d’un site par le projet, on essaie d’améliorer l’existant sur un autre site (ex. : création de mares).
On n’a jamais de compensation en dés-imperméabilisation des sols.
Dans ce projet il y a des choses qui ne peuvent pas être compensées ; par exemple les marais de Raphèle sont installés sur une immense tourbière, écosystème uniques en France méditerranéenne, et qu’il n’y a pas d’équivalent ailleurs en Europe.
III. BOULEVERSEMENT CLIMATIQUE
1. Les prédictions globales
Une augmentation des températures de plus de 2° semblait être un scénario qui permettait de respecter les conditions d’habitabilité, de bienêtre et de confort supportable. Ce scénario s’éloigne chaque année d’avantage du fait de l’augmentation des concentrations des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
2. Les engagements explicites
- COP21
- Loi climat-énergie
- Engagement de l’Europe : 55 % de réduction d’émission de gaz à effet de serre par rapport à 1990 d’ici 2030
Ces engagements sont vitaux, particulièrement chez nous en Camargue : sécheresses, augmentation du niveau de la mer et crues.
Face à ces engagements qui ne sont pas respectés, un certain nombre de contentieux (saisie de la justice) ont été portés ou sont encore en cours :
- URGENDA (Pays-Bas)
- Acceptation du conseil d’État de la saisine portée par Grand-Synthe pour que l’État respecte ses engagements.
- « Notre affaire à tous » un certain nombre d’associations qui saisissent le Conseil d’État pour imposer à l’État de respecter ses engagements.
Ce projet prévoit une augmentation constante du trafic
La justification et l’amortissement du coût carbone de ce projet reposent sur l’hypothèse d’une augmentation constante de la circulation de véhicules (avec +0,4 % par an pour les camions) pour les décennies à venir, misant tout sur de potentielles innovations technologiques qui permettraient à un plus grand nombre de véhicule de circuler sans aucune émission de CO2. Une telle projection est totalement déraisonnable. L’urgence est à la réduction de la circulation des véhicules personnels et des camions à travers des politiques ambitieuses en termes de report modal, et tout particulièrement sur le fret, et de développement des mobilités douces et collectives.
Ce projet de l’ancien monde répond essentiellement aux besoins actuels et futurs du Grand Port Maritime de Marseille (2018 : 1,15 millions de containers, prévisions en 2023 : 2 millions et en 2030 : 3 millions). Cette augmentation des gaz à effet de serre, ce coût carbone très important ici et dans les pays exportateurs, c’est une conception de l’avenir inacceptable, irréaliste et complètement décalée par rapport aux engagements de l’état en terme de réduction de gaz à effet de serre.
Pour revoir toute la discussion :
Avec la participation de Stéphane Coppey (FNE13) et Jean-March Rocchi (conseil de développement du Pays d’Arles), animée par Cyril Girard (Changeons d’Avenir).
75 800. C’est le nombre moyen de véhicules passant quotidiennement sur le pont de la RN113, dont 7000 poids-lourds. Dans le dossier de concertation, la DREAL indique que le projet de contournement autoroutier d’Arles vise à détourner le trafic de transit traversant la ville d’Arles pour améliorer la qualité de vie des habitants, créer une continuité autoroutière A8-A7-A54-A9 entre l’Espagne et l’Italie et pour contribuer au développement socio-économique local.
Bien que la concertation actuelle ne remet pas en cause la pertinence du projet ou le tracé, on est tout de même en droit de se demander si cette variante « sud Vigueirat » permet de répondre à ces différents objectifs annoncés et aux attentes des habitants.
L’objectif de la continuité autoroutière peut-être vite évacué, car elle ne concerne finalement que les transporteurs routiers. Le contournement peut-il être un atout économique ? La commune étant déjà connectée à l’A54, difficile de voir comment le déplacement du flux de transit, donc de véhicules ne faisant que passer, peut apporter une plus-value économique pour le territoire. On peut néanmoins se poser la question de savoir si l’A54 a eu un impact socio-économique local ? Au vu des diverses fermetures des grandes usines arlésiennes depuis 30 ans, on peut en douter. Seule la logistique se développe dans le territoire (St-Martin de Crau, Beaucaire, Garons,…) pour un modèle très discutable vu ses impacts sur les terres agricoles et naturelles, et son bilan global sur l’emploi.
Seul l’objectif d’améliorer la qualité de vie des habitants peut réellement faire débat. A commencer par celui sur les déplacements et leurs perspectives.
Il est malheureusement à signaler que dans les objectifs annoncés, contrairement au projet de liaison autoroutière Fos-Salon, il n’y a aucun objectif en termes de préservation de la biodiversité ou de lutte contre le changement climatique.
1. État des trafics actuels
(chiffres issus des documents de la DREAL consultables sur le site internet de la concertation)
75 800 véhicules par jour sur le pont de la R113 à Arles, dont 7000 camions.
40 300 véhicules par jour au péage d’EYMINY, dont 6000 camions.
En 2018, 78% des poids-lourds sont en transit. Ce taux est de 41% pour les véhicules légers. Les poids-lourds représentent 9% du trafic global au niveau d’Arles et 15% au niveau des péages.
Si les poids-lourds ont une lourde part dans les nuisances (pollutions atmosphériques, sonores, altération des infrastructures), les congestions sont principalement causées par les véhicules légers. Les charges de trafic horaires sur la RN113 présentent une forte variabilité en semaine et en saisonnalité. Il existe de gros pics horaires tels le vendredi de 16h à 18h ou les dimanches de 17h à 19h. Le flux d’écoulement du trafic est loin d’être uniforme, ce qui est un élément important à prendre en compte dans les réflexions à mener sur la pertinence d’un tel projet.
2. Perspectives des trafics et présentation du projet
La continuité autoroutière est vue pour aller plus vite et faciliter les échanges à travers le sud de l’Europe. Ce paradigme était compréhensible dans les années 1990, mais aujourd’hui aux vues des développements des divers ports méditerranéens, les échanges se font de plus en plus dans l’axe Sud-Nord.
Il souvent présenté que si rien n’est fait, le trafic ne fera qu’augmenter et que ces chiffres de croissance de trafic sont le nœud du problème. Pourtant, le problème ne se situe pas dans l’accroissement du trafic, mais dans ses contraintes d’écoulement. Le trafic n’est pas un fluide : selon les capacités données à tel ou tel endroit, les habitants vont prendre des habitudes différentes dans leur mode de déplacement (itinéraires, horaires…). Il n’y a rien de systématique.
Le modèle qui a servi pour établir les perspectives de circulation est celui de la neutralité carbone en 2050. Le constat établi sur l’augmentation du trafic des dix dernières années n’a aucune raison d’être reconduit pour les dix prochaines années. Il est par exemple envisagé une diminution des déplacements en véhicules légers (que l’on commence à constater) mais une augmentation constante du transport routier.
Selon les prévisions pour 2028, le contournement autoroutier serait emprunté par près de 43 000 véhicules. Mais il ne faut pas oublier qu’une grande partie de la population locale utilise quotidiennement la RN113. Selon les estimations de la DREAL, 29 600 véhicules par jour dont 900 camions continueront à passer sur le pont d’Arles. Ces 900 camions desserviront les différents entrepôts logistiques du territoire (sur Arles, Beaucaire, Garons), dont de nouveaux sont en projet, et cette circulation sera donc diurne. Un trafic plus important de camions sera ainsi observé sur la rocade d’Arles ou sur la RD15 entre Fourques et Beaucaire.
Il est peu fait mention dans les rapports officiels de ce déploiement incessant de la logistique dans le territoire arlésien et gardois engendrant toujours plus de camions sur nos routes secondaires.
Pour compenser la gratuité de l’autoroute entre Arles et Saint-Martin-de-Crau, il est prévu une augmentation du coût du péage aux barrières de péage. Celui-ci entrainera un phénomène de report de trafic sur d’autres voiries. Ainsi la RD6113 entre le rond-point du Vittier et Nîmes via Fourques ou la RD572 vers Saint-Gilles verront une très forte augmentation de leur trafic, alors que ces routes ne sont pas adaptées ou déjà saturées.
Il est à noter que le demi-échangeur de Raphèle ne sera pas conservé, ce qui entrainera un report sur les axes secondaires pour rejoindre Raphèle ou Mas-Thibert.
3. Requalification de la RN113 actuelle
Un argument mis en avant par les partisans du contournement autoroutier est la future requalification de la RN113 qui traverse la ville en boulevard urbain. Les élus de la majorité arlésienne misent sur cette requalification pour redynamiser la ville et les quartiers de Barriol ou des Semestres.
Quotidiennement près de 30000 véhicules dont 900 camions emprunteront le pont d’Arles. Ce chiffre est dans le cas le plus optimiste et dépend de nombreux facteurs difficilement modélisables (développement transports collectifs inter-cité, développement mobilité vélo, accroissement des livraisons en ville,…). Cet ordre de grandeur de flux est énorme. Est-ce qu’avec ce trafic en 2028 on peut requalifier la RN113 en boulevard urbain ?
Pour arriver à des chiffres qui font plaisirs aux décideurs, il a été mis des contraintes extrêmement fortes sur cette requalification. Lors des réunions de travaux initiées en 2019 par la DREAL il a été avancé que le tronçon Pont-de-Crau / Raphèle serait limité à 70km/h, ce qui semble inimaginable pour les utilisateurs. La traversée d’Arles se ferait, elle, à 50km/h. A cette vitesse, avec les différents aménagements (bretelles, rond-point), évacuer le flux non-continu de 30000 véhicules journaliers sera très difficile particulièrement aux heures de pointe. Le trafic sera alors régulièrement congestionné.
Réduire alors cet axe en 2*1 voie pour y incorporer des voies dédiées aux déplacements doux (bus, vélo) comme on nous le vend semble impossible. Lors des études réalisées pour la DREAL en 2019, il apparaissait qu’une requalification en 2*1 voie entrainerait systématiquement un fort report de circulation en ville et sur le pont de Trinquetaille, congestionnant le centre-ville et y faisant augmenter la pollution. Plus, on crée d’axes de circulation, plus on génère de trafic. Le contournement autoroutier de Montpellier ou la L2 à Marseille en témoignent.
Cela n’étant pas dans les prérogatives de l’État, cette requalification reposera sur les collectivités locales, ville et région (voire département si cette voie bascule en RD). A la lecture des rapports et à écouter les responsables de la DREAL, il semble se dessiner une certaine hésitation des services de l’État concernant la requalification ce boulevard, conscients de la difficulté de sa réalisation. C’est une interpellation supplémentaire : sans une correcte requalification de la RN113 ce projet fait-il sens ?
Or en restant en 2*2 voies, ce qui semble inéluctable vu le trafic annoncé, on rate l’objectif de requalification urbaine et également d’amélioration de la qualité de vie des habitants. On déplace une partie de la nuisance du moment. A 3km on n’éloigne pas la pollution ou le bruit, juste une partie. Si certaines zones habitées seront moins impactées par la pollution d’autres le seront plus. Barriol, les Semestre ou le Plan du Bourg seront ainsi enclavés entre une autoroute et une 2*2 voies. Peut-on alors parler d’objectif atteint? Ce qui importe à l’État est de réaliser cette continuité autoroutière, plus que la qualité de vie des arlésiens.
4. Perspectives territoriales
Ce projet de contournement autoroutier se présente au même moment que d’autres projets routiers : autoroute Fos-Salon, doublement de la RD268, LEO à Avignon…
Tous ces projets ont un impact très lourd sur les terres agricoles et naturelles, le contournement d’Arles en est le bouquet.
Le contrat d’avenir que la Région s’apprête à signer avec l’État semble assez navrant pour la transition énergétique et écologique. La plupart des modifications de budget portent sur plus d’investissements pour les projets d’infrastructures routières. L’ouest du département des Bouches du Rhône en porte la plus grande partie. Avec des budgets totalement disproportionnés dans une région qui a tant besoin d’investissements dans le rail ou dans le social. Comment justifier à l’échelle de la COP21 qu’on puisse oser prôner un tel projet ?
Doit-on favoriser le routier ? Peut-on imaginer des aménagements pour améliorer l’existant ? Comment mieux gérer le flux ? Il y a matière à discuter. Malheureusement la concertation actuelle, malgré l’évolution de la société et les crises que nous vivons en ce moment, ne le permet pas. Contrairement au débat public actuel sur la liaison Fos/Salon où les services de l’État ont pu remarquer à quel point les questions des différentes modalités (rail, fluvial) ont été mises en avant par les citoyens.
C’est seulement en réduisant le trafic qu’on réduira les nuisances.
Pour notre quatrième intervention, nous invitons Sebastien Levionnois de l’association Les Greniers d’Abondance, et Mathieu Espert, membre de la coopérative agricole Longo Maï au Mas de Granier (Caphan). Nous parlerons d’Agriculture et d’hydraulique.
Il s’agit d’apporter un éclairage sur les éléments techniques abordés par le comité de suivi sur ces thèmes. Nous consacrerons un premier temps à la disparition globale des terres agricoles sur le territoire français et au modèle économique alimentaire qui sous-tend cette dynamique. Nous reviendrons ensuite à une situation plus locale et identifierons les cultures les plus impactées par le projet autoroutier et ses corollaires (développement de la logistique). Enfin, nous discuterons des conséquences du projet autoroutier sur l’hydraulique de la zone : hydraulique agricole, impact sur la nappe phréatique de Crau, qui alimente en eau potable les arlésien.e.s, et risque inondation.
Vous pouvez retrouver les présentations visuelles que nous avons projetée durant cette séance :
Présentation de Sébastien Levionnois
Présentation générale
Pour notre troisième intervention, nous invitons Dany Karcher, ancien maire de Kolbsheim qui s’est mobilisé contre le contournement autoroutier de Strasbourg et Jean-Luc Moya, fondateur de l’association Agir pour la Crau.
Nous parlons de cadre de vie et de paysages.
Il s’agit d’apporter un éclairage sur les éléments techniques abordés par le comité de suivi sur ces thèmes : Quels sont les problèmes de pollution et de nuisances auxquels ce projet doit répondre et dans quelles mesures les résoudra-t-il ? Quels pourront être les impacts paysagers d’une telle infrastructure ? Le projet de requalification de la RN113 est-il crédible ? Et plus fondamentalement, dans quelle logique de développement économique ce projet s’inscrit-il ? Pour éclairer nos discussions, Dany Karcher fera un retour d’expérience sur un projet qui, bien que de plus grande ampleur, est sous de nombreux aspects très proche de ce contournement, fort de son expérience de maire d’une commune directement impactée par le grand contournement Ouest de Strasbourg (GCO).
Vous pouvez retrouver la présentation visuelle que nous avons projetée durant cette séance en cliquant ici.
Le vendredi 24 juillet, CHANGEONS d’AVENIR se constitue en association. Venez nombreux.ses pour partager vos idées, vos envies, aider à la finalisation des statuts et inventer avec nous de nouvelles formes d’engagement.
Le lieu : Longo Maï au Mas de Granier
Face à la difficulté de trouver un lieu en ville, les ami.e.s de Longo Maï nous font l’honneur et la gentillesse de nous accueillir dans le magnifique Mas de Granier.
Pour s’y rendre en arrivant d’Arles
Au rond-point de Pont de Crau prendre la deuxième sortie – Route d’Eyguières/D83. Suivre cette route sur environ 10km et prendre à droite (petit panneau “Longo Maï – Mas de Granier” et série de boîtes aux lettres). Le parking sera indiqué sur la gauche au bout du chemin.
Afin de minimiser le nombre de voitures, nous vous proposons d’indiquer en commentaire ci-dessous si vous avez des places dans votre véhicule ou si vous avez besoin d’un co-voiturage et nous mettrons les chauffeurs et les passagers en contact par mail.
Le programme
- 18h00 – Présentation et discussion des statuts et du fonctionnement de l’association
- 19h30 – Assemblée constitutive et vote des statuts
- 20h30 – Casse-croûte offert, buvette payante (pensez à prendre de la monnaie), musique et soirée conviviale…
Les mesures de précaution sanitaire
Selon le nombre de personnes présentes, la réunion aura lieu soit en salle soit à l’extérieur. Merci de prendre un masque dans le cas où nous serions à l’intérieur. La deuxième partie de la soirée se déroulera à l’extérieur.
Dimanche soir il y avait quelques raisons de se réjouir : la vague verte qui traverse le pays prouve que nos idées sont largement partagées. Bientôt, une liste citoyenne et écolo à la tête d’une grande ville n’apparaitra plus comme une aberration mais comme une possibilité.
Aujourd’hui, en France, deux pôles se distinguent : des territoires progressistes où l’écologie devient le pivot d’une pensée politique plus large et des territoires où le repli sur soi, la méfiance et l’arrogance triomphent. Entre les deux, un marasme de pensées politiques insipides dans lequel flottent les espoirs de nombreux abstentionnistes et autres déçus des vieux appareils.
Même à Arles, nous n’avons pas véritablement perdu : nous avons gagné une expérience précieuse, la confiance de nombreux électeurs et une grande visibilité. Nous n’avons renoncé à rien dans cette alliance, nous sommes restés intègres et les gens qui nous accompagnent le savent. Nous remercions toutes celles et ceux qui nous ont aidés, soutenus, qui ont voté pour nous et qui ont permis à Changeons d’Avenir d’arriver là où personne ne nous imaginait il y a six mois encore.
Deux membres de Changeons d’Avenir siégeront au conseil municipal. Mais nous serons des dizaines à veiller, à travailler, à défendre l’écologie et la solidarité sur notre territoire. Notre présence au conseil municipal et au conseil communautaire portera les voix nombreuses de toutes celles et ceux qui se soucient de réduire et d’anticiper les changements globaux et de renouveler la démocratie locale.
L’aventure de Changeons d’Avenir va se poursuivre par la création d’une association, ouverte à toutes celles et ceux qui souhaitent réfléchir collectivement et agir ensemble pour que notre territoire se tourne résolument vers l’écologie et la solidarité, dans un esprit de renouveau démocratique qui permette à chacun.e de contribuer au bien commun.
Contactez-nous par mail si vous souhaitez être abonné à notre liste de diffusion et retrouvez-nous le 24 juillet pour une première rencontre autour de l’association.
Après bientôt un an de réflexion, de travail, de débat, Changeons d’Avenir s’apprête à entrer pour de bon dans l’institution politique avec la ferme intention de porter à la Mairie d’Arles toute l’énergie et le désir de changement qui nous motivent depuis le début de cette aventure.
1. Changeons d’Avenir et le Parti des Arlésiens – Dimanche 28 juin, votez pour Nicolas Koukas
Comme vous le savez, nous avons passer un accord avec le Parti des Arlésiens. Vous pouvez retrouver nos délégations sur notre site (changeonsdavenir.org) : Biodiversité, écosystèmes et espaces naturels – Démocratie participative – Formation à la transition écologique et agriculture urbaine – Équité territoriale.
Ayant deux représentants du groupe Changeons d’Avenir dans les 8 premiers de la liste, nous serons présents en tant que groupe même dans le cas d’un échec. Même si c’est avec beaucoup moins d’enthousiasme, vous pourrez compter sur nous pour travailler d’arrache-pied en tant qu’élus de l’opposition à éviter le pire et à faire du lien entre les citoyens, les associations, et ce qui se passera au conseil municipal.
2. Changeons d’Avenir – bientôt une association
Il a également été décidé que Changeons d’Avenir se constituerait en association à caractère politique le plus rapidement possible. Nous travaillons actuellement à la rédaction des statuts et nous espérons pouvoir organiser une réunion publique et festive le vendredi 24 juillet pour discuter avec vous de tout ça. Vous pouvez retenir provisoirement la date même si nous ne pouvons pas confirmer fermement cet évènement qui dépendra des conditions sanitaire et de notre capacité à organiser quelque chose de satisfaisant dans ces délais.
3. Pour voter dimanche 28 juin – les précautions
Dimanche 28 juin, pour le second tour de l’élection municipale seront mises en place des mesures particulières afin de pouvoir vous rendre aux urnes le plus sereinement possible. Pour le bien de tous, veuillez respecter ces recommandations et ne pas hésiter à signaler tout manquement que vous pourriez observer au président du bureau de vote.
Voici les éléments à retenir :
- Port du masque obligatoire (venez avec votre masque, si vous n’en avez pas des masques seront mis à disposition à l’entrée du bureau de vote)
- Venez avec votre stylo – encre bleue ou noire non-effaçable
- Respectez les distances entre chaque personne
- Les isoloires seront disposés contre un mur pour respecter l’intimité du vote sans avoir à manipuler de rideau
- Du gel hydroalcoolique sera disponible à l’entrée et à la sortie du bureau de vote
- Les cartes d’électeurs.trices ne seront pas estampillées pour limiter les manipulations.
4. Pour voter dimanche 28 juin – les procurations
Si vous préférez ne pas vous déplacer au bureau de vote, il est encore possible jusqu’à vendredi de faire une procuration. Voici les informations disponibles sur le site de la ville (https://www.ville-arles.fr/mairie/demarches-administratives/elections/voter-aux-elections.php).
“– Les Arlésiens ne pouvant pas se rendre au bureau de vote, peuvent obtenir une procuration pour se faire représenter par un électeur de leur choix.
Pour cela, il faut se présenter au commissariat, à la gendarmerie, au tribunal d’instance ou auprès des autorités consulaires au moins 48 heures avant la date du vote, avec un justificatif d’identité admis pour voter (carte d’identité, passeport, permis de conduire). Les personnes qui, en raison du coronavirus, ne pourraient pas se déplacer pour faire établir leur procuration peuvent demander au commissariat ou à la gendarmerie que des agents viennent à leur domicile recueillir leur procuration.
– Les procurations établies pour le second tour du 22 mars restent valables pour le scrutin du 28 juin. En revanche une procuration établie pour un an et expirant avant le 28 juin ne pourra pas être prolongée pour ce scrutin.
– Exceptionnellement pour ce scrutin, les électeurs peuvent être porteurs de deux procurations établies en France.”