Nous sommes dans une démarche de construction collective d’un projet pour la ville, pour les élections municipales et au-delà. Nous partageons avec vous la synthèse actuelle du groupe de travail “Économie”. Avant comme après les élections, n’hésitez pas à nous contacter pour intégrer ce groupe de travail ou à laisser vos suggestions en bas de cette page.

À retenir

  • Favoriser la création d’emploi locaux non délocalisables permettant de vivre décemment.
  • Renverser la tendance qui favorise la grande distribution en soutenant un commerce local et respectueux de l’environnement.
  • Faire en sorte que le tourisme soit exemplaire et ambitieux dans son engagement contre le dérèglement climatique.
  • Favoriser l’économie circulaire.
  • Permettre le développement de l’économie sociale et solidaire.

Constat local

La ville d’Arles et plus largement le Pays d’Arles est un territoire diversifié : à la fois rural, périurbain, urbain, agricole, industriel, fort de son patrimoine naturel et historique à préserver et valoriser. Cette diversité se retrouve dans la réalité économique de la ville et ses hameaux, où l’équilibre économique entre les différents secteurs d’activités ne cessent de changer depuis 30 ans. Hier industrielle, aujourd’hui culturelle et touristique. Avec une part toujours plus importante aussi pour les activités de services. L’étendue de la commune fait que nos activités agricoles et pastorales perdurent.

Au-delà de cet équilibre économique, on note de fortes disparités de revenus par ménage, et des inégalités qui ne cessent de se creuser. Le taux de chômage sur Arles dépasse les 11%. 51% des demandeurs d’emploi habitent dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville. 35% de la population non scolarisée de plus de 15 ans n’ont aucun diplôme ou au plus le BEPC.

Il existe une économie présentielle assez prégnante sur le territoire (près de 40% de l’emploi). Cette économie regroupe le champ des services à la population. Le développement de l’économie présentielle est un facteur de stabilité dans la mesure où les emplois ne peuvent être délocalisés. De plus, puisqu’elle se déploie dans plusieurs secteurs d’activités, les risques sont mieux répartis en cas de crise sectorielle. Toutefois, cette économie regroupe un grand nombre d’emplois peu ou pas qualifiés et donc peu rémunérés. Dans le tourisme notamment, le fonctionnement est plus souvent saisonnier et est donc marqué par une certaine forme de précarité. Combiné aux difficultés d’accès au logement, ces faibles rémunérations et cette saisonnalité affaiblissent l’économie locale.

Les petites activités commerciales se retrouvent coincées entre création de richesses et fragilités. On peut noter et se réjouir d’une certaine dynamique en centre-ville ces dernières années avec la création de petits commerces (librairies indépendantes, artisanat d’art, habillement, …), mais nous ne pouvons que regretter que cette dynamique se heurte à la création récente d’une nouvelle zone commerciale dédiée à la grande distribution. Près de 70% du chiffre d’affaire commercial du territoire du Pays d’Arles est réalisé par la grande distribution. Des études ont montrés au niveau national qu’un emploi dans la grande distribution détruit 3 emplois en centre-ville.

Arles est aussi une ville d’artisanat. L’artisanat regroupe différents sous-secteurs : l’alimentation, le travail des métaux, le bois et l’ameublement, les autres fabrications, le bâtiment, les réparations, … La très grande majorité de ces entreprises comptent moins de 20 salariés.

Une autre spécificité du territoire est l’importance du nombre de très petites entreprises, avec un nombre d’entreprise n’ayant aucun salarié plus élevé qu’au niveau départemental, notamment via le statut de micro-entrepreneur.

Un des secteurs économiques qui s’est fortement développé ces dernières années est la culture. La présence à Arles d’un « Pôle Industries culturelles et patrimoines » qui a bénéficié du label PRIDES, de musées particulièrement fréquentés (Fondation Van Gogh, Musée de l’Arles Antique, Musée Réattu…) et deux maisons d’édition (Actes Sud et Harmonia Mundi)

constituent un véritable levier pour l’économie locale : la part de l’emploi dans l’édition, l’audiovisuel, la diffusion, l’art et les spectacles est 2 à 4 fois plus élevée qu’au niveau national. Le territoire est également riche de l’existence d’écoles de renommée internationale en lien avec le numérique et la création (MOPA Arles, l’ENSP) et de plusieurs festival reconnus : les Suds, ou encore les Rencontres de la Photo d’Arles, ces dernières attirant plus de 100 000 visiteurs et créant 300-350 emplois sur environ 6 mois.

Nous avons été conditionnés pour croire que le bonheur réside dans le libre-échange, l’exploitation sans fin des ressources naturelles, la croissance économique et, in fine, la possibilité de consommer toujours plus. Aujourd’hui, ce système économique est en bout de course. Nous devons mettre en place un modèle de société qui respecte les limites de la planète, remédie aux inégalités et valorise les relations et les expériences humaines.

L’impulsion nécessaire pour relever le défi climatique doit avant tout être donnée par les collectivités locales.

Objectifs

Pour une transition écologique créatrice d'emplois et inclusive

L’activité économique d’une ville, d’un territoire, dépend évidemment de bien plus qu’un traitement au niveau municipal. Cette compétence économique s’exerce en partenariat avec l’ACCM.

L’intrication entre économie et emplois demande de différencier fondamentalement ce qui distingue l’économie actuelle d’une économie soutenable écologique. L’économie en place aujourd’hui est cadrée par l’offre et la demande, elle est capitaliste et libérale. Mais elle ne prend pas en compte ni les limites physiques du monde, ni les besoins, ni même les questions d’équité sociales. Sur ce constat, l’action municipale et communautaire est limitée mais elle peut donner des orientations économiques, favoriser des choses et faire au mieux pour rééquilibrer certaines inéquités.

Une économie soutenable écologique se doit d’être cadrée par des besoins et des limites physiques. Elle doit prendre en compte l’épuisement observé des ressources faciles et les dangers associés pour l’environnement, entre autres pour le climat. Pourtant il faudra continuer d’assurer des besoins pour la population, c’est là le défi qu’il nous faut anticiper, y compris à l’échelle communale.

L’économie du futur ne pourra plus reposer sur l’abondance des énergies fossiles pratiques, que sont le pétrole, le gaz le charbon ni sur l’accès à une profusion de matières premières.

Demain, la production de biens de consommation devra se faire de façon circulaire et relocalisée au plus proche pour économiser l’énergie et les matériaux, elle est de ce fait une source d’emplois locaux. L’économie circulaire c’est apprendre à être plus efficient, c’est à dire faire au mieux avec moins : utiliser le moins de ressources possibles et produire le moins de déchets et d’impacts possibles en restant le plus efficace possible pour répondre aux besoins.

Le défi de la transition écologique à mener est de taille et nous savons qu’il nécessitera de repenser nos modes de production, de consommation et plus largement notre façon de vivre. Il faut y voir une formidable opportunité pour redynamiser nos entreprises locales, créer de l’activité et de l’emploi, réinventer les solidarités, améliorer notre cadre de vie. Cette transition, elle se construit d’abord sur les territoires, avec tous ceux qui travaillent au quotidien pour nous nourrir, nous transporter, nous chauffer, gérer nos déchets, bâtir et entretenir nos lieux de vie.

Volet 1 – Une transition écologique créatrice d’emploi

Nous souhaitons soutenir, mettre en avant et privilégier les petites entreprises, start-up, qui misent sur la transition écologique (métiers du bâtiment, agriculture, ingénierie de l’énergie et des transports, gestion des déchets, filière paille de riz etc.).

Nous avons un projet de rénovation énergétique des bâtiments (voir page Urbanisme). Afin de mener à bien ce projet, nous soutiendrons et ferons appel à nos artisans et nos PME. Avec les métiers à créer (notamment dans la rénovation énergétique), il faut initier avec l’ACCM la création de Centre de Formation par l’Apprentissage en partenariat avec les PME du secteur et inciter la Région, à organiser des formations professionnelles liés aux emplois en tension.

Vouloir changer les choses et prendre des décisions demandent aussi d’avoir des informations précises. Nous demanderons périodiquement à la CCI de faire un état des lieux et un rapport d’orientation sur l’activité économique et l’emploi dans la perspective de la transition écologique.

Nous voulons également inscrire la ville dans la démarche « Territoires zéro chômeurs de longue durée » accompagnée par l’association TZCLD. Cette expérimentation vise à apporter une réponse concrète et innovante aux difficultés que rencontrent les personnes privées d’emploi depuis plus d’un an : elle favorise l’emploi en CDI de chômeurs de longue durée dans des entreprises de l’économie sociale et solidaire financées par l’Etat et les collectivités et positionnées sur des activités non concurrentielles. Le financement suit une logique d’activation des dépenses sociales, en s’appuyant sur une évaluation du coût global du chômage de longue durée.

Volet 2 – La monnaie locale, soutien à l’économie

Aujourd’hui, le développement économique des territoires ne peut plus se faire au détriment de la qualité de vie et de l’environnement. Le renchérissement des énergies fossiles oblige également à relocaliser les échanges économiques afin de produire ce qui peut l’être au plus proche du consommateur.

Il apparaît alors primordial d’imaginer, d’expérimenter et de valider de nouveaux modèles et outils afin de favoriser une économie de proximité vertueuse sur nos territoires grâce au soutien et au développent de la monnaie locale, « La Roue ».

  • Sensibiliser les citoyens à l’existence de la monnaie locale
  • Promouvoir l’adhésion des petits commerces
  • Proposer de payer une partie des indemnités des élus en roue.
  • Intégrer les encaissements en monnaie locale par les services publics locaux en régie (piscines, médiathèques, centres de loisirs, cantines scolaires, transports, stationnement, eau potable, etc.).
  • Développer des paiements en monnaie locale pour partie des subventions des associations et des factures des entreprises, à condition qu’elles soient adhérentes de la monnaie locale.

Volet 3 – Réorganiser les commerces

La ville et certains de nos villages sont minés par l’absence et la fermeture de commerces de proximité, ce qui entraîne plus de déplacements vers les centres commerciaux périphériques et détruit le lien social. La grande distribution récupère les richesses du territoire mais ne les redistribue que très peu sur notre territoire. Il faut renverser la tendance et favoriser un commerce local, respectueux de l’environnement, avec un maillage sur l’ensemble du territoire pour répondre à la demande.

Le développement des grandes zones commerciales entraîne un bilan écologique et économique catastrophique : place consacrée à la voiture particulière, produits dont les standards de fabrication sont éloignés de préoccupations environnementales, fabrication délocalisée. Sur place : emplois sous-payés, automatisation galopante, richesse générée qui quitte le territoire.

Nous gèlerons donc le développement des grandes surfaces et des enseignes qui pratiquent l’évasion fiscale comme modèle économique.

Pour en finir avec la transformation de local professionnel en habitation, nous nous appuierons sur le Schéma de Cohérence Territoriale pour définir et sanctuariser au sein du Plan Local d’Urbanisme, les places pour l’installation de commerce de proximité, que ce soit en centre-ville, dans les quartiers ou les villages. Les associations de commerçants telle que ArleShopping seront consultées pour ce travail.

La création de structures de types coopératives d’achat local, regroupant producteurs et artisans, doit être mise en avant et portée par la ville auprès des partenaires économiques. Nous ferons le lien entre les différents acteurs afin que ce type de projet aboutisse.

Via notre projet sur la mobilité (voir page Transport & Mobilité), nous faciliterons l’accès au centre-ville par un système de navettes à partir de parkings périphériques.

Volet 4 – Tourisme, pour des pratiques responsables

Grâce à la richesse de ses sites naturels et culturels, Arles a fait du tourisme un des fers de lance de son économie. Près d’un tiers de l’activité y est liée. L’afflux de touristes en période estivale engendre une forte augmentation de la dépense énergétique, des déplacements, de l’utilisation en ressources naturelles (en eau tout particulièrement) ainsi qu’une augmentation des déchets.  Cette activité saisonnière favorise les emplois précaires de courte durée, parfois en contrats aidés.

Développer une attractivité tout au long de l’année pour lisser l’activité touristique permettrait de pérenniser des emplois et des entreprises. Un élan pour favoriser l’éco-tourisme a commencé, il faut pleinement aller en ce sens, grâce au développement des voies vertes, de circuits à thèmes en Camargue et en Crau, d’équipements dans les villages et de mise en valeurs des patrimoines de ces villages. Nos villages ne doivent plus être les parents pauvres du tourisme sur le territoire. Nous pouvons nous appuyer sur le « Contrat d’Objectifs de Destination Provence Pays d’Arles » signé début 2020, qui a pour but d’affirmer comme destination majeure le territoire et améliorer l’efficacité digitale de notre destination.

Afin d’engager le monde du tourisme dans des démarches responsables, nous créerons une charte engageant les hôteliers, restaurateurs et professionnels du tourisme dans diverses démarche : gestion de l’énergie, de l’eau, des déchets, utilisation de produits locaux, participation à la monnaie locale, information des touristes sur les vulnérabilités du territoire, …).
Dans cette optique de pratiques responsables, notre service de transport en commun doit prendre en compte cet afflux touristique et s’adapter. Il sera important de faire valoir auprès de l’ACCM et du délégataire concerné, la nécessaire augmentation des navettes et bus en période estivale.

Pour les bateaux de croisière naviguant sur le Rhône, une modulation tarifaire des droits portuaires en fonction du niveau d’émissions de GES et de particules fines, sera mise en place.

Volet 5 – Industrie et artisanat

La ville comporte de nombreuses friches industrielles qui ne lui appartiennent pas. Mais elle doit toutefois servir de lien fédérateur entre l’ACCM, les chambres institutionnelles et les investisseurs/entrepreneurs afin de faire revivre ces zones, tout en promouvant nos ambitions d’économie circulaire, d’efficacité énergétique et d’aménagement de l’espace. Des éco-quartiers artisanaux sont possibles existent ailleurs, nous devons nous en inspirer.

Un travail en collaboration avec la Compagnie Nationale du Rhône et la CCI doit être fait concernant l’avenir des terrains que possède cette première autour du port fluvial.

Nous soutiendrons les actions des associations d’entrepreneurs ou de commerçants, afin qu’elles participent à l’attractivité économique de notre territoire.

Favoriser l’économie circulaire

Les acteurs économiques sont, comme les ménages, touchés par les hausses du prix de l’énergie qui nuisent à leur compétitivité. Au-delà des objectifs du PCAET en termes de réduction de consommations d’énergie des entreprises et des exploitations agricoles, il faut soutenir et mettre en place une économie circulaire pour ces établissements. Les déchets des uns peuvent être la matière première d’un autre, encore faut-il avoir l’information. Il faut développer en lien avec la CCI et son outil « Actif », la CMA et les associations d’entreprise un outil, un réseau accessible à toute entreprise, permettant de connaitre les ressources insoupçonnées qu’elle peut glaner sur le territoire auprès des autres entreprises, permettant ainsi une valorisation de la matière et de l’énergie via des actions concrètes de mutualisation et de synergies entre acteurs territoriaux.

Cette réflexion doit permettre aussi l’accès à l’économie de la fonctionnalité, avoir recours à un service plutôt qu’à la possession d’un bien. Par exemple ces dernières années de nombreux céréaliers sont allés dans ce sens pour l’usage de moissonneuses ou de gros engins agricoles.

Toujours avec l’aide des partenaires institutionnels et associatifs (notamment Ecopôle Arles Nord), la commune doit promouvoir l’achat responsable, notamment l’achat groupé afin de mutualiser les dépenses des entreprises sur leurs consommables.

Cas du GPMM et ses conséquences

La ville siège au conseil de développement du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM). Tandis que le transport maritime est responsable de 3% des émissions mondiales de CO2 et d’une pollution aux microparticules, l’orientation « Ambition métropolitaine 2040 » prévoit une augmentation du trafic maritime pour le GPMM (Grand Port Maritime de Marseille). Dans le même registre, les villes de Saint-Martin-de-Crau et Garon continuent de développer des zones logistiques qui génèrent une perte de territoires agricoles et naturels et une pollution liée au trafic de marchandises par camions.

50 % des émissions de GES sur la commune d’Arles sont dues au transport routier et à la voiture. Cette dynamique sous-tend la création de nouvelles infrastructures routières et autoroutières qui sont incompatibles avec une transition écologique. Contrairement à la pratique antérieure de la chaise vide et compte tenu de l’impact environnemental sur les Arlésiens, nous participerons aux réunions de ce conseil et nous ferons valoir nos arguments par rapport aux projets expansionnistes du GPMM. (ex : conditionner l’accès des cargos, porte-conteneurs au GPMM à l’utilisation de filtres à particules en sortie de cheminées ou de gaz naturel liquide, et inscrire le GPMM dans la démarche Zone d’Émissions Contrôlées en Méditerranée).

Volet 6 – Economie sociale et solidaire

Le concept d’économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Le territoire d’Arles est riche d’entreprises relevant de l’ESS.  Malgré des aides à la création et au démarrage (ex : Inter-Made qui est un incubateur d’entreprises et de projets de l’économie sociale et solidaire depuis 2002), nombre d’entre elles ne réussissent pas à être pérennes. Il faut faciliter leur installation par un soutien logistique et également mettre en place des réservations de marchés publics aux entreprises de l’économie sociale et solidaire.