Compte rendu partial et partiel de Cyril Girard.
Vous pouvez visionner l’intégralité du conseil ici :
Comme précédemment, ce conseil de rentrée se tient à Saint-Martin-de-Crau. Un petit air de décentralisation (avec la promesse de tenir un prochain conseil à Tarascon) qui cache mal la main-mise de la ville de Arles sur la communauté d’agglomération. Aujourd’hui, comme à l’accoutumée, les élus arlésiens seront quasiment les seuls à porter des délibérations et les seuls à répondre aux questions. Le désintérêt d’une partie des élus qui semblait poindre lors du précédent conseil se confirme. La plus jeune élue communautaire étant absente, c’est Mandy Graillon qui fait l’appel. Il y a 13 absents aujourd’hui, dont le Maire de Tarascon. Du côté de l’opposition arlésienne, nous sommes trois, Dominique Bonnet, Mohamed Rafaï et moi-même.
Il s’agit pour commencer de valider le compte-rendu du précédent conseil communautaire. Je fais un rappel sur les informations demandées lors du dernier conseil, notamment sur les actions de certaines associations sportives qui justifiaient des financements ACCM dans le cadre de la politique de la ville (voir compte-rendu précédent). Monsieur de Carolis s’abrite derrière l’excuse de l’agitation estivale et du contexte de vacances qui n’a pas permis aux services d’accéder à ma requête. Il me certifie que ce sera bientôt chose faite. À ce jour, 21 octobre, toujours aucune nouvelle !
La séance continue par les décisions du Président, c’est-à-dire les dépenses engagées. Je questionne le Président sur une dépense de 500 000 € sur le site de la Thominière. Ce site, en bordure des nombreux entrepôts logistique de l’écopole (quel joli nom pour un site dédié aux parkings et aux camions!) de Saint-Martin-de-Crau, est écologiquement très riche et son aménagement a fait l’objet de recours juridiques par plusieurs associations. J’aimerais savoir où en est le projet, mais il semble que la réponse me sera apportée plus tard, avec les autres informations demandées. Pour la transparence, on repassera !
La première annonce, avant même le début du conseil, concerne le départ de Monsieur Sert, Directeur Général des Services. Largement commenté dans la presse depuis. Souvenez-vous, son recrutement, il y a quelques mois, avait coûté la bagatelle de 18 000 € versés à un cabinet de « chasseur de tête » . Il avait également eu droit à un traitement particulièrement généreux en terme de logement, entre autre. Son épouse avait illico trouvé un poste dans un musée arlésien. Il y en a qui n’ont même pas à traverser la route pour trouver du travail ! Monsieur Sert venait de la ville de Meaux, ville dont le Maire n’est autre que Monsieur … Jean-François Coppé ! Jean-François Coppé, au cœur du scandale de la société Bygmalion. C’est autour des activités de cette même société que Monsieur de Carolis a été condamné pour délit de favoritisme via des contrats passés entre Bygmalion et France télévision en 2017. Le monde est petit tout de même !
Monsieur Sert nous quitte donc déjà, après moins d’un an de bons (et loyaux ?) services. Les journaux ont évoqué de pudiques raisons climatiques. Aujourd’hui, nous apprenons qu’il n’aurait pas pu refuser une opportunité exceptionnelle en Vendée. Tout le monde a l’air de vouloir justifier son départ par une cause extérieure !
Il faut dire que Monsieur Sert avait la lourde tâche d’être DGS de la Mairie d’Arles et de l’ACCM. Une mutualisation justifiée par des raisons économiques, et qui présentait aussi l’avantage d’avoir la même gouvernance pour l’ACCM et pour la Mairie de Arles. Qu’en pensaient les maires des autres communes ?
Finalement sont départ aura pour conséquence un retour à une double direction, une pour la mairie et une pour l’ACCM. Un échec, et beaucoup de temps et d’argent perdu pour ces deux collectivités !
N°1 : Communication / rapport d’activité 2020
Avant même d’attaquer les délibérations, Monsieur le Président nous présente le rapport d’activité de l’année écoulée. Rapport rédigé par les services de l’ACCM, ce rapport d’activité sera l’occasion de dresser un portrait dithyrambique de l’action de la collectivité depuis un an. Comme on est jamais si bien servi que par soi-même, c’est Monsieur le Président qui se charge de se couvrir d’éloges. Pour la peine, l’ACCM a rédigé, mis en page et imprimé une grande plaquette de propagande. Après ce grand moment de communication, il est temps de passer aux délibérations :
N°2 : Assemblées / Désignation d’un représentant de la communauté d’Agglomération Arles Crau Camargue Montagnette (ACCM) au Conseil Territorial de Santé (CTS)
Pas de vote
N°3 : Assemblées / Désignation d’un représentant de la communauté d’Agglomération Arles Crau Camargue Montagnette (ACCM) au Comité national d’action sociale (CNAS)
Pas de vote
N°4 : Finances / Réhabilitation du canal d’irrigation de la Haute Crau – Partenariat financier entre ACCM, GRANS DÉVELOPPEMENT et la Chambre d’Agriculture 13 au titre des mesures de compensations collectives agricoles dans le cadre de l’extension du parc logistique CLESUD
Sur cette délibération je prends la parole en ces termes :
Ce que je regrette dans ce dossier, ce n’est pas la réhabilitation du canal de la Haute Crau, nous sommes tous d’accord sur la nécessité de ces travaux. Ce qui me gène, c’est que l’on profite d’un projet qui concerne la disparition de 49 ha de zones agricoles, pas sur notre territoire certes, mais au profit d’entrepôt logistiques. Les Bouches-du-Rhône sont le département qui consomme le plus de terres agricoles en PACA. Deux fois plus que les autres départements. C’est 220 km2 qui ont disparus en 30 ans. La moyenne est de 643 ha par an alors que le gouvernement parlait de zéro artificialisation nette comme d’un objectif, mais l’on constate que très peu de collectivités travaillent dans ce sens.
À l’échelle du territoire français, c’est 659 km² par an, c’est aujourd’hui un département tous les huit ans.
C’est un vrai drame pour notre souveraineté alimentaire, parce que les difficultés sont grandissantes pour les jeunes agriculteurs qui veulent s’installer, et parce que les terres agricoles stockent du carbone. C’est souvent la double punition lorsque l’on connaît la finalité de ces transformations. La logistique est le secteur dont le nombre de création d’emplois au ratio de la surface consommée est parmi les plus faible. Un recours à l’interim de 24 % en moyenne contre 3 % pour le reste de l’économie. La logistique est l’outil de base de la mécanique de la vente en ligne et de la grande distribution, dont on sait que chaque création d’emploi en détruit 3 dans l’emploi local. Lorsque sait que la finalité des entrepôts logistiques est une automatisation de plus en plus extrême pour faire baisser les couts, on peut se poser la question de favoriser le développement de notre économie. Enfin, la conséquences sur le trafic routier local et la sécurité sont évidentes. Si le projet de réhabilitation du canal d’irrigation de la Haute Crau ne souffre d’aucune discussion quant à sa nécessité pour maintenir l’agriculture particulière de cette partie de notre territoire et continuer, par ce biais, d’alimenter la nappe phréatique. Mais profiter de l’opportunité de la destruction de 49 ha de terres agricoles pour espérer des compensations.. Une compensation digne de ce nom pour la perte d’autant de terres agricoles consisterait en l’acquisition et la protection foncière d’une surface au moins doublement équivalente. C’est dans ce contexte que je vote contre cette délibération.
De son côté Monsieur de Carolis se « réjouit de ce que la chambre d’agriculture ai fléché notre communauté d’agglomération pour bénéficier de 850 000 € , pour la réhabilitation absolument nécessaire de ce canal pour NOS agriculteurs ». Grosso modo, c’est chacun pour soit, dans le monde idéal de Monsieur de Carolis. Et qu’importe qu’on détruise les terres agricoles voisines tant que l’argent tombe sonnant et trébuchant pour NOS agriculteurs à nous.
Mohamed Rafaï se sent obligé d’en rajouter pour se féliciter de la réfection de ce canal dont il attribue le montage financier à la mandature précédente (dont-il faisait partie!) et se range… aux côté de Monsieur de Carolis pour soutenir ce partenariat.
N°5 : Politique de l’eau et grands travaux / Substitution à l’ASA du canal de la Haute Crau par la CA ACCM pour la restauration du canal de la Haute Crau en qualité de maître d’ouvrage délégué – modification de la délibération CC2019_094 du 26 juin 2019.
Il s’agit pour cette délibération de valider le fait que l’ACCM reprenne la maîtrise d’ouvrage du canal à la place du syndicat ASA, trop petit pour soutenir un tel projet. Nous votons pour.
On comprend dans la présentation que le projet se monte à 6 millions d’Euros et que la part de l’ACCM sera de 14,9% passant de 225 000 € à 1 millions d’Euros. On comprend, du coup, mieux que les 850 000 € apportés sur un plateau par la chambre d’agriculture ôtent une épine du pied à l’équipe en place.
N°6 : Maîtrise d’ouvrage / Accord-cadre à bons de commande mono-attributaire pour les 3 lots relatifs à l’exploitation et la maintenance des réseaux de défense incendie et des stations pluviales dans les ZAE et pour des stations de GEPU (gestion des eaux pluviales urbaines) hors ZAE
Vote pour.
N°7 : Économie / Attribution d’une subvention à la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône
Vote pour.
N°8 : Information géographique / Attribution d’une subvention au Centre des Ressources en information géographique de Provence-Alpes-Côte d’Azur
Vote pour.
N°9 : Mobilités et déplacements / Examen du rapport annuel 2020 du délégataire de service public
N°10 : Politique de l’eau / Loi Brottes – Coupure d’eau en cas d’impayés sur factures d’eau et d’assainissement
Vote pour.
N°11 : Politique de la ville / Convention Territoriale Globale entre la CAF et ACCM 2019/2022 : signature de l’avenant 2021 (plan d’actions)
Cette délibération, pour laquelle j’avais préparé quelques questions, sera retirée au dernier moment.
N°12 : Politique de la ville / Adhésion à l’association nationale des acteurs de la réussite éducative (ANARÉ)
Vote pour.
N°13 : Politique de la ville / Adhésion à l’association “Fabrique Territoires et Santé”
Vote pour.
N°14 : Politique de la ville / programmation contrat de ville / proposition de financements 2021 : 2ème tranche
Vote pour.
N°15 : Habitat / Aide à la pierre – Octroi d’une subvention en fonds propres ACCM – Opération VEFA ” Le Verger des Arts” à Arles – Création d’une pension de famille de 26 logements sociaux par Caritas Habitat
Vote pour.
N°16 : Habitat / Aide à la pierre – Octroi d’une subvention en fonds propres ACCM – Opération ” Alain Guigue Mas-Thibert ” à Arles – Création de 10 logements locatifs sociaux par Grand Delta Habitat
Je prends la parole en ces termes.
Je voudrais me faire l’écho d’un recours gracieux de la part de deux personnes très investies dans la vie économique, associative du village. Un recours qui porte notamment sur les conflits d’usages que pourraient provoquer ces nouveaux logements. Ce n’est pas tant sur la nécessité de faire du logement social que j’interviens, c’est pus sur l’emplacement et les soucis connexes du projet, notamment pour l’accès au garages, les nouvelles places de parking. L’ambiance générale de la place du village qui pourrait s’en trouver transformée. Il y a eu une demande de recours, je pense qu’il faut veiller dans les hameaux à ce que les aménagements lourds, comme l’ajout de logements, se fasse en concertation avec les habitants, pour une intégration optimale et un développement harmonieux, au risque de rater une partie des objectifs du projet.
Ce recours n’ayant obtenu aucune réponse, aucun argumentaire contraire qui viendrait en défendre la pertinence, et en pouvant juger, avec les éléments que nous avons à disposition de sa pertinence, je m’abstiendrai sur cette délibération.
Encore une fois, Mohamed Rafaï prend la parole, pour défendre mon point de vue sur la nécessité de concerter ? Pas vraiment. Il valide le projet en l’état et balaie les remarques devant l’intérêt de faire du logement social dès qu’une opportunité foncière se présente.
N°17 : Accueil des gens du voyage/ Examen du rapport de la délégation de service public de l’aire d’accueil d’Arles pour l’année 2020
N°18 : Pôle études et prospective / Établissement de la liste des fondations et associations exonérées de versement mobilité.
Le versement mobilité est une contribution locale des employeurs, recouvrée par l’Urssaf afin de financer les transports en commun dans les régions, les départements et les communes. Les fondations et associations reconnues d’utilité publique, dont l’activité est de caractère social, sont exonérées de versement mobilité.
La présentation met en avant (délibérément?) la Tour du Valat, parmi d’autres structures demandant l’exonération de cette taxe. L’exonération de la Tour du Valat fait crisser dans les rangs. Et j’entends plusieurs élus ironiser sur les moyens financiers dont disposerai la structure.
Vote pour
N°19 : Finances / Exonérations de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères-locaux à usage industriel et commercial-Année 2022
Vote pour.
N°20 : Commande publique / Attribution de l’accord-cadre à bon de commande pour la mise à disposition de contenants et transport des déchets issus des déchèteries, hors ferraille (Ville d’Arles)
Vote pour.
N°21 : Commande publique / Avenant n°2 au marché public n°2017-53, gestion de la déchèterie communautaire de Saint-Martin-de-Crau. Prolongation des prestations
Vote pour.
N°22 : Commande publique / Covid – Exonération de pénalités relatives au marché “2019-049 Accompagnement individualisé et renforcé à l’emploi dans le cadre du Plie ACCM”
Vote pour.
N°23 : Ressources humaines / Création d’emplois de collaborateurs de cabinet
Il s’agit d’une nouveauté, la création de postes de cabinets au sein de l’ACCM. J’ai questionné quelques collègues de l’opposition avant le conseil sur cette délibération. Tous m’ont dit trouver ça plutôt normal. Après coup, il me semble que ces créations d’emploi sont injustifiées. Les postes de cabinet échappent aux règles de recrutement classiques et permettent à l’élu de s’entourer des personnes de son choix. Il s’agit souvent d’emplois résolument politiques plus que techniques qui permettent à un élu d’avoir des collaborateurs à son service aux frais de la collectivité.
Un conseil de rentrée plutôt tranquille au final, avec peu de délibérations, et beaucoup de délibérations techniques. Malgré son importance capitale dans la gestion du territoire, l’agglo semble désintéresser une partie des élus. J’imagine que les chamboulements, avec le départ du DGS, n’ont pas permis de travailler durant l’été, ce qui explique la minceur du menu. En dehors des deux interventions contradictoires de Mohamed Rafaï, j’ai été le seul élu n’appartenant pas à la majorité à être intervenu. J’attends avec impatience le prochain conseil pour avoir, qui sait, des réponses à mes questions ?