Le folklore... ou l'art subtil de porter un costume qui dit le contraire de ce que l'on fait (ou l'inverse) !

Le folklore camarguais, et plus globalement provençal, nous indique que certaines traditions sont inscrites intrinsèquement depuis le fond des âges dans la culture populaire. Or, il n’en est rien. Les bases fondamentales du costume et des traditions gardiannes datent de quelques dizaines d’années, un gros siècle en tout et pour tout. Si bien que l’homme à l’origine de tout ça fut surnommé « celui qui inventa la Camargue » : Folco de Baroncelli. Disciple de Mistral et des félibres, il donne son honneur à une terre infestée de moustiques où travaillent quelques gardians qui gardent les bêtes et les font voyager de pâture en pâture. Il codifie la course camarguaise, le costume de gardian et finira par faire accepter par l’Église l’hommage des Gitans à Sara. Son folklore se construit indifféremment au contact des cultures amérindiennes ou de Buffalo Bill. Ses positions antimilitaristes, de défense des minorités, de solidarité vis-à-vis des républicains espagnols, peuvent nous faire penser qu’il était bien plus progressiste que nationaliste… et écologiste lorsqu’il défend la Réserve de Camargue.

Aujourd’hui, il suffit de porter un costume d’Arlésienne ou de gardian, de parler plus ou moins aisément quelques mots de langue provençale arlésienne (et ne parlez surtout pas de la défense de la langue d’oc s’il vous plait), pour prétendre être de pure souche camarguaise, s’ériger en défenseur du territoire et de ses traditions. Monsieur de Carolis, lors d’un pèlerinage à Lourdes (au mépris de la laïcité républicaine), Madame Graillon ou Monsieur Lescot usent de cet artifice à tout va.

Sont venus s’ajouter d’autres coutumes à la base baroncelienne : la corrida est aujourd’hui considérée comme une culture locale par ses plus fervents partisans, la Reine d’Arles, gardienne des traditions  (dans la lignée des  cultures amazigh ou tagish, mais corsetage et concours de beauté en plus !). Mieux, l’Ambassadrice du riz a été remise au goût du jour au début des années 1980, alors que la moitié des terres naturelles de Camargue ont été dévastées pour laisser la place à la culture intensive des céréales. Et il est impossible de garder le moindre esprit critique sur ces apports successifs sans passer pour un traitre à sa patrie !

Dans le même temps, nos élus locaux, prompts à arborer leur amour du territoire et la dentelle qui va avec, portent avec gaité les projets les plus destructeurs qui soient : une autoroute qui va ensevelir des centaines d’hectares de terres de pâtures pour les races agricoles locales. Ils cautionnent l’étalement urbain puisqu’ils veulent que le centre ville d’Arles s’étende bientôt jusqu’aux arènes de Gimeaux (dixit Monsieur Emmanuel Lescot, prieur de la confrérie des gardians en conseil municipal), et souhaitent remplacer le bac de Barcarin par un pont, avec toutes les conséquences à prévoir. Au motif, selon Madame Graillon, qu’il est « désuet d’arriver en retard au collège lorsque le bac à un problème ». Le folklore, n’est-ce pas mettre en valeur la désuétude ? Enfin, ils refusent de traiter la pollution des étangs de Camargue au nom de l’anthropocentrisme,  l’homme faisant partie de l’écosystème du delta, avec une obligation d’en accepter tous les corollaires.

La tradition camarguaise, inclusive et universelle, écologique, telle que portée au début par le Marquis de Baroncelli, est devenue source d’un nationalisme local sur l’air « des imbéciles heureux qui sont nés quelque part ». Ce dernier est brandi par la droite la plus dure comme bouclier idéologique pour éviter d’avoir à réfléchir sur les décisions portées par cette majorité. Mais ses décisions sont particulièrement délétères pour le territoire qu’elle prétend aimer et protéger : délétères pour le vivre ensemble, délétères pour la qualité de vie, délétères pour nos paysages et pour l’environnement. Comme dit l’adage, l’habit ne fait pas le moine. Les traditions ont été prises en otage, et depuis bien longtemps, au service d’un projet social, culturel et territorial aux antipodes des valeurs portées à l’origine. Alors, libre à tou·te·s d’aimer notre territoire et de se battre pour sa prospérité, avec ou sans costume, avec ou sans accent, à cheval ou à pied. Car nous sommes persuadés qu’on peut aimer la langue provençale, la tradition, les taureaux et les chevaux, jouer de la musique traditionnelle sans être pour autant un vilain réactionnaire de droite. Et nous saluons la vivacité, l’inventivité et l’énergie de toutes les formations musicales néo-traditionnelles qui continuent à faire vivre la langue sans la corseter.

À Changeons d’Avenir, nous accueillons tout le monde, chacun·e avec ses différences.

Permanence des élus

mardi 14 décembre (15h00 – 17h00) :
Cyril Girard vous accueillera lors de sa permanence dans les locaux de l’opposition :
1 impasse Balze (derrière l’Hôtel de ville)

Changeons d’avenir est entré au Conseil municipal, avec deux élu·es dans l’opposition (Cyril Girard et Virginie Maris) et au Conseil communautaire avec un élu (Cyril Girard).
Sont disponibles sur notre site : les comptes-rendus des séances ainsi que toute l’information nécessaire pour assurer une veille vigilante et constructive concernant la vie des équipes municipale et communautaire.

Cyril Girard rend compte du conseil communautaire

  • Restitution aux communes la compétence action sociale d’intérêt communautaire
  • Charte de gestion et de partage de la ressource en eau.

Virginie Maris rend compte du conseil municipal

  • Modification du budget prévisionnel
  • Augmentation de toutes sortes de tarifs
  • Réorganisation des services municipaux

Projet de requalification de la RN113

Fin octobre a eu lieu la deuxième réunion publique de la concertation sur la requalification de la RN113. Pour rappel, à la condition que le contournement autoroutier se fasse, ce projet municipal prévoit de transformer la RN113 actuelle en boulevard urbain. Une petite quarantaine de personnes a participé à ce deuxième atelier, où il était question de réfléchir collectivement sur les orientations en matières de transports, de circulation et d’infrastructures que doit apporter ce projet.

Le calendrier prévisionnel du projet est désormais étroitement lié à celui du contournement autoroutier, sans doute afin de présenter les deux ensemble et de nous expliquer que le contournement permettra de rattacher Barriol à la ville pour transformer le quartier, de configurer la 113 en boulevard urbain avec de la verdure, des pistes cyclables et des bus à haut niveau de service, le tout avec une vue sur le port fluvial le long du canal d’Arles à Fos.
Sur le papier ça semble beau et une telle vision peut faire basculer les indécis. Et puis, si ces projets tombent à l’eau à cause de l’abandon de l’autoroute, les boucs-émissaires sont tout trouvés : les anti-autoroute, autrement dit les écolos !

Pourquoi un tel planning alors que le projet autoroutier est « à peine » en phase d’études préliminaires et que, si le planning de la DREAL suit son cours, l’enquête publique se ferait début 2023 pour une mise en service espérée en 2029 ? Ce réaménagement de la RN113 se ferait donc potentiellement en 2029 ou 2030, soit dans le prochain mandat municipal qui commencera en 2026. Même si gouverner c’est prévoir, il n’y aurait rien d’offusquant à attendre la décision finale concernant le projet autoroutier pour lancer des études sur la RN113. Mais il faut sans doute faire rêver les gens pour faire passer la pilule…

Les études de la DREAL pour le contournement prévoient malgré celui-ci un trafic résiduel journalier de 29600 véhicules dont 900 poids lourds sur le pont. Les responsables de la DREAL et les élus ont accordé leurs discours pour nous dire que ce chiffre est brut, sans aucun plan de transport, et que celui de la mairie est très ambitieux. On ne remet pas en cause leur bonne volonté, mais partant d’un chiffre si important et au vu des caractéristiques territoriales, peut-on envisager de réduire drastiquement ce chiffre pour que ce flux puisse emprunter une 2 x 1 voie à vitesse réduite avec de nombreux aménagements ?

Là est toute la difficulté… et il ne suffit pas d’y croire pour y parvenir.

Il est évident que la problématique de la traversée d’Arles est épineuse. Tout le monde s’accorde sur le fait que la circulation actuelle y est bien trop importante, et les saturations de trafic exaspèrent les usagers. En 2019, dans un rapport la DREAL elle-même ne semblait y croire et notait qu’une transformation en 2 x 1 voie entrainerait un report des usagers vers le centre et congestionnerait celui-ci. Le risque est réel de se retrouver avec une situation contraire à celle voulue.

Un troisième et dernier atelier a eu lieu le 29 novembre afin d’élaborer des propositions pour transformer cet axe. Exercice facile et difficile à la fois, entre jeu vidéo de construction et réalité de flux et économique. Aspect économique dont il n’a jamais été question pour l’instant. C’est dommage, alors que ce projet est porté par la mairie qui en supportera le coût.

Les concertations publiques étant rares, on vous invite bien sûr à y participer.

Déploiement de la 5G à Arles

Contrairement à ce qu’insinuait Emmanuel Macron en septembre 2020, nul besoin d’être un Amish pour se questionner et s’inquiéter sur la 5G : implantations d’antennes, ondes, usages, impact environnemental, consommation d’énergie… La tenue d’un débat démocratique décentralisé a vite été balayée par l’exécutif, tout comme la demande de moratoire par la Convention citoyenne pour le climat.

Ces derniers mois, l’implantation de la 5G en France a bondi. Il est possible de voir l’ensemble des infrastructures sur certains sites internet qui les référencent. Tels ceux-ci.

Début novembre 2021, ce sont 33 antennes relais 5G qui sont présentes sur la commune d’Arles, dont 19
mises en service déclarées. Elles se répartissent ainsi par opérateur : Free (13), SFR (7), Bouygues (8), Orange (5).

Pour comparaison, il y a 203 antennes 4G sur la commune, quasiment toutes en service. Il est à noter que les opérateurs ont l’obligation de mutualisation sous réserve de faisabilité technique (plusieurs antennes sur un même pylône).

Pour implanter une antenne relais, il est nécessaire qu’un opérateur de télécommunications fournisse à la mairie un dossier d’information avant de déposer une demande d’autorisation d’urbanisme.
Depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, la réglementation concernant ces implantations s’est assouplie.

Ainsi, de manière exceptionnelle jusqu’au 31 décembre 2022 la modification d’une antenne relais 4G existante ne nécessite pas de dépôt de dossier d’information, sauf rehaussement de manière substantielle du support de l’antenne.

Ce dossier d’information doit normalement être mis à disposition des citoyens par la mairie qui, si elle le souhaite, peut recueillir les observations du public. Aujourd’hui, avec cette nouvelle réglementation, pas de dossier, donc pas d’info et pas d’observations des citoyens.

Seule la construction d’une nouvelle antenne nécessite une autorisation d’urbanisme ainsi que d’occupation du domaine public. Les communes étant déjà quadrillées d’antennes relais 3G ou 4G, la grande majorité des installations nouvelles se fait sur les mêmes pylônes.

Peut-on s’y opposer?

Soyons clairs, la contestation des antennes 5G semble être reléguée à un débat essentiellement politique ou médiatique puisque les dispositions légales et les jurisprudences ont depuis longtemps tranché cette problématique.

Par exemple, un maire ne peut s’opposer au déploiement d’antennes relais sur sa commune au titre de son pouvoir de police générale ni au titre du principe de précaution, car le Conseil d’État considère qu’il n’y a pas d’éléments démontrant l’existence d’un risque pour la santé humaine. Il ne peut inscrire au PLU ni un arrêté ni une interdiction totale des antennes relais sur sa commune. Toutefois, grâce à cet outil d’urbanisme, il peut y inscrire des conditions dans lesquelles peuvent s’implanter les antennes : hauteur, type de terrain (agricole, naturel…). Ce qui est rarement fait.

Les recours du maire, d’un riverain ou d’une association citoyenne peuvent se fonder sur les seuls éléments comme un vice de procédure dans les demandes d’autorisation, le non-respect des règles du PLU ou si le projet porte atteinte à la salubrité, la sécurité publique, l’environnement, les sites et paysages ou les monuments historiques.

Encore faut-il que le juge administratif ne rejette pas ce type de procédure…

À défaut de réelle opposition législative, de débat national ou d’information municipale, les interrogations demeurent, en particulier sur les technologies que nous voulons, au service de quoi et de qui. Sans oublier la fracture numérique qui ne cesse de grandir.

Le débat, tout comme la transparence publique, sur ces installations n’arrive jamais trop tard.

Pont de barcarin

Cyril Girard a écrit une contribution à l’enquête publique sur le projet de futur pont entre Salin de Giraud et Port Saint Louis. Vous pouvez la consulter ici

Accepter la flore spontanée dans nos espaces urbains

Êtes-vous victime du syndrome de cécité botanique ?

Ce concept, mis en évidence en 1998 par deux botanistes, James Wandersee et  Elizabeth Schussler, est aujourd’hui largement documenté par les scientifiques.  Pour les chercheurs, ce syndrome aurait des racines très anciennes : notre cerveau, habitué à repérer rapidement ce qui est vital ou létal (nous verrons plus rapidement le tigre à dents de sabre dans le décor que l’arbre qui est devant lui), a tendance à négliger les plantes en comparaison du règne animal. De plus, notre cerveau d’humain moderne, bombardé chaque jour de milliers d’informations, aurait du mal à percevoir les plantes en tant qu’êtres vivants de par leur manque de mouvement et leur apparente insensibilité… ce syndrome est, enfin,  souvent le corollaire du syndrome de manque de nature, également étudié (notamment chez les enfants) par les chercheurs en psychologie et sciences cognitives.

Pourquoi est-ce un problème ?

Dans le meilleur des cas nous ignorons la flore spontanée qui pousse sur les trottoirs et autres interstices du bitume. Dans le pire des cas, cette flore est assimilée à la saleté, l’abandon… et pourtant ! Au-delà des « services eco-systémiques » que nous rendent ces plantes (retour de la biodiversité en ville , régulation des fortes chaleurs en été, dépollution des sols, bien-être des citadins…) en quoi ont-elles de l’importance ?

Pourquoi tant de haine ?

Depuis 2007, la loi Labbé interdit l’usage de produits phytosanitaires à l’ensemble des personnes publiques (État, collectivités locales, établissements publics). Cette interdiction vise l’entretien des espaces verts, les voiries, les promenades et les forêts, ouverts au public. Les communes doivent donc faire évoluer leurs méthodes de gestion de la flore. Certaines prennent également le parti de laisser la végétation spontanée prendre place en milieu urbain. Nous avons vu réapparaître la flore spontanée en ville, en particulier pendant le premier confinement de mars 2020.

Pour autant, nous voyons que cette présence continue parfois d’être mal perçue par les citoyens, comme peut en témoigner la virulence de certains échanges sur les réseaux sociaux pendant la campagne municipale. Pourquoi semons-nous dans nos jardins de belles plantes ornementales (parfois exotiques et invasives lorsqu’elles viennent à s’en échapper), et pourquoi ne prenons-nous pas  le même plaisir à observer plantains, pourpiers, lilas d’Espagne, pariétaires, chardons-marie et acanthes qui poussent sur nos trottoirs ?

Changer nos imaginaires

Comment changer notre perception ? C’est en apprenant à exercer notre regard, à nommer ces plantes, à connaître l’histoire de leurs relations avec les sociétés humaines que nous pouvons avoir du plaisir à les contempler lors de nos déplacements quotidiens et à mieux partager notre espace de vie avec elles. Il n’est parfois pas nécessaire de partir à la conquête de grands espaces sauvages pour prendre du plaisir à observer la nature.

C’est dans ce contexte que le réseau Tela Botanica a lancé il y a quelques années le programme de sciences participatives « Sauvages de ma rue » qui permet aux citadins de mieux connaître les plantes sauvages qui poussent dans les rues de leur quartier, autour des pieds d’arbres, sur les trottoirs, dans les pelouses…. Tela Botanica propose également plusieurs MOOC gratuits, de grande qualité, pour se former à l’observation des plantes sauvages.

Aujourd’hui , Tela Botanica propose un kit pédagogique à destination des collectivités territoriales qui souhaiteraient trouver des ressources pour favoriser l’acceptation de la flore urbaine.  Amoureux des plantes et de la poésie du quotidien qu’elles nous offrent, n’hésitez pas à interpeller vos élus pour leur faire connaître ce dispositif !

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