Avec beaucoup de retard, nous vous livrons le compte-rendu partiel et partial de Cyril Girard, un conseil où il est question, entre autre, du canal de la Crau, de “transition écologique” – à peine -, de prévention des violences faites aux femmes ou encore de politique de la ville.

C’est un conseil communautaire clairsemé. Sur la feuille de présence, 19 absents ont donné procuration. Depuis quelques jours les services interrogent les élus un par un pour être sûr que nous ayons le quorum pour voter. Le conseil a été reporté deux fois. L’été a pris de l’avance ? En tous les cas les élus ont pris de l’avance sur les vacances d’été ! Ce qui est regrettable, alors que nous allons devoir évoquer des sujets qui touchent aux déchets, aux transports, à la prévention, ce sont les absences des élus porteurs de ces délégations. C’est ainsi que le « plan vélo » pour la ville, initialement prévue, a été déprogrammé en l’absence d’Amélie Ferrand-Coccia qui le porte. Madame Graillon, alors qu’il sera question de déchets et de sécurité, est encore absente. Et ni le Maire de Tarascon ni l’élue des Saintes-Maries de la mer (déléguée à l’environnement, et dont on espère un jour entendre la voix !) ne sont présents. En qualité de vice-présidents, ils touchent pourtant de confortables indemnités. Mais ça ne semble pas être une raison suffisante pour participer à un conseil communautaire tous les deux mois ! La séance commence avec 20 bonnes minutes de retard.

Pour la rediffusion en ligne, c’est ici :

Voilé donc le menu du jour :

  • N°1: Aménagement / Révision de l’autorisation de programme et crédits de paiement pour la réhabilitation du canal de la Haute Crau -modification de la délibération n° CC 2022-002 du 26 janvier 2022
  • N°2: Direction générale des services / Convention financière 2022 du Contrat de Relance et de Transition Écologique
  • N°3: Etudes et prospective / Approbation du rapport CLECT “gestion des eaux pluviales urbaines”
  • N°4: Finances / Décision modificative n°1 _ Budget principal
  • N°5: Finances / Décision modificative n°1_ Budget annexe de l’eau
  • N°6: Finances / Décision modificative n°1_ Budget annexe assainissement
  • N°7: Finances / Décision modificative n°1_Budget annexe Roubian
  • N°8: Finances / Budget Principal -vente de terrain au budget annexe de la zone du Roubian
  • N°9: Finances / Rattrapage des subventions amortissables
  • N°10: Moyens Généraux / Renouvellement de l’adhésion au SMED 13
  • N°11: Déchets ménagers et assimilés / Signature d’un protocole transactionnel avec la société PTL
  • N°12: Déchets ménagers et assimilés / Signature de l’avenant N°1 au contrat de reprise et de recyclage du standard plastique “flux développement”
  • N°13: Habitat / Attribution de subventions compétence sociale de l’habitat
  • N°14: Économie / Versement du reliquat du Fonds de Relance Economique n°2 à la commune de Saint Martin de Crau
  • N°15: Économie / Versement du reliquat du Fonds de Relance Economique n°2 à la commune des Saintes Maries de la Mer
  • N°16: Économie / attribution d’une subvention à l’association Écopôle Arles Nord
  • N°17: Économie / subvention au profit de l’association France Active
  • N°18: Mobilités et déplacements / Choix du mode de gestion pour l’exploitation et la gestion des services de transports et de mobilité de la Communauté d’Agglomération Arles Crau Camargue Montagnette
  • N°19: Mobilités et déplacements / Modification du règlement des transports scolaires du réseau ENVIA
  • N°20: Direction de l’espace public / Travaux de renouvellement du collecteur principal Arles sud –quartier Barriol à Arles –phase 1 poste de refoulement –Attribution marché n°2022-014
  • N°21: Politique de la ville / programmation contrat de ville / proposition de financements 2022 : 2ème tranche
  • N°22: Politique de la ville / Proposition de financements 2022 “hors contrat de ville” : prévention de la délinquance et solidarité territoriale hors quartier prioritaire ville –QPV
  • N°23: Assemblées / délégations au Président et au Bureau communautaire -Modification des délibérations n°CC2020_075 du 10 juillet 2020 et n°CC2020_110 du 23 septembre 2020
  • N°24: Commande publique / Mise à jour du guide interne des procédures d’achats
  • N°25: Ressources humaines / Mise en place d’un régime astreintes dans deux nouveaux domaines.

Délib 1 : Il s’agit de voter une nouvelle fois l’augmentation substantielle des travaux de réhabilitation du canal de la haute Crau. Le coût de la première tranche était passé de 5,9 millions d’euros à 8 millions pour atteindre aujourd’hui un peu plus de 9 millions d’euros TTC.

Ce canal, qui passe au nord de la RD 83 entre Arles et Saint-Martin-de-Crau, représente entre 7 et 9% des apports en eau agricole dans la nappe de Crau, soit 5% environ des apports de la nappe. Un travail nécessaire pour le maintient des écosystèmes des prairies de Crau et pour une partie de l’alimentation de la nappe. Depuis deux ans, le Président de l’ACCM justifie l’attention qu’il porte à la nappe de Crau et aux agriculteurs à travers ce projet. D’un autre côté, ni les problématiques d’enfouissement de déchets illégaux avec risque de pollution des eaux, ni le sujet de la perte des terres agricoles, ni le soutient à l’agriculture locale ne semblent l’intéresser. Une attention en trompe l’œil donc pour l’agriculture locale et notre souveraineté alimentaire. Et qui coûte très cher à l’ACCM.

Délib 2 : Il s’agit de programmer les investissements 2022 dans le cadre du Contrat de Relance et de transition écologique (CRTE). L’état a obligé les collectivités, sous peine de ne pas les financer, à imaginer des actions de «relance et de  transition écologique » pour leur territoire. Et figurez-vous que si le terme de « relance » a vite été accolé à celui d’économie, le terme d’« écologie » a été mis à toutes les sauces. Résultat, on a fait rentrer aux forceps tout et n’importe quoi dans ce contrat, pour que peu que le mot « transition » « climat» ou « verdissement » figure dans le propos. Une belle opération de greenwashing des politiques publiques. À l’échelle de l’ACCM, rassurez vous, pas de révolution écolo en jeux. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur ce contrat. Mais avec l’actualité particulière (grosse pression sur la nappe phréatique de Crau avec menaces de restrictions, températures extrêmes, pic d’ozones, risque d’incendie élevé) je me dis que ça va peut-être déclencher une prise de conscience parmi les élus ! Je prends la parole en ce termes :

J’ai déjà dit tout le mal que je pensais de ce contrat, empilage d’actions contradictoires mais surtout un contrat cosmétique, qui n’a d’écologique que le nom, très loin de se fixer des objectifs ambitieux. Il s’agit ni plus ni moins d’une licence pour continuer sur la même trajectoire qui nous éloigne de nos objectifs en terme de lutte contre le changement climatique de lutte contre la perte de biodiversité, de lutte contre la perte de terres agricoles. Si vous aviez embrassé sérieusement ces problématiques, nous serions au courant.

Rien de tout ça ne constitue les prémisses d’un quelconque virage vers une transition écologique. Au moment ou les classes surchauffent, à Arles on découvre les conséquences du réchauffement climatique. Mais on préfère investir dans le ripolinage, le clinquant, faire briller la ville plutôt que de s’atteler aux vrais problèmes.

Ainsi dans le document qui nous est présenté : des actions en faveur de l’économie, du tourisme, du logement, l’extension d’une école. Sous l’appellation trompeuse, « réduire l’impact des déchets » il s’agit de l’acquisition de bennes et de bacs roulants, de composteurs pour les particuliers (ça fait des années que ça existe). Réduire de 15% les déchets ménagers, réduire de 50% les déchets admis en installation. Les chiffres que vous donnez dans ces dossiers nous permettent juste de mesurer l’échec de votre politique. Il faut vraiment que vous nous expliquiez votre projet pour les déchets compostables après avoir abandonné la seule initiative locale sur ce sujet, car l’obligation de séparation est pour 2024.

Baisse des déchets 0/20

Sous l’appellation assurer la gestion de l’eau, une mise aux normes. Sous l’appellation gestion durable de la ressource, des études pour relier les Saintes.

Quand à la mise en place d’un suivi des apports d’eau douce dans le Vaccarès, c’est très bien. Mais la réserve de Camargue procède à des suivis réguliers depuis des années qui font l’objet d’une synthèse dans chaque rapport annuel. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler ici et d’évoquer la longue liste des produits interdits que l’on retrouve dans les étangs centraux. Mais il y a un tel déni à parler et à traiter du problème des pollutions agricoles que je ne vois pas ce qu’un nouveau suivi va nous apporter s’il n’y a aucune volonté de traiter ce sujet.

Nous sommes en ce moment en période de pénurie, de canicule, de sécheresse ce qui va avoir des impact sur la distribution d’énergie, sur la consommation d’eau pour nos terres agricoles, pour nos prairies, et peut-être bientôt pour la consommation humaines. Cela fait deux ans que je parle de la mise en tension de la ressource en eau. Concernant le travail du canal de la haute Crau. On a des investissements de plus en plus massifs pour un canal qui représente un faible pourcentage (5%) de l’alimentation de la nappe. On ne travaille pas sur la préservation des terres agricoles. On a toujours 20% de perte sur notre réseau d’eau ça n’émeut personne.

Sécurisation de la ressource en eau 0/20

Nous sommes au début de grands bouleversements, que ce soit les changements climatiques et leurs impacts sur l’agriculture, l’enjeu de l’eau, la gestion des déchets, le prix des énergies. Nous avons perdu deux ans, malgré mes alertes, par déni, aveuglement, incompétence, et aux vues de ce qui se profile, nous perdrons encore les 4 prochaines années. C’est une catastrophe pour le territoire, dont les effets se verrons à long terme. Ce CRTE n’est pas à la hauteur, les priorités son abracadabrantes sur Arles, les actions de financement sont une mascarade, qu’il m’est impossible de voter.

Monsieur le Président botte en touche en arguant que le débat a déjà eu lieu. Il ne prends même plus la peine d’essayer de répondre. Je serai le seul à voter contre. Le reste de l’opposition arlésienne s’abstiendra, mais la délibération est adoptée à la majorité.

Le reste des délibérations est plutôt technique et n’amène que peu de remarques.

La délib 3 nous permet d’avancer sur la mutualisation des enjeux de l’eau avec l’approbation de la CLECT (Comission Locale de l’évaluation des charges Transférées).

La délib 4 reste importante puisqu’elle consacre la déprogrammation de crédits d’investissements de 1,7 millions d’Euros. Le coût des travaux du canal centre Crau (délib 1) va avoir raison de certains investissements, mais lesquels ? C’est Nicolas Koukas qui pose la question pour savoir quels travaux ont été déprogrammés. Il pose aussi la question des prix de l’énergie qui augmentent sans cesse, pour savoir comment l’ACCM gère financièrement ces fluctuations de prix. La réponse de Madame Lexcellent est plutôt évasive, qui nous précise que l’union des maires a interpellé l’État sur ce sujet. Bref, aucune stratégie en vue ! Nicolas Koukas insiste de nouveaux en précisant que de nombreuses collectivités ont déjà précisé leur stratégie.

« On n’a pas encore fait de choix, mais on va le faire » dixit Madame Lexcellent !

Monsieur de Carolis vient à son secours « Vous avez raison Monsieur Koukas de poser cette question (…) au niveau des communes nous y reviendrons en conseil municipal, nous aurons des choix cruciaux ».

Comment répondre sans rien dire !

Les seuls éléments sur les retards des travaux que nous pourrons glaner sont le report pour cause de retard sur la déchetterie de Trinquetaille. 1,7 millions en moins il doit bien y avoir d’autre chose ! Nous n’en saurons pas plus. Les élus renvoient aux techniciens qui nous promettent de nous envoyer le détail. Nous verrons bien. Les délibs qui suivent sont principalement des délibs budgétaires et des ajustements pour lesquels les élus de l’opposition s’abstiennent.

On passe à la délibération N°18.

Il s’agit ni plus ni moins de savoir si les transports de l’ACCM vont rester en régie de délégation de service public comme actuellement (société ENVIA) ou si l’on choisi un autre mode de gestion. Question cruciale en terme de souplesse et de finances. La DSP consiste à payer une entreprise pour rendre ce service. L’entreprise, principalement mue par un besoin, logique, de faire du profit, coûte cher à la collectivité. Il faut bien rémunérer les actionnaires. Et tout changement de stratégie peut avoir un coût supplémentaire. En revanche, elle gère le personnel et le matériel. Et ce n’est pas rien. Si l’ACCM devaient reprendre en régie directe, il lui faudrait du matériel et gérer le personnel. Coûteux au départ, mais à terme, plus souple de changer les choses en interne, et une fois l’investissement de départ renfloué, ça coûte beaucoup moins cher. Logique. Je m’attendait donc à un rapport coût/bénéfice de deux systèmes pour nous permettre de trancher. Au lieu de ça, un rapport qui nous explique que comme la majorité des collectivités font appel à des entreprises extérieures, c’est ce qui est le plus pratique. Ça me rappelle ma grand-mère qui me disait « si tout le monde va se pendre, tu vas te pendre avec ? »

Du coup je ne peux m’empêcher, alors que ça fait une heure qu’on parle de budget et des économies à faire de questionner l’assemblée :

Je ne suis pas décidé sur les modalité de gestion des services de mobilité. Ce rapport semble dans sa démonstration largement privilégier la DSP au profit d’un scénario établissement public à caractère industriel et commercial ou SPL société Publique locale. Moi j’aurais bien aimé avoir des retours d’expérience des quelques collectivités qui ont abandonnés la DSP, pour me forger une conviction. Le principal argument contre le fait de continuer en DSP est d’ordre financier, c’est répété plusieurs fois dans le rapport : un contrat de DSP peu performant, une rémunération du délégataire très élevée.

Or nous ne cessons de dire que pour de multiples raisons l’agglo perd de l’argent : les travaux du canal de la haute Crau grimpent en flèche, la gestion des déchet grimpe en flèche ce qui nous a conduit à augmenter la TEOM, les dépenses énergétiques vont grimper en flèche et là on a une marge de manœuvre financière et l’on continue sur le même mode. Je ne comprends pas le manque d’explication. Donnez-nous un tableau avec des indices de coût. Donnez-nous les éléments pour trancher. Vous nous demandez de voter à l’aveugle. Le boulot n’est pas fait. Je crois que c’est la vision dogmatique libérale, qui est largement en faveur, globalement, des privatisations, qui engage nos décisions plus que le bon sens. Je ne sais pas quelle décision est la meilleure, mais ce qui est sûr c’est que ce rapport largement orienté ne nous aide pas à trancher, et il commet la regrettable erreur de ne pas s’insérer dans l’actualité en traitant la question de l’économie financière au regard de la situation actuelle. Ce pourquoi je m’abstiendrai sur cette délibération. 

Monsieur Jalabert vient au secours de son rapport, m’expliquant que si la plupart des collectivités font comme ça, c’est que ça doit bien être la meilleure solution. Et puis on a toujours fait comme ça ! Mais enfin, bien sûr, c’est bien connu, le plus grand nombre a toujours raison ! Et surtout ne changeons rien à un système qui boite !

On va tranquillement jusqu’à la délibération N°21, qui prévoit des dépenses dans le cadre de la politique de la ville (entendez insertion, prévention, aide aux plus démunis). Rien de bien révolutionnaire dans les faibles subventions traitées (qui d’ailleurs vont très peu aux actions de terrain!), mais tout de même 19 900 € pour des séances de cinéma dans les quartiers, organisées par une société spécialisée dans les mariages, ça a de quoi surprendre !

J’avais noté ça, Nicolas Koukas aussi qui questionne «  3 000 € la séances alors qu’à l’époque nous organisions des séances qui nous coûtaient 1500 € » Sans même noter que le CNC (centre national de la cinématographie) est capable d’organiser ça de manière gratuite !

Monsieur Souque trouve que cette société fait du travail « très intéressant » et n’y trouve rien à redire !

Moi ce qui m’agace, outre le prix, c’est que l’on puise dans l’argent destiné à des actions concrètes de prévention pour faire de simples animations de quartier. Comme si les quartiers étaient des territoires tellement particuliers que le moindre événement prenait une dimension sociale. Il y a une forme de condescendance là-dedans.

Je reviens sur cette même ligne de subvention. Vous nous dites ils font de l’animation, ça répond à des problématiques. Je suis curieux de savoir à quelle problématique exacte ça répond ! Pourquoi on retrouve ces animations dans le budget de la politique de la ville. S’il s’agit de faire des animations, comme on en fait en centre-ville, on a des budgets « fêtes et cérémonies » qui ont d’ailleurs grimpé d’années en années, et je ne comprends pas pourquoi on prends sur le budget politique de la ville, qui doit répondre et servir à des problématiques sociales, pour faire de simples animations, par une société privée. Il y a une forme de condescendance qui fait que dans les QPV, à la moindre action on ponctionne le budget des politiques de la ville. Cet argent pourrait servir à des actions ayant un vrai impact. Donc dîtes-moi en quel sens c’est de la politique de la ville . À quelle problématique sociale répond cette société ? 

Monsieur Souque : « On peut comprendre votre réflexion effectivement, mais autour de ces évènements il y a le désir de créer du lien social.»

Quand Monsieur Souque se met au diapason de ma réflexion, c’est que ça rame un peu ! J’ai l’impression qu’on prend les Arlésiens pour des idiots, mais je suis un garçon poli, je le laisse finir. Et de parler de la vie des quartiers, et d’en profiter pour tacler l’action de la municipalité précédente.

Monsieur de Carolis, en grand seigneur, nous explique que l’on est pas là pour critiquer l’action passée. « L’essentiel c’est de faire le mieux possible quand on est aux manettes ! ».

Après une intervention de Mohamed Rafaï, je reprends la parole :

Vous nous dites que ça fait de l’animation dans les quartiers, des rencontres, de la mixité sociale. Mais toutes les manifestations, je l’espère, provoquent des rencontres, de la mixité sociale et de l’animation. C’est la seule réponse à ce financement ? Je reste persuadé que ce genre de manifestations doit être inscrit dans le budget global animation de la ville. Il n’y a pas de raison de faire une exception pour les QPV. Et l’argent de la politique de la ville doit servir à des actions précises, pour résoudre des problèmes sociaux particuliers. Les rencontres, c’est le principe de toutes les animations, de toutes les festivités, on a un budget animation qui augmente en continue à la ville, on a une fête de la tradition toutes les semaines bientôt. Donc on doit prendre sur ce budget pour faire des animations, et on prend sur le budget politique de la ville pour répondre à des problématiques concrètes et pas juste pour animer les quartiers.

Quelques échanges suivent, sur les conseils de quartiers, et nous amènent à la délibération N° 23. Il s’agit de voter les subventions «hors contrat de ville : prévention de la délinquance et solidarité territoriale hors quartier prioritaire ville ». Hors quartiers prioritaires, ça signifie prévention sur ce qui touche toute la ville. Grosso modo, les principales associations concernées sont le CIDFF (CIDFF le centre d’information sur le droit des femmes) qui vient au secours des femmes battues, l’association Alliance, qui travaille également sur les violences domestiques mais aussi avec le public des gens incarcérés ou en récidive, notamment avec des psychologues et l’association de prévention et de réinsertion sociale.

Autant dire des dossiers lourds, dont le grand public a pris la mesure depuis le mouvement « me too », et que les confinements successifs n’ont fait qu’exacerber. On aurait pu s’attendre, après les grands discours sur la sécurité, la marche blanche de la semaine dernière suite à la mort tragique d’un adolescent pris pour cible par des dealers à Griffeuille, que la prévention fasse l’objet d’une attention particulière cette année. Il n’en est rien. Si certains budgets exposent sans même que l’on songe à en questionner la pertinence, sur ce sujet là, on continue de se serrer la ceinture. Baisse de 21% des aides à ces associations. J’avais prévenu les membres de l’opposition que j’allais évidemment voter contre cette baisse et m’exprimer sur ce sujet. Voici mon intervention :

Depuis que vous êtes à la tête de la ville et de l’agglomération, vous nous avez fait des gammes sur la sécurité. Mais des gammes, je dirais plus un opéra complet. Depuis deux ans je vous questionne sur vos actions en matière de prévention, qui est un levier essentiel de l’action.

Depuis deux ans vous nous dîtes, ça va venir ! Ça va venir !

Les spécialistes qui scrutent la société nous disent que les meilleurs résultats contre l’insécurité sont obtenus dans les zones ou plusieurs leviers complémentaires sont activés : économiques, préventifs, sociaux et répressifs.

J’aimerai vous rappeler quelques chiffes essentiels de l’INSEE sur la sécurité sur la ville. Ces chiffres qu’il y a quelques mois, la préfète qualifiait de bons, et dont vous vous honoriez Monsieur le Maire.

Les coups et blessures volontaires sont passés entre 2019 et 2022 de 329 à 362 cas, les coups et blessures volontaires dans le cadre familial sont passés de 137 à 166 cas, violences sexuelles on est passé de 45 à 66 cas.

Alors oui, les vols ont constamment baissé sur la ville tandis que les chiffres des coups et blessures n’ont cessé d’augmenter. Quel beau bilan pour la sécurité des personnes!

Dans votre discours comme dans votre action, vous me rappelez un certains Monsieur Sarkozy, délinquant financier notoire, qui nous disait « je vais nettoyer la racaille au karcher » et qui n’a fait que démanteler la police de proximité, avec les résultats catastrophiques que nous connaissons aujourd’hui, et qui s’est fait exclure de l’échiquier politique au bout d’un mandat.

Vous vous êtes contentés, sur les conseils de Madame Graillon, de tout miser sur le répressif avec des mesures cosmétiques. Copier coller de ce que vous avez appris à Nice, mis en place par Monsieur Estrosi, ministre de Monsieur Sarkozy. De manière dogmatique. Avec des résultats affligeants à Nice. Pourquoi ça aurait pu marcher ici ? Vous avez copié sur le mauvais élève ! Bravo avec l’argent du contribuable.

Devant les résultats navrants en terme de sécurité, on aurait pu croire que vous actionniez un autre levier de l’action, la prévention. Depuis deux ans vous nous promettez des actions ambitieuses. Et lorsque tombe cette délibération, je constate que encore une fois, la promesse n’est pas tenue. L’investissement de l’ACCM baisse encore : -21% de dotation aux action de prévention : on passe de 104 500 à 83 500 €.

Devant les chiffres accablant des violences familiales en hausse de 66% depuis 2017, la multiplication par 2 des violences sexuelles, l’augmentation de 30 % des coups et blessures volontaires, votre seule réponse c’est de baisser les financements du CIDFF le centre d’information sur le droit des femmes, de baisse l’aide accordée à Alliance et l’aide à l’association de prévention et de réinsertion sociale.

Le seul sentiment qui me vient c’est celui de la honte. Vous avez crié tellement haut sur les toits que la sécurité serait votre priorité que l’échec de votre action est accablant. Maintenant, vous nous déclarez dans les journaux que la sécurité c’est régalien, c’est l’état. Honte parce que vous avez mené une politique cosmétique uniquement tournée vers le centre-ville pour rassurer les plus aisés du centre et le touriste, et que l’argent investi ici a été désinvesti ailleurs. On abandonne les plus faibles, les plus démunis, les femmes victimes de violences, les enfants, les quartiers. La violence, elle ne tombe pas du ciel, elle est le résultat d’un parcours de vie, elle peut naître au sein de la famille, dans un contexte social particulier, dans un environnement qui manque de perspective, la déserrance, l’absence de possibilités, l’ascenseur social bloqué, elle se nourrit dans la fracture et l’inégalité, voici le terreau de l’insécurité. Et pour travailler là-dessus, ni la police municipale, ni les caméras du centre ville ne sont d’aucune utilité.

Dans le contexte actuel, au jour d ‘aujourd’hui je ne peux me résigner à voter encore une fois la baisse des financements aux actions de prévention. Chaque personne qui va voter cette délibération va porter une part de responsabilité du désengagement de la collectivité à lutter contre les violences domestiques, contres toutes les violences. Si nous entérinons cette politique, ça signifie que nous validons, collectivement, l’échec d’un programme de sécurité efficace, sacrifié au nom de du dogmatisme et de l’incompétence.

Nicolas Koukas prends la balle au bond et se dit « atterré par la baisse des subventions (…) vous faîtes des choix mais malheureusement ces choix ne sont pas faits là où ils devraient l’être (….) nous avons toujours aidé les associations de prévention et plus largement les associations de l’économie sociale et solidaire, qui emploient prés de 2900 personnes sur le pays d’Arles. » Le ton est serein, beaucoup plus que celui qu’adopte maintenant Monsieur de Carolis. Il a eu trois minutes pour retrouver ses chiffres sur la sécurité. Il s’inscrit donc totalement en faux contre les chiffres annoncés. D’un ton désolé, il feint le dépit et demande à la presse de se faire l’arbitre de ces chiffres. En roue libre, il m’accuse à demi-mot de mentir : « moi les chiffres je ne les invente pas dans la nuit et je ne caricature pas (…) moins 32 % de vols avec violence, moins 25 % de vols de véhicules, moins 13 % d’atteintes aux biens » et de continuer dans un discours complètement démagogique « à Arles ce n’est pas la police qui tue, nous avons doté la ville d’une police municipale (…) les gens attendent de la sécurité ». Et de se vanter de faire plus de prévention qu’avant, en amalgament les investissements faits dans le cadre du projet urbain de Barriol (initié par la municipalité précédente, mais déposé il y a quelques mois par la nouvelle équipe) avec les chiffres du programme cœur de ville ! Un sacré tour de magie mathématique.

Les chiffres les voici donc, et à vous de vous faire un idée, ils sont extraits de l’INSEE qui s’appuie sur les chiffres de la préfecture.

Comme on est sympa à Changeons d’Avenir, on vous a fait une synthèse en couleur (rouge pour ce qui va moins bien, bleu pour ce qui va mieux). Merci François pour ce travail. Ces chiffres ont été communiqué à la presse dans la foulée du conseil et ils n’ont pas été contesté. Voilà voilà …

Où l’on constatera que le principe de réalité est quelque chose d’assez abstrait chez l’équipe en place. Il est mensonger et irresponsable, au regard des évènements récents, de faire croire que les actions menées donnent des résultats. Cette volonté délibérée de travestir la réalité remet en cause le pacte de confiance que doit avoir tout élu avec la population.

S’ensuit de longs échanges entre Nicolas Koukas et Monsieur Souque pour savoir qui doit se prévaloir de la réussite du dossier urbain ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) de Barriol. Ceux qui ont mis en route le projet il y a quelques années, où ceux qui l’ont déposé il y a quelques mois ? Grosso modo, celui qui est au départ de l’action et fait la passe décisive ou celui qui marque le but ? Il faut avoir l’âme d’un commentateur sportif pour suivre les échanges. Sachant que comme le dit Nicolas Koukas « le chèque de 150 millions d’euros ne va pas arriver demain, qu’est-ce que l’on fait dans les trois prochaines années ? »

Je prends la balle au bond quand ça se calme.

Les dossier urbains avaient été instruits bien avant, vous avez hérité du dossier, vous avez marqué l’essai en un an et demi et vous oubliez le travail réalisé en amont. C’est bien de s’attribuer la victoire (…) mais ce dossier vous permet de gonfler artificiellement les chiffres des investissements en politique de la ville (…) c’est très facile de s’en sortir comme ça. Vous avez pris soin tout à l’heure d’éviter les chiffres des personnes. Et même sur les chiffres des biens on peut y revenir. Les chiffres de vol dans les voitures ont baissé mais les chiffres de voiture ont augmenté. Les chiffres des atteintes aux personnes ont bien augmenté, je garde ces chiffres à disposition de la presse. Vous avez échoué à protéger les personnes, même si sur les biens il y a quelques satisfactions (ndlr : à mettre en perspective avec deux années de confinement de toute façon), vous avez échoué sur la sécurité des personnes. Les chiffres sont têtus et je comprends que vous les évitiez. La réalité, c’est que vous continuez à mener les mêmes actions qu’avant avec toujours moins de moyens. Vous continuez sur ce même air « on fera mieux avec moins ». Quand à la caricature dont vous m’accablez, c’est juste une manière de décrédibiliser mes arguments puisque sur le fond vous n’y arrivez pas. Je ne vais pas tomber dans ce travers là, vous vous caricaturez vous même avec ce genre de propos.

Pas de réponse.

La délibération N° 25 a permis aux techniciens de s’exprimer, puisque les élus avaient des difficultés à nous expliquer pourquoi le service économique de la ville allait faire des astreintes. En cas d’incident dans les zones industrielles et de nécessité d’accéder aux aménagements de protection incendie.

Ça se termine donc, après une grosse heure et demi. Deux mois sans activité politique, ça va presque nous manquer. Avant le conseil je discutais devant la salle avec un élu de la majorité de la météo, de la sécheresse et du risque incendie. Une heure plus tard, un incendie monstre était ravivé par le mistral à Fourchon. L’été sera chaud, l’été sera très chaud…