C’est le grand retour des comptes rendus partiels et partiaux de vos dévoués élus Changeons d’Avenir. Pour ce conseil chaotique du début du mois d’avril, c’est Cyril Girard qui prend courageusement la plume et vous dévoile les coulisses d’un conseil pas comme les autres (encore que…!). Et si vous vous méfiez de notre vision partiale ou si la prose de Changeons d’Avenir ne suffit pas à vous rassasier, vous pouvez visionner et juger par vous-mêmes :

« Ça vous a plu hein ? Vous en demandez encore ? », interrogeait Serge Gainsbourg dans l’intro de Bonny and Clyde. Ben, c’est un peu pareil avec les comptes rendus partiels et partiaux des conseils municipaux et communautaires. Nous avons été disciplinés pendant deux ans avec Virginie pour vous faire vivre de l’intérieur ces grands moments de démocratie arlésienne, et puis l’énergie s’est érodée avec le temps. Imaginez vous recevoir entre 30 et 45 délibérations, cinq jours ouvrés avant un conseil ; passer le week-end à digérer tout ça (y-a -t-il un équivalent du citrate de bétaïne pour le cerveau ?) ; vous réunir avec l’opposition arlésienne le lundi soir ; puis vous réunir avec les adhérent.es et citoyen.nes de Changeons d’Avenir pour préparer ensemble le conseil le mardi soir ; rebosser les dossiers et préparer vos interventions le mercredi soir ; assister au conseil le jeudi soir. C’est fini ? Non, il reste à faire la synthèse pour les comptes rendus, ce qui implique en général de se repasser durant toute une journée le replay vidéo du conseil. Croyez-moi, il en faut du courage ! Grosso modo, c’est une semaine le nez dans le guidon. Vous multipliez ce boulot par deux pour le conseil communautaire, et vous avez ainsi un petit aperçu de la charge de travail nécessaire à votre lecture confortable des comptes rendus.

Rappelons que, sous prétexte d’économie, les indemnités des élus de l’opposition ont été ramenées à 0 € après l’accession au trône de Monsieur de Carolis (alors que certains élus de sa majorité qu’on ne voit jamais en conseil et qui ont des délégations imaginaires, continuent de toucher des indemnités s’élevant à près de 4 000 € par an). Vous comprenez la difficulté d’articuler une vie professionnelle avec une telle discipline. Bref, nous avions un peu arrêté les comptes-rendus. Vous avez été nombreux à exprimer votre déception (mais vous n’avez qu’à venir aux conseils aussi !) mais surtout votre attachement à cet exercice comme outil de décryptage de la politique locale. Du coup, on essaye de s’y remettre, contre la promesse que vous soyez de plus en plus nombreux à venir nous aider à préparer les conseils (en général le mardi soir qui précède la date fatidique). Ça marche ?

Et comme ce récent conseil municipal avait l’avantage de reprendre une grande partie des délibérations votées quelques jours avant en conseil communautaire, on fait d’une pierre deux coups.

N°1 : ADOPTION DU PROCÈS-VERBAL DES CONSEILS MUNICIPAUX DES JEUDI 1ER FÉVRIER 2024 ET JEUDI 22 FÉVRIER 2024

VIE DE LA CITÉ

N°2 : POLITIQUE DE LA VILLE – APPROBATION DU CONTRAT DE VILLE 2024-2030

N°3 : NOUVEAU PROGRAMME NATIONAL DE RENOUVELLEMENT URBAIN (NPNRU) – APPROBATION DE L’AVENANT 1 A LA CONVENTION PLURIANNUELLE DU PROJET

N°4 : DEMANDE DE SUBVENTION AU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DANS LE CADRE DU RELAIS DE LA FLAMME OLYMPIQUE

N°5 : VACANCES ARLÉSIENNES – OFFRE MUNICIPALE ÉTÉ 2024

N°6 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME DIVERS – 1ERE RÉPARTITION

N°7 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE, COMMERCES ET ARTISANAT – 1ERE RÉPARTITION

N°8 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME TRADITIONS TAUROMACHIES – 1ERE RÉPARTITION

N°9 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME AGRICULTURE – 1ERE RÉPARTITION

N°10 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET BIODIVERSITÉ – 1ERE RÉPARTITION

N°11 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME JUMELAGES – 1ERE RÉPARTITION

N°12 : ATTRIBUTION DE SUBVENTIONS AUX ASSOCIATION EXERCICE 2024 – THÈME PATRIMOINE – 1ERE RÉPARTITION

N°13 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THEME EDUCATION-JEUNESSE – 1ERE REPARTITION

N°14 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS – EXERCICE 2024 – THÈME CULTURE – 1ÈRE RÉPARTITION

N°15 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME SOLIDARITÉ – 1ERE RÉPARTITION

N°16 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME SENIORS – 1ERE RÉPARTITION

N°17 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME VILLAGES ET QUARTIERS – 1ERE RÉPARTITION

N°18 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME DEVOIR DE MÉMOIRE – 1ERE RÉPARTITION

N°19 : ATTRIBUTION DE SUBVENTIONS EXCEPTIONNELLES A DIVERSES ASSOCIATIONS – EXERCICE 2024

FINANCES

N°20 : APPROBATION DU BUDGET PRIMITIF PRINCIPAL DE L’EXERCICE 2024 DE L’OFFICE MUNICIPAL DE TOURISME D’ARLES

N°21 : MUSEE REATTU – EXPOSITION ALFRED LATOUR ET NOUVELLES REFERENCES BOUTIQUE5

N°22 : CONVENTION DE DÉPÔT POUR 2 DESSINS DE CHRISTIAN LACROIX

N°23 : FIXATION DES TARIFS DES ARTICLES BOUTIQUE DES MONUMENTS

N°24 : TARIFICATION DE L’OCCUPATION DES LOCAUX COMMUNAUX

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

N°25 : ENTREE DE VILLE – SECTEUR CHABOURLET – ACQUISITION DE TERRAINS NECESSAIRES A L’AMENAGEMENT D’UN ROND-POINT

N°26 : AVIS DE LA MUNICIPALITE SUR LA DEMANDE D’AUTORISATION ENVIRONNEMENTALE DEPOSEE PAR LA SOCIETE CHIMIREC SOCODELI CONCERNANT LE PROJET D’AUGMENTATION DE LA CAPACITE DES UNITES DU SITE DE TRI SUR LA COMMUNE DE BEAUCAIRE

ADMINISTRATION GÉNÉRALE

N°27 : CRÉATION D’EMPLOIS PERMANENTS

N°28 : COMMISSION CONSULTATIVE DES SERVICES PUBLICS LOCAUX – PRÉSENTATION DES TRAVAUX RÉALISÉS AU COURS DE L’ANNÉE 2023

N°29 : RÉGIE DU STATIONNEMENT PAYANT HORS VOIRIE D’ARLES – RAPPORT ANNUEL D’ACTIVITÉ 2022

N°30 : DELEGATION DE SERVICE PUBLIC DE GAZ RÉSEAU DISTRIBUTION FRANCE (G.R.D.F.) – RAPPORT ANNUEL D’ACTIVITÉ 2022

N°31 : RÉGIE DES POMPES FUNÈBRES – RAPPORT ANNUEL D’ACTIVITÉ 2022

N°32 : CONSTITUTION D’UN GROUPEMENT DE COMMANDES DE LOCATION ET D’ENTRETIEN DE PHOTOCOPIEURS

N°33 : DEMANDE DE PROTECTION FONCTIONNELLE DE MONSIEUR JEAN-MICHEL JALABERT, 1ER ADJOINT AU MAIRE

COMPTE RENDU DE GESTION

N°34 : COMPTE RENDU DE GESTION – DÉCISIONS PRISES EN VERTU DE L’ARTICLE L.2122-22 DU CODE GÉNÉRAL DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Ce conseil municipal s’est tenu exceptionnellement en journée. Ainsi en avait décidé le Maire qui comptait assister en soirée à une réunion d’information à Fos-sur-Mer sur le projet RTE. Pourquoi pas, mais encore aurait-il fallu s’assurer de la disponibilité des élus. Virginie avait des contraintes professionnelles et était absente. Personnellement j’avais, la semaine précédente, passé mon lundi entre Commission d’appel d’offre (CAO) à l’Agglo et Commission consultative des services publics locaux (CCSPL) à la commune, et mon jeudi en conseil communautaire. Autant dire que cette activité d’élu débordait largement sur mon boulot et que je m’en serais bien passé. C’est d’ailleurs ce qu’a fait la quinzaine d’élus de la majorité absents ce jour-là. On compte et recompte les présents. Avec un conseil de 45 élus, la majorité est à 23. Sur les 36 élus de la majorité, seuls 21 sont présents (ne vous inquiétez pas, les absents toucheront quand même leurs indemnités). C’est une première depuis trois ans, ce sont les élus de l’opposition qui assurent le quorum ! Sans eux, le conseil municipal ne peut pas se tenir, et ça en dit long sur la fragilité de cette majorité qui semble se déliter. Nicolas Koukas me fait passer La Provence dont une large page est consacrée à la démission de Bruno Reynier, qui se serait fâché avec Emmanuel Lescot, élu à la tauromachie. Un prolongement, un drame en trois actes, suite à l’affaire de la DSP des arènes qui avait valu à Madame Guintolli d’être éjectée de l’équipe de Carolis.

Pendant qu’on fait l’appel, je découvre une délibération posée sur table, qui nous aurait été envoyée la veille au soir par mail, en soutien aux agriculteurs. J’essaye en quelques minutes de comprendre les tenants et les aboutissants de ce texte. En voici la copie :

Après un hommage totalement décomplexé du Maire d’Arles à son ami Frédéric Mitterrand, Monsieur le Maire annonce la démission de Monsieur Reynier et intègre Monsieur André Peytavin au conseil municipal. Celui-ci se lève solennellement pour dire quelques mots. Le maire lui conseille, pour être entendu, de se rasseoir et d’allumer son micro. Il ironise sur son arrivée : « je suis fier de siéger, même si j’avais un peu peur. Je ne voulais pas qu’il y en ait un qui démissionne, et surtout, j’avais peur qu’il y en ait un qui meure ». Petit trait d’humour en référence à la moyenne d’âge de l’équipe de Carolis. Ça ne prend pas trop. On est loin des punch-lines de Mohamed Rafaï. Comme Monsieur de Carolis revient sur la démission de Bruno Reynier qu’il qualifie de décision « d’ordre personnel » pour de « simples histoires de relations entre élus ». C’est prêter le flanc aux attaques et c’est Madame Guintolli, en verve depuis sa mise au ban de l’équipe dirigeante (elle a été démissionnée de la majorité pour s’être opposée à la nomination à la tête des arènes de la ville de Jean-Baptiste Jalabert, condamné pour violences conjugales) qui porte le premier coup :

Ce n’est pas un problème entre élus, c’est un problème d’ambiance dans votre équipe. Votre système est un non-système qui plonge la mairie dans l’immobilisme (…) c’est dramatique mais il est plus insupportable à certains de savoir qui préside une corrida que de mettre à l’honneur quelqu’un qui bat sa femme ! Ce non-évènement me donne la nausée.

Nicolas Koukas saisit la balle au vol dans un autre registre :

Le départ de Monsieur Reynier n’est pas si anecdotique que ça, après Monsieur Meyssonnier, Madame Guintolli, aujourd’hui Monsieur Reynier (…) je voudrais rappeler qu’en 19 ans de mandat, il n’y a eu qu’une démission sous la gouvernance de Hervé Schiavetti, d’un conseiller parti pour des raisons professionnelles

Et de continuer sur le fait que de Carolis doit ses échecs au fait qu’il ne sache pas tenir son équipe et qu’il ne soit pas assez « politique ». Monsieur Jalabert, assez maladroitement, défend le Maire avec une phrase assassine à l’endroit de ses anciens co-listiers :

Je trouve regrettable d’associer le cas de Bruno Reynier avec celui de Monsieur Meyssonnier et de Madame Guintolli qui sont venus siéger à vos côtés (drôle de manière de voir les choses!), on est absolument pas dans le même cas, on a des personnes qui ont confondu leur intérêt personnel et l’intérêt général et les prestations de Madame Guintolli depuis quelques conseils municipaux montrent qu’elle a plus de talent de comédienne que de convictions.

A ce jour, suite à ces propos, Serge Meyssonnier et Carole Fort-Guintolli ont porté plainte contre le premier adjoint pour diffamation. L’ambiance est donc à couteaux tirés, et on est seulement à la 18ème minute.

Revenant à l’intervention de Nicolas Koukas, Monsieur de Carolis se félicite de n’être pas « politique » et de vanter la diversité d’esprit de son équipe et de se situer bien au-dessus de la politique politicienne.

Mohamed Rafaï remet une pièce dans la machine « vous nous dites que vous êtes encore 34 élus, mais aujourd’hui vous êtes 21 et si l’opposition quitte la salle le conseil s’arrête. » Une menace que le Maire fait semblant de ne pas entendre. On passe donc à la présentation d’une délibération pour s’opposer à la ligne THT. Pour rappel, nous avions initié en février la présentation d’un vœu au conseil municipal pour s’opposer à l’implantation de cette ligne. Le Maire n’avait pas souhaité, alors qu’il en a l’obligation, faire voter ce vœu, arguant qu’il préparait une délibération beaucoup plus « ambitieuse » ! Diantre. Nous avons effectivement été invités à une réunion de travail pour préparer cette « ambitieuse délibération ». Une partie de l’opposition s’y est rendue. Pour pas grand-chose, puisque c’est finalement le PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural) qui a rédigé la plus grosse partie du texte qui nous est présenté. Bravo pour la méthode qui consiste surtout à récupérer à moindre frais les fruits d’une mobilisation déjà bien organisée.

Mes propos à ce sujet :

Je suis très content que le travail et les compétences du PETR soient mis en avant dans cette délibération, et qu’ils aient pu décortiquer le dossier. Nous ne sommes pas dupes de ce qui se cache derrière cette mention de décarbonation. Après la croissance verte, après les énergies renouvelables, et les bio-carburants, nous en sommes aujourd’hui à la décarbonation. Une succession de néologismes qui vise à nous vendre des solutions techniques pour résoudre les problèmes que nous avons engendrés. Tout ça pour continuer à faire perdurer le même système. Le prix de l’énergie verte, c’est l’installation d’éoliennes au droit de Port-Saint-Louis-du-Rhône qui seront de véritables hachoirs à oiseaux alors que nous sommes à l’entrée du plus vaste couloir migratoire d’Europe. Le photovoltaïque et l’éolien, c’est la destruction d’immenses surfaces de zones agricoles et naturelles. Le prix de la décarbonation, c’est cette ligne RTE qui va balafrer notre paysage et mettre à mal notre agriculture. Libre à vous de souhaiter la décarbonation. Depuis 18 ans je me bats au niveau associatif contre l’impact des projets industriels de la zone de Fos, j’ai appris à me méfier des impacts de ce développement sur notre territoire. Si au moins le modèle industriel était porteur de progrès social, de bien vivre et de plein emploi. Je vous invite à regarder de plus près les chiffres sur la zone, le taux de chômage, le taux de revenus par foyer, le bilan de santé. Ce territoire industriel n’est pas le bijou que l’on nous présente. C’est une catastrophe humaine, écologique et sociale. C’est un territoire sacrifié et il nous appartient de défendre notre territoire. Mais je suis content de constater que pour une fois, vous rejoignez le combat de Changeons d’Avenir et que vous vous associez à notre discours sur la préservation des terres naturelles et agricoles, des paysages, de la nappe phréatique et du cadre de vie. Vous vous y associez tellement que vous reprenez mes propos dans la Provence puisque j’avais pu dire lors d’un récent conseil communautaire que le développement énergétique sur le territoire était mené « à la hussarde » par un gouvernement pressé de rattraper des années d’inaction sur le terrain de la lutte contre les dérèglements climatiques. Je note la schizophrénie qui consiste à rejeter le projet RTE au nom de la protection des terres agricoles, des paysages, du cadre de vie et de la santé tout en continuant à porter haut et fort le projet d’autoroute au nord de la Camargue qui aura au moins autant d’impacts. 150 ha détruits, une centaine d’expropriations, un impact important qui va nous mettre en difficultés sur la nappe phréatique. Vous avez une conviction à géométrie variable lorsqu’il s’agit d’écologie. Ce que je vois, c’est l’opportunité pour vous de vous présenter en fer de lance de l’opposition à ce projet, comme l’a titré la Provence « le conseil communautaire vote comme un seul homme derrière le Maire ». Je m’inscris en faux. Pour une fois, vous rejoignez nos idées et notre combat. Pour une fois, nos trajectoires se rejoignent et c’est assez rare pour le noter. Nous ne votons pas derrière vous, ni même avec vous, nous votons contre ce projet écocide, fidèles à nos convictions.

Madame Guintolli : « Je m’associe aux propos de Cyril Girard, tout cela est très tiède. Il n’y avait aucun élu aux réunions de RTE dans les hameaux (…) je regrette que tout ça se fasse de cette façon ».

Nicolas Koukas, lui, va se féliciter de « l’unanimité des élus sur ce dossier » et revient sur la formule magique du moment « il ne faut pas opposer les territoires, car selon la chambre de commerce 15 à 18% des Arlésiens vont travailler dans la zone industrialo-portuaire ».

Mohamed Rafaï : « Je ne ferai pas la fine bouche et je suis fier que l’ensemble du conseil municipal vote cette motion. Nous avons tous de l’intérêt pour notre territoire, nos concitoyens, et même au-delà, pour toutes les espèces et tout le vivant ». Une prose anti-spéciste rare dans un conseil municipal ! Et de noter l’absence totale de mobilisation du PNR de Camargue (dirigé par une élue proche de Monsieur Muselier depuis la démission forcée de notre Maire, poussé dehors par ce même président de région). En-dehors de cette prise de position publique, il est vrai que Monsieur de Carolis a fait preuve de peu d’initiatives sur ce dossier.

Madame Guintolli y revient « ce projet est porté par l’État, ce sont vos amis, et je suis très inquiète. Il faut une consultation citoyenne sur ce sujet ».

Quelques prises de paroles plus tard, Monsieur le maire : « je vous ai fait passer justement une motion de soutien au monde agricole, quelqu’un souhaite-t-il la commenter ?». Vite expédiée comme présentation.

Nicolas Koukas note que nous l’avons reçu moins de 12 heures avant le conseil, contre le règlement intérieur et que c’est un délai trop court pour étudier une délibération. Le Maire de se défendre : « j’ai trouvé que c’était opportun de la présenter en vue des différentes manifestations à venir », dit-il en évoquant l’appel à mobilisation de la FNSEA et des jeunes agriculteurs contre la ligne RTE. Au moins, on sait ce qu’il considère comme étant « les agriculteurs ».

Je demande la parole.

Je découvre cette délibération ce matin et je note la méthode surprenante. La décrypter en dix minutes n’est pas chose aisée car il y a plusieurs niveaux de lecture dans cette délibération. Elle arrive au moment où une nouvelle molécule non-homologuée est autorisée en Camargue, réclamée par les riziculteurs, et dont on sait la forte toxicité pour les milieux aquatiques. Sans jeter la pierre à tous les agriculteurs, sans avoir une vision monolithique de ce métier, j’ai déjà pu m’exprimer sur les niveaux de pollution des zones humides de Camargue. Quelle ambiguïté de soutenir l’Agriculture (avec un grand A). De quelle agriculture parlons-nous ? Il n’y a pas une agriculture, il y a plusieurs modèles agricoles, et il y a même un projet par exploitation agricole. Sur la protection des terres agricoles je n’ai aucun problème avec ça, cela fait plusieurs week-ends que je rencontre les agriculteurs de la Draille marseillaise, très inquiets de voir leurs exploitations disparaître à cause de l’autoroute, et ça fait 15 ans que je défends les terres agricoles. Mais il y a plusieurs agricultures. Laquelle défend-on ? Un récent rapport montre bien que la majorité des aides publiques sont ponctionnées par l’agro-industrie et que les petits exploitants en sont les parents pauvres. Sur notre territoire, ce sont les céréaliers qui profitent le plus des aides, certaines exploitations touchent 250 000 € par an d’aides de la PAC, au détriment des éleveurs. Est-ce que l’on défend une agriculture locale ? Je prends mes produits en vente directe chez un agriculteur local et je n’ai jamais vu un membre de cette assemblée s’y servir aussi ou prôner ce modèle. Je vous vois soutenir le modèle de la logistique et l’autoroute qui sont les outils pour faire arriver des côtes de mouton d’Australie sur nos étals à des prix défiant toute concurrence. C’est la Schizophrénie de votre propos, avec cette délibération qui dénonce la « concurrence déloyale », alors que vous êtes le promoteur de ce système libéral. Il y a une crise structurelle de notre modèle agricole et le passage vers un autre modèle plus respectueux est impossible à cause notamment des lobbies de l’agro-chimie qui s’imposent face aux décideurs et aux législateurs. C’est le lobbying le plus intense dans les couloirs des institutions européennes. J’ai beaucoup de respect pour les agents et le travail du PETR, un peu moins pour votre vision des choses. J’aimerais avoir votre avis sur le produit dont j’ai parlé tout à l’heure. La Maire des Saintes s’est opposée fermement à la mise sur le marché de ce produit. Ça m’éclairera sur votre vision de l’agriculture. On peut crier au loup sur les empilements réglementaires, le respect des normes, mais dans tous les travaux il y a un cadre réglementaire et des normes. De quoi parle-t-on ? Cette délibération est totalement vide de sens. C’est démagogique et opportuniste, vous vous appuyez sur un mécontentement disparate et diversifié. Éclairez-moi s’il vous plaît sur votre avis sur ce produit, qui me permettra de comprendre de quelle agriculture nous parlons.

Monsieur le Maire note « avec humour, que tout à l’heure, vous vantiez le sérieux des services du PETR qui vous engageait à la confiance, et vous aviez raison. Cette motion a été votée et préparée par le PETR et il nous l’ont transmise comme il l’a fait pour les 29 communes du Pays d’Arles. C’est quelque chose qui vient du PETR. »

À ce moment-là, soit Monsieur le Maire ment effrontément, et ce ne serait pas la première fois, soit il n’a pas suivi la rédaction de cette délibération et ça en dit long sur son implication dans les délibérations qui arrivent sur son bureau. Dans les deux cas, il est fautif. Renseignement pris, cette délibération a été adoptée dans de nombreuses communes du Département. Il s’agit d’une délibération concordante rédigée par le Département et l’Agglomération. Il s’agissait de faire preuve d’opportunisme durant les manifestations du monde agricole d’il y a deux mois (vous savez, ces manifestations au sujet desquelles Darmanin a dit : « J’entends la question des deux poids, deux mesures. Je me refuse d’envoyer des CRS sur des gens qui travaillent. Il est hors de question de considérer des gens qui travaillent de la même façon que des délinquants ». Alors même que les dégradations des manifestants se chiffrent en millions d’Euros et que des violences ont été commises durant ces manifestations sur des locaux et des agents notamment à l’Office français pour la biodiversité. Darmanin oppose ici les agriculteurs qui travaillent aux écolos qui luttent contre l’A69 ou contre l’installation des méga bassines.)

La délibération est ensuite passée entre les mains du PETR qui gère le PAT (Projet alimentaire territorial, vous suivez ?), qui a rajouté une ligne sur son action, histoire d’adapter le contenu au contexte. Mais en aucun cas cette délibération n’a été rédigée ou portée par le PETR. L’avantage des discours agricoles qui soutiennent le modèle industriel, c’est qu’ils sont assez faciles à reconnaître.

« Sur la riziculture, je vais passer la parole à Monsieur Abonneau qui va vous répondre et qui connaît le sujet mieux que quiconque puisqu’il travaille dans ce secteur ». Ou comment se défausser d’une question. Vraiment, sur la ruralité, Monsieur le Maire n’a aucune vision. Mais surtout, Monsieur Abonneau, qui travaille depuis quelques mois au Centre Français du Riz, est donc invité à s’exprimer en tant qu’expert et à porter la parole de cette équipe municipale, ou plutôt de son employeur. Car c’est cette casquette qu’il porte à ce moment-là. Le premier adjoint moquait tout à l’heure les élus qui « confondaient intérêt public et intérêt particulier. » Et on a, dans la foulée, un Maire qui demande à un élu de porter la parole de son employeur avec sa casquette d’élu. Monsieur Abonneau défendait jusqu’ici les intérêts des loueurs de meublés au conseil municipal (et ils sont nombreux dans l’équipe de Carolis). Le voilà maintenant invité à défendre les intérêts de son employeur. La frontière est inexistante entre l’intérêt public et les intérêts particuliers avec cette équipe !

Et on ne sera pas déçu du voyage. Monsieur Abonneau a l’intention d’user des arguments d’autorité ! « Je vous signale que cette molécule est utilisée depuis 4 ans en Camargue » tance-t-il, « la France est le pays d’Europe où il est le plus compliqué d’avoir des substances pour pouvoir travailler ».

Sans doute considère-t-il que si l’on ne met pas un peu de chimie dans son champ, on n’est pas un vrai agriculteur ! Et ça continue de plus belle, on se croirait à une réunion de travail chez Monsanto « cette molécule dont vous avez rappelé la toxicité, a priori, mise en avant par une personne – je n’ose pas utiliser le mot de journaliste (…) ce n’est pas à moi de m’exprimer d’un point de vue politique c’est le Syndicat des riziculteurs qui le fait ! Cette substance n’est pas toxique comme aime à le mettre en avant Monsieur Clément. »

Ça continue comme ça un long moment. C’est l’intérêt particulier d’un petit groupe d’acteurs du monde agricole qui est défendu sans vergogne par un élu du conseil municipal, à grands renforts d’invectives et de mensonges. Permettez-moi, chères lectrices, chers lecteurs, de vous rappeler, en quelques mots, comment ce que Monsieur Abonneau appelle « travailler » impacte nos écosystèmes.

Nous retrouvons dans les étangs de Camargue un total de 54 polluants : 34 substances actives de pesticides différentes, avec 27 pesticides dans le Fumemorte, 20 pesticides dans le Versadou et 11 pesticides dans le Rousty. Quatre composés organométalliques, trois types de phénols, sept composés organiques volatils. La plupart des pesticides retrouvés sont interdits depuis des années : 2004, 2007 ou 2009. Les fongicides retrouvés sont interdits depuis 1991, 2000 ou 2003.

Cinq pesticides dépassent leurs valeurs de PNEC par leurs concentrations maximales : 2.4-MCPA, cyhalothrine lambda, azoxystrobine, tebufenozide et oxadiazon. Parmi eux, la concentration moyenne (NQE-MA) en cyhalothrine lambda dépasse également sa valeur de PNEC 289 fois. Deux pesticides retrouvés voient leurs concentrations moyennes annuelles dépasser leur NQE-MA : il s’agit du metolachlor (interdit) et de la cyhalothrine lambda, respectivement de 1,42 fois et 275 fois. Deux pesticides dépassent leur NQE-CMA connue par leurs concentrations maximales quantifiées durant campagne : la cyhalothrine lambda (insecticide quantifié une fois en juin) et l’azoxystrobine respectivement de 137,5 fois et 1,45 fois.

Ainsi les principaux ETM (éléments traces métalliques) rencontrés dans les eaux des canaux du Fumemorte et du Versadou sont : l’antimoine (Sb), l’arsenic (5X), l’aluminium (Al), le baryum (Ba), le bore (16 à 17 fois la PNEC en mars), le cuivre (Cu), le nickel (Ni), le manganèse (Mn), le molybdène (Mo), le vanadium (V), le zinc (Zn), le titane (Ti), l’uranium (6X) et le fer (Fe).

En termes réglementaires, la qualité de l’eau est donc classée en mauvais état chimique.

Ils ont bien travaillé, les patrons de Monsieur Abonneau ces dernières années !

Jean-Frédéric Déjean prend la parole et évoque une délibération creuse, qui fustige les règlements sans dénoncer clairement les accords de libre-échange. Il dénonce une délibération non préparée et s’abstiendra. Mohamed Rafaï dénonce le système agricole dans son ensemble sans opposer agriculture conventionnelle et agriculture biologique, mais votera pour et se félicite de cette motion.

Madame Guintolli nous dit que « Agir pour Arles » va s’abstenir. Elle dénonce un procédé démagogique et demande au Maire de répondre à ma question quant à l’agriculture qu’il souhaitait défendre et s’il soutenait la dérogation pour la molécule Avenza en rizière humide. En tant qu’agricultrice, elle s’abstiendra.

Le Maire me redonne la parole et je suis obligé de démonter l’argument de Monsieur Abonneau sur la non-toxicité du produit puisque

Dans le document de mise sur le marché de la molécule il est bien précisé qu’elle est toxique pour les milieux aquatiques et qu’il est déconseillé de l’utiliser près des points de captage d’eau. Vos mensonges sont tellement gros que ça en est ridicule. Vous nous dites que ces produits sont utilisés ailleurs, mais s’il faut s’aligner sur les pays qui travaillent dans les pires conditions sociales et environnementales pour construire notre modèle agricole, je vous laisse ce choix. Et je comprends maintenant clairement quel modèle agricole vous défendez. Et quand est évoqué le sentiment d’abandon des agriculteurs dans cette délibération, cela fait trois ans que je dis au conseil communautaire, qui a la délégation de l’agriculture, qu’est-ce que l’on fait pour les agriculteurs ? Et ça fait trois ans que vous ne faites rien. De votre côté vous allez couper une centaine d’exploitations agricoles et les mettre en difficulté avec le projet d’autoroute. Je n’ai pas besoin, de voter cette délibération pour soutenir ces agriculteurs.

Plus d’une heure de conseil vient de s’écouler et l’on n’a pas fait un pas vers le programme annoncé. Je m’abstiens sur cette motion.

La délibération n°2 arrive et c’est Monsieur Souque qui la porte. Il s’agit du Contrat de ville, c’est à dire des engagements de la commune en matière d’action sociale pour les cinq prochaines années. C’est toujours amusant de voir un ancien membre du Front National nous vanter la « mixité sociale et générationnelle » et la « lutte contre les discriminations ». Mais lorsqu’on lit en détail le document fourni, il reprend les antiennes sécuritaires que l’on connaît bien.

Je prends la parole :

Ce rapport est le fruit d’un travail d’analyse et de synthèse fait au doigt mouillé, qui a le bon goût de faire coïncider votre vision de la politique de la ville avec votre action, ou plutôt votre semblant d’action. Une soi-disant étude pour nous dire que dans les quartiers, la sécurité, le cadre de vie, et la jeunesse sont les principales préoccupations des gens. Il n’y avait pas besoin de faire une enquête pour sortir ça.

Ce qui transparaît à travers ces revendications, c’est l’échec de votre action : sur la sécurité, vous n’êtes arrivé à rien dans les quartiers ; sur le cadre de vie, on a des quartiers pas nettoyés, des travaux de voiries qui ne sont jamais allés jusqu’aux quartiers ; et sur le thème de la jeunesse, on a surtout une communication tous azimuts pour pallier la faiblesse des actions vers la jeunesse : centres sociaux à l’abandon, proposition de vacances limitées.

Votre manque d’ambition pour la politique de la ville et ses territoires de la commune transpire également dans le dossier NPNRU (Nouveau programme national pour le renouvellement urbain), ce n’est pas moi qui le dis.

Ce Contrat de ville est un amoncellement de bonnes intentions. Il y a tout un tas de formules totalement creuses qui n’engagent que ceux qui les croient et qui s’appuient surtout sur l’action des autres acteurs sociaux. Vous passez votre temps à vous délester de vos responsabilités sur les autres acteurs.

Même dans ce qui vous anime – la  sécurité – on en est au minimum syndical : réponses légères, dispositif de police mobile, retour du CLSRPD (Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance), il était temps mais c’est de votre responsabilité s’il n’était plus en place.

Vous nous dites maintenant que votre action va être le contraire de ce que vous avez fait avec des budgets toujours plus contraints ?

Vous êtes prisonniers de votre vision dogmatique et hors sol de la politique de la ville. Un seul exemple : à l’Espace Van Gogh il y avait trois médiateurs sociaux dans le cadre d’un marché avec la régie Regards. Ils intervenaient notamment à la Médiathèque et dans tout l’Espace Van Gogh. Parce que si ces espaces sont ouverts à tous, tout le monde n’a pas les codes pour que la Médiathèque soit un espace serein. Ce marché avait été passé il y a quelques années après de sérieux problèmes dans ce lieu et au pôle universitaire. Leur présence était appréciée, elle a permis de sécuriser l’espace, de permettre aux agents de la médiathèque de se concentrer sur leur travail et d’accueillir tous types de public. Puisque la lecture est l’objectif du Plan éducatif de territoire.

Fort de ce bilan et de cette situation, vous n’avez pas renouvelé le contrat avec Regards, qui a été obligé de licencier ces 3 médiateurs, et en revanche vous avez habillé l’huissier à l’entrée de l’Espace Van Gogh en vigile avec tenue sombre et chaussures de sécurité. Cette situation est l’illustration la plus parlante de votre politique.

Face A : communication, festivals, ode à la lecture, lecture priorité éducative, contrat politique de la ville, prévention, votre grand bla bla habituel.

Face B : destruction des outils de prévention, mise en difficulté des acteurs locaux (régie Regards évincée des quartiers, résiliation de contrat de nettoyage de piscine puisque plus de piscine, etc.).

Même quand un dispositif marche, vous le détruisez. Quand vous avez des gens en poste avec des profils éloignés de l’emploi, vous les mettez plus bas que terre.

Vous n’en avez rien à faire de la prévention, vous n’avez que mépris pour les travailleurs sociaux, vous avez déjà viré les médiateurs de l’ADDAP (Association Départementale pour le Développement des Actions de Prévention) des bus.

Parce que l’insécurité est de toute façon votre fonds de commerce, et que votre électorat ce n’est pas celui des quartiers. Quand je discute avec les structures sociales et qu’ils me parlent des acteurs locaux, je leur demande « la mairie aussi ? » et on me répond, en riant jaune : « Mais la mairie on ne les considère plus comme des acteurs locaux, on fait sans eux. »

Vous voulez faire des économies : comment est-ce possible d’arguer de ça, lorsqu’on a un élu à la solidarité qui ne déclare pas sa piscine pour se soustraire à l’impôt et ne pas s’acquitter de sa part de solidarité ? Lorsque l’on paye des élus depuis trois ans qui ne viennent même pas au conseil municipal ou qui ont des délégations fantômes. Les économies, c’est pour tous les autres, mais pas pour vous. Les investissements de la voirie c’est partout, sauf dans les quartiers.

15 000 € la soirée de vœux du maire. 144 000 euros pour le Tour de Provence. Vous ne faites pas une politique d’économie, vous faites une politique de choix budgétaires, et ces choix, ce sont du bling bling, de la cosmétique, de l’événementiel au détriment des Arlésiens, et surtout des Arlésiens les plus précaires.

Et vous venez nous expliquer que la politique de la ville, ce sont des synergies et que ça ne se compte pas avec les moyens financiers qu’on y met. Se moquer des Arlésiens à ce niveau-là, Monsieur Souque, c’est du grand art. Je m’abstiendrai de voter cette délibération.

Après quelques échanges entre Nicolas Koukas, Mohamed Rafaï et Monsieur Imbert, Madame Pétetin tient à me répondre : « au sujet de Regards, ces trois médiateurs avaient été mis en place il y a 15 ans pour des problèmes de drogue. Aujourd’hui, le problème de la drogue s’est déplacé, c’est dans le QPV (elle ne doit pas trop sortir sur Arles Madame Pétetin pour dire cela, mais ça en dit long sur l’image imprimée dans son esprit sur les QPV.) Donc nous avons fait un essai sans les médiateurs et nous attendons les retours. »

Donc dans l’esprit de Madame Pétetin, les médiateurs servent à faire la chasse aux dealers ! Pour autant, elle en arrive à nous avouer que la présence des médiateurs a permis de rendre l’Espace Van Gogh serein et donc, comme c’est calme on va se débarrasser des médiateurs !

On enchaîne sur la délibération du projet NRNRU de Barriol. Madame Aspord, de sa voix posée qui me rappelle celle qui annonce mes horaires de trains, nous présente une succession de plans de Barriol avec des bâtiments colorés, sans légende, ce qui fait qu’on ne comprend toujours pas ce qui va rester, ce qui va être démoli. En outre, les plans et les couleurs sont différents à l’écran de ceux que l’on a pu voir dans la documentation qui nous avait été fournie. Ça sent le foutoir à plein nez, et à la fin, personne n’a encore compris à quoi allait ressembler le quartier dans quelques années.

Je m’exprime là-dessus :

Les dossiers fournis en annexe nous permettent d’y voir plus clair sur ce dont il s’agit : un projet urbain, et pas un projet social, comme vous essayez de nous le faire croire. Surtout, ce dossier est un doigt pointé vers les carences de la municipalité dans ces quartiers, et nous interroge sur les choix de voiries notamment que vous avez fait. En voici quelques extraits :

« A l’usage, les ponts sont dangereux. Les collégiens empruntent le Pont de Réginel pour aller au collège à pied. La distance est courte mais insuffisamment aménagée pour circuler à vélo ou marcher dans un cadre agréable et sécurisé́. De manière générale, la problématique des cheminements doux à l’échelle du NPNRU concerne l’ensemble du territoire arlésien. On relèvera cette contradiction forte du projet urbain établi qui concentre les moyens à l’aménagement des espaces du cœur de quartier mais ne retisse pas de manière claire les liens à travers le territoire en commençant par les abords immédiats et les entrées stratégiques du quartier, même si le schéma d’ensemble en affiche l’intention. »

« De l’aveu des acteurs eux-mêmes, la difficulté est que l’on veut bien améliorer le quartier, mais sans mettre trop de moyens. »

« La structure du quartier renfermée sur elle-même favorise les zones de non droit, en particulier avec des espaces publics dévoyés au profit du stationnement et des voitures garées partout, des espaces de jeux pour enfants dégradés, des lieux d’agrément quasi inexistants, des terrains vagues et des aménagements paysagers insuffisants qui accentuent l’effet de vide. »

« Une problématique du quartier soulignée par les acteurs concerne également les difficultés d’entretien d’espaces dégradés, de traitement des ordures ménagères et des encombrants, des gravats extérieurs déposés en passant par des habitants venant de l’extérieur du quartier, ou encore des cagettes qui traînent après les marches, ce qui est un vrai problème pour les habitants. »

« Le problème est aussi lié à l’insuffisance de déchetteries sur Arles et de la différentiation de responsabilités entre la ville et ACCM, entre les déchets et les encombrants. Surtout, une reconquête ambitieuse des espaces publics, (…), ainsi que des équipements conséquents dédies à la collecte des ordures et encombrants est à̀ opérer rapidement pour rendre plus fonctionnel le quartier pour ses habitants en leur permettant de s’approprier davantage leur espace de vie, et changer l’image négative du quartier. »

Un rapport qui consacre le fait que la Frontière de Barriol est sociale et pas géographique : l’enclavement du quartier, n’est pas un vrai enclavement, c’est plutôt un isolement intérieur plutôt par rapport au reste de la ville. En effet, Barriol est un quartier de ville à part entière.

Un rapport qui nous dit que rien n’est prévu pour que s’opère un vrai décloisonnement.

Un rapport qui met en cause les manques de moyens de la municipalité dans les quartiers, habitants de seconde zone, rien pour le tri, rien pour la salubrité.

Donc oui à une rénovation urbaine à Barriol, mais pour quel projet social ? Quel est le projet global de mobilité qui fera en sorte que Barriol, malgré sa proximité immédiate avec la ville, en fasse désormais partie ?

De plus, sur les programmes de rénovation urbaine, il faut s’appuyer sur les retours d’expérience. Fragilité des plus pauvres qui disparaissent souvent après les projets NPNRU. Va-t-on reloger tout le monde ? Vous parlez souvent du port de plaisance, il y a une volonté à peine dissimulée de déménager le quartier gitan. Ce projet de requalification, creux pour le moment, ne pourra pas faire l’économie d’un projet social que nous ne voyons pas se dessiner. Le doute vous profite pour le moment vu le flou du projet, mais nous serons très vigilants à ce que ce projet ne soit pas juste un coup de peinture pour changer le décor, sans rien changer d’autre. 

Nicolas Koukas et Mohame Raffaï s’expriment à leur tour et enfin Madame Guintolli : « Agir pour Arles votera “pour” cette délibération mais j’avais écouté lors d’un précédent conseil Cyril Girard nous parler de certains aspects que je n’avais pas bien compris. Je suis donc allée me documenter ». Et de reprendre mot pour mot l’argumentaire que j’avais développé lors d’un récent conseil sur ce sujet, sur inefficacité des NPNRU sur le plan social. Sur le fait qu’il s’agit souvent d’un ripolinage qui ne change pas foncièrement les problématiques et que parer ces NPNRU de toutes les promesses non tenues ailleurs était un mensonge ! Elle est presque prête à prendre sa carte d’adhérente à Changeons d’Avenir !

Il ne se passe plus grand chose jusqu’à la délibération qui touche au passage de la Flamme olympique. J’interviens pour noter le coût particulier de l’évènement :

Quitte à filer la métaphore combustible, disons qu’on a du mal à s’enflammer pour cette délibération. Nous sommes assez circonspects sur l’olympisme aujourd’hui et avons de plus en plus de mal à y déceler le moindre esprit hérité de Coubertin .

Les jeux et les grandes messes sportives internationales sont devenus malgré les effets d’annonce, sur des critères sociaux et environnementaux, totalement anachroniques et en décalage avec les attentes de notre époque. Les récentes révélations sur l’argent brassé et la candidature des Alpes pour les JO d’hiver n’arrange rien à leur image.

Paris n’échappe pas à la règle pour l’instant : sur le bilan écologique, on a déjà vu menacer les jardins d’Aubervilliers et la Seine-Saint-Denis se trouve, contrairement à ce qui lui a été promis, menacée. Sur le bilan économique, on avait un projet initialement chiffré à 7 M€ et on sait qu’il
dépasse déjà 9 M€. L’expérience des villes précédentes montre en général que les budgets prévisionnels sont dépassés de 116 %. C’est en tout cas le cas depuis 1968. Sur le bilan sécuritaire – et vous savez que c’est une chose qui nous tient particulièrement à cœur, c’est la raison pour laquelle on s’abstiendra – vous avez probablement entendu parler de l’article 7 du projet de loi relatif aux Jeux Olympiques qui a été examiné au Sénat le mois dernier. Il s’agit de légaliser la vidéo surveillance algorithmique de façon, paraît-il, expérimentale pour toutes manifestations sportives, culturelles ou récréatives, et ce jusqu’au mois de juin 2025. C’est donc à l’intérieur d’un projet de loi Jeux Olympiques mais, en réalité, l’expérimentation se prolonge jusqu’en 2025. On a déjà largement eu l’occasion d’exposer nos désaccords fondamentaux sur la question de la vidéosurveillance, plus encore sur les dérives à la fois en termes de contrôle de la société et d’inflation sécuritaire que portent ces nouvelles technologies de surveillance, en particulier, de surveillance automatisée.

On a la preuve sur toutes les éditions précédentes que les vrais gagnants des Jeux Olympiques sont toujours les mêmes, c’est-à-dire les multinationales du BTP, les promoteurs immobiliers, les grands sponsors qui font fabriquer leurs équipements par des petites mains en Inde ou en Chine par des enfants ou des prisonniers et qui sont relayés maintenant par les entreprises privées de surveillance et de sécurité.

Nous pensons – et je pense que c’est une chose que l’on partage avec vous – que le sport est quelque chose de très important et que le sport amateur plus encore mérite tout notre soutien, et tout notre respect. Et que tous les efforts de la commune devraient être tournés vers une offre de qualité et des équipements dignes de la passion des bénévoles arlésiens. Or c’est tout le contraire, vous avez fermé la piscine Tournesol pour faire des économies, il a fallu qu’en enfant à Fournier se prenne un rideau coulissant sur la figure pour que vous réagissiez en pompier en essayant de faire de menus travaux par ci par là. La clôture du terrain de tennis du gymnase Louis Brun s’est effondrée et encore hier les enfants s’entraînaient quand même, alors qu’il y a des barrières autour de cette clôture (notons que trois jours après cette intervention la mairie réparait la clôture).

Bref encore une fois le bling bling du sport l’emporte sur la pratique au quotidien des Arlésiens. La moindre des choses pour une commune qui accueille la Flamme serait d’être exemplaire dans sa manière de traiter le sport sur son territoire, ainsi que dans le traitement au niveau subvention des assos et dans l’attention que vous prêtez aux conditions de pratique des Arlésiens. »

Quelques minutes après, on finit par avoir le coût pour la collectivité de ce passage, environ 100 000 €. Madame Graillon jugeant sans doute qu’elle était mieux placée que les autres pour défendre ce dossier porté au départ par Sybille Laugier, nous parle de « l’honneur qui nous est fait, dans d’autres villes, la flamme ne s’arrête pas. C’est exceptionnel pour notre ville, des Jeux Olympiques il y en a une par siècle en France (ben du coup avec Albertville dans les années 80 et Paris en 2024, on peut espérer d’après l’agence de consulting Graillon & Co. qu’on n’aura pas les prochains Jeux d’hiver!). « Mais Monsieur Girard vous n’aimez pas les symboles, il faut arrêter de polémiquer et mettre un peu de bonheur. Si ça coûte aussi peu cher c’est grâce au Département (sous-entendu j’ai bien fait mon travail de conseillère départementale). »

J’aimerais pouvoir répondre, mais Monsieur Jalabert, pour des raisons que j’ignore, fait la police du conseil et me refuse la parole. C’est vrai qu’il est plus de midi, le conseil dure depuis 2h30 et on a passé… quatre délibérations. Bon, mais moi je suis venu pour m’exprimer, surtout lorsque je suis pris à partie directement. Ni une ni deux, je plie bagage et quitte le conseil. C’est la troisième fois qu’on me refuse la parole depuis le début de la réunion et je refuse de rester sans pouvoir m’exprimer. Ce que j’ignore à ce moment-là, c’est que le reste de l’opposition fera la même chose quelques minutes plus tard, obligeant le conseil municipal à s’arrêter faute d’avoir le quorum. Avec ses 21 conseillers présents, Monsieur de Carolis ne peut pas aller au bout de l’exercice. La mauvaise nouvelle c’est que les délibérations non portées seront à l’ordre du jour du prochain conseil municipal qui risque d’être énorme ! Pas sûr d’avoir envie d’en faire le compte-rendu !