Catégorie : Actualités (Page 1 of 7)

Conseil municipal du 2 octobre 2025 – Ascenseur pour le 4e sous-sol

A chaque saison son format. Ce mois-ci, Virginie Maris nous livre un commentaire 100% distanciel, dans une ambiance Carnets du sous-sol, sur cet étrange conseil municipal auquel les élus de l’opposition n’ont pas assisté.

Alors ce n’est plus l’esprit d’escalier, c’est carrément l’ascenseur pour le 4e sous-sol qui m’empêche de dormir ce jeudi soir. J’avais bu suffisamment de café pour tenir le coup lors de ce conseil que j’imaginais fleuve, avec les presque 50 délibérations à passer au vote. Mais au moment où le Maire commença l’appel, avec déjà 10 bonnes minutes de retard, seuls 21 élus de la majorité étaient présents, soit deux de moins qu’il n’en faut pour atteindre le quorum qui nécessite 23 présents. L’opposition décida de quitter la salle pour n’être pas les faire-valoir de cette majorité amputée d’un tiers de ses membres.

Selon le règlement intérieur (chapitre III, article 11) et le CGCT (article L2121-17), si le quorum n’est pas atteint, le Maire doit reconvoquer le Conseil municipal à au moins trois jours d’intervalle.

Je ne vous cache pas que je suis un peu perplexe sur l’interprétation de ce texte de loi, mais d’autres semblent convaincus que l’absence de quorum au moment de l’appel invalide l’ensemble de la séance et des délibérations qui pourraient y être votées. Ce ne fut en tous cas pas l’avis du Maire. Il considéra qu’il suffisait d’attendre un peu, éventuellement de passer quelques coups de fil pour houspiller les absentéistes, et qu’enfin, une grosse demi-heure plus tard, l’arrivée de deux élus retardataires l’autorise à reprendre la séance, sans nouvelle convocation et sans aucune opposition pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Et pourtant, c’est tout un fagot que nous avions en réserve pour ce conseil municipal qui joue, comme au poker, l’avenir de la ville. Car ce dernier semestre de mandat prend des allures de grande braderie avant fermeture, avec le déclassement et la vente de deux sites phare de la ville.

Nous espérons que la loi sera respectée et que le Maire aura l’obligation de remettre en débat ces délibérations votées dans un cadre non-réglementaire. Mais dans le doute, je propose de commenter, pour nos lecteurices, deux délibérations particulièrement critiques de ce conseil, auxquelles j’ajouterai les commentaires de Cyril à propos de la Convention de relogement des habitants de Barriol et même (pourquoi se priver ?) une petite « question diverse » que j’avais transmise au cabinet 48h avant le conseil, comme le règlement nous y oblige.

Ascenseur donc, tout le monde descend ! Au -1 pour les Minimes ; au -2 pour Mistral ; au -3 pour l’hôtel de police ; et au – 4 pour Barriol.

Premier sous-sol – Les Minimes

N°23 : DÉCLASSEMENT ET CONDITIONS DE CESSIONS FONCIÈRES DES MINIMES AU GROUPEMENT REDMAN / VESTIA LAUREAT DE L’APPEL A MANIFESTATION D’INTÉRÊT “CITE DE L’IMAGE

Image du projet Mix-Cité à Arles disponible sur le site du promoteur Vestia

J’ai déjà abondamment commenté cette vente du site des Minimes au groupement Redman et Vestia, deux promoteurs immobiliers qui surfent sur la vague Bas Carbone. On pourra discuter un autre jour de cet engouement des bétonneurs pour la novlangue du développement durable et rappeler que chaque tonne de béton supplémentaire, c’est du Carbone en plus dans l’atmosphère et de la terre en moins pour se nourrir. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande deux articles publiés dans la revue Terrestres, « Architecture et agriculture – en finir avec l’imaginaire métropolitain » de Xavier Bucchianeri et « En finir avec l’architecture-as-usual » de Mathias Rollot, qui dénoncent le greenwashing de ces nouveaux projets immobiliers et autres éco-quartiers high-tech.

Je ne reviendrai pas sur tout le mal que je pense du projet de “Cité de l’image et du vivant” et tout ce dont cette vente nous prive en bradant à des intérêts privés ce terrain public de 6,6 hectares, idéalement situé entre le centre-ville et les marais de Beauchamp, qui représente un potentiel inestimable pour mener une politique sociale et écologique dans notre ville.

Je vais m’en tenir aux remarques factuelles et questions précises que je souhaitais adresser à la majorité :

Quelles garanties sur le projet ?

Sur le projet dans son ensemble, j’étais surprise d’apprendre sur le site de Vestia que « le site s’implantera sur une friche militaire, réhabilitant ainsi un espace sous-utilisé pour créer un nouveau morceau de ville vivant et utile. ». Mais bon, que l’investisseur Montpelliérain soit un peu approximatif sur l’histoire de notre cité, on peut vivre avec. D’autres éléments sont plus troublants. On peut lire par exemple que le site « accueillera notamment un incubateur culturel, une fabrique de l’image, des résidences d’artistes, des espaces partagés, mais aussi des logements, un hôtel, des commerces et un tiers-lieu. »

Dans le projet déposé, une « possibilité d’hôtel à l’étude » est pudiquement évoquée dans le préambule, mais il n’en est plus jamais fait mention dans la description du projet, pas plus que les résidences d’artistes dont on pensait que l’empire immobilier de Maja Hoffman (qui, se murmure-t-il dans les chaumières, pourrait bientôt s’enrichir d’un impressionnant édifice entre les arènes et le théâtre antique. Vous voyez de quoi je parle ?) suffisait amplement à saturer la ville d’artistes en résidence. D’où ma question, ou plutôt, mon inquiétude. Le site, pour être vendu, doit être libre de toute servitude. Le PLU est très vague à ce stade puisque le zonage 1AUEm-m en fait une zone à urbaniser propices à toutes sortes de bâtis à l’exception des constructions agricoles (ah ben ça, c’est dommage !), des centres de congrès et d’exposition (ah ben ça, c’est précis !) et du commerce de gros (ah ben ça, c’est tant mieux !). Bref, une fois signée la vente, quelles garanties avons-nous que les promoteurs feront bien ce qu’ils ont projeté de faire ? Que ce terrain ne sera pas fractionné, revendu, détourné de son soi-disant rôle structurant pour la ville et les mobilités ? On m’aurait peut-être répondu que la Mairie garde la main sur les permis de construire, mais quand on s’oppose au projet rue Mireille et à tant d’autres immeubles sortis de terre comme des champignons, Mme Aspord rétorque que la ville ne peut pas refuser un permis de construire tant que le projet déposé est conforme aux dispositions du PLU. J’aurais aimé que M. Jalabert m’explique comment la ville peut s’assurer de la conformité de ce qui sera fait avec le projet qui nous est présenté. Et croyez-moi, j’en aurais pris bonne note, car je peux d’ores et déjà parier que ce que nous verrons pousser aux Minimes, si quelque chose y pousse un jour, n’aura rien à voir avec l’écoquartier dédié aux mobilités douces et à la mixité sociale qui nous est vendu dans la brochure de Redman et Vestia.

Quelle évaluation de France Domaine ?

Lorsque nous avons discuté de ce projet en conseil municipal le 3 avril 2025, M. Jalabert nous a dit que l’évaluation de France Domaine nous serait communiquée. Évidemment, nous n’avons rien reçu. Un peu plus tard pendant les discussions, il s’est fendu d’une remarque sarcastique sur le fait que nous n’étudions pas bien les dossiers puisque l’avis des domaines était mentionné dans la délibération. Alors en effet, c’est le cas de le dire, il est « mentionné ». On peut lire, dans la liste des visas :

« Vu l’avis de France Domaine no2024-13004-04598/DS 15897945 du 19 mars 2024 »

Or cet avis n’est présent ni dans le dossier, ni dans les annexes des délibérations d’avril ou d’hier, moins encore dans l’AMI, il est introuvable. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas qu’il y ait un avis, mais quel est cet avis. Autrement dit, selon les estimations de France Domaine, combien vaut aujourd’hui ce terrain sur le marché ? De mémoire, dans toutes les cessions de bâtiments publics qu’on a vu passer depuis le début de mandat (et il y en a un paquet!), l’évaluation de France Domaine était jointe au dossier et son montant explicitement indiqué dans la rédaction de la délibération. Ce n’est pas le cas cette fois-ci. Et cela devrait suffire à suspendre nos votes. Que l’on soit dans l’opposition ou dans la majorité, il me paraît impensable d’oser voter pour la cession d’un bien municipal à si fort enjeu sans avoir la moindre idée de sa valeur économique.

Quelles conditions suspensives ?

Il était écrit, dans la délibération No2 du conseil d’avril, qu’un pré-contrat serait signé au plus tard le 20 septembre 2025 et qu’il serait accompagné des conditions suspensives suivantes :

  • Obtention de la (ou des) autorisation(s) d’urbanisme nécessaire au projet, purgées des délais de recours et de retrait administratif.
  • Conditions usuelles relatives à l’état du sol et du sous-sol, notamment en matière de pollution et d’archéologie.
  • Formalisation des accords avec les partenaires par la régularisation de Promesses de Vente en Etat Futur d’Achèvement portant sur des valeurs minimales de cession pour le campus de l’image, le Cinéma et 4.200 m2 de Bureaux (ils sont à fond sur les majuscules 😉)
  • Toutes formalités légales préalables à la vente (déclassement du domaine public, …)

Dans la délibération du 2 octobre, l’échéance du pré-contrat est repoussée au 30 octobre 2025 et la liste de conditions suspensives s’allonge :

  • Conditions usuelles : purge des droits de préemption/préférence, origine de propriété, absence de servitudes (ou le cas échéant modification des servitudes existantes) ou de cahier des charges rendant le projet de l’acquéreur incompatible ;
  • Condition suspensive de désaffectation effectif et de déclassement des parcelles appartenant à la Commune conformément aux dispositions du Code Général de la Propriété des Personnes Publiques (CGPPP) et notamment l’article L3112-4. Étant précisé que la réalisation de cette condition devra impérativement intervenir avant l’obtention de la première autorisation d’urbanisme, soit prévisionnellement au plus tard le 30 mars 2026. A ce titre, le groupement est d’ores et déjà expressément autorisé à déposer toutes autorisations d’urbanisme sur les parcelles constitutives de l’assiette du projet.
  • Obtention des autorisations d’urbanisme nécessaires au projet (permis d’aménager et permis de construire), ayant acquis un caractère définitif, aux fins d’autoriser la réalisation de l’opération projet par le Groupement REDMAN/VESTIA, tel que plus amplement décrit ci-dessus. Étant précisé qu’une convention de réalisation des places de stationnement de la tranche 1 sera nécessaire sur le terrain de la tranche 2.
  • Absence de variation du régime et des taux des taxes et participations d’urbanisme applicables au projet entre la date de remise des offres et la date d’obtention des autorisations de construire,
  • Conditions usuelles relatives à l’état du sol et du sous-sol, notamment en matière de dépollution, de géotechnie et d’archéologie.
  • Formalisation des accords avec les partenaires via la régularisation de Promesses de Vente en État Futur d’Achèvement portant sur des valeurs minimales de cession à des conditions financières usuelles pour le campus de l’image, le cinéma, les bureaux et la résidence étudiante sociale.
  • Obtention des autorisations environnementales et administratives définitives nécessaires à la réalisation de l’opération projetée : étude d’impact, Dossier Loi sur l’eau, absence de découverte d’espèces protégées
  • Terrain d’assiette de l’opération libre de toute location/occupation ;
  • Une durée d’avant-contrat adaptée aux enjeux du projet.
  • Caractère définitif de la présente délibération ;
  • Une indemnité d’immobilisation qui pourra prendre la forme d’une garantie intrinsèque.

Clairement, les tenants et les aboutissants de cette longue liste me dépassent. S’il y a parmi nos chères lecteurices des personnes compétentes pour décoder ce langage technique, nous serions vraiment très preneurs d’une petite exégèse juridique. Mais il y a quand même un truc qui me fait tiquer. Pour un écoquartier, que dis-je, pour une « Cité de l’image et du vivant », qui se targue d’une « intégration au vivant », notamment grâce à « l’intégration d’un écologue dans l’équipe de maîtrise d’œuvre ; l’inspiration de la démarche Effinature® et Biodiversity® (alors là j’ai cherché, ça n’existe pas, mais ils devaient faire référence au label BiodiverCity® construction, bon on va pas chipoter hein 😁… ?) ; la mise en place d’un cahier des charges “biodiversité” du projet », n’est-il pas un peu paradoxal d’envisager annuler l’achat du terrain s’il s’avérait qu’on y trouve une espèce protégée. Parce que, autant leur dire tout de suite, des espèces protégées il y en a assurément pléthore dans ce site qui a bénéficié d’une grande quiétude pendant des années et qui est un point de jonction entre divers espaces verts alentours. Le très périmé relevé faune flore de 1993 avait déjà identifié 28 espèces animales bénéficiant d’un statut de protection. On me chuchote à l’oreillette qu’il y en aurait aujourd’hui bien plus et avec des statuts de protection autrement plus forts. Évidemment, c’est contraignant et on ne peut pas détruire et bétonner à sa guise quand on s’installe sur l’habitat d’espèces rares et menacées, mais si le pari est celui de la cohabitation avec le vivant, alors c’est une opportunité, un privilège même que d’avoir déjà un beau potentiel de biodiversité sur le site. Pour eux néanmoins, cela devient une clause rédhibitoire ; preuve que les discours de greenwashing de la Mairie et de ces boîtes à verdir le béton sont bien loin d’une attention écologique véritable.

Quelle protection de la vocation agricole des 3 hectares non-artificialisés ?

Je l’ai dit et redit. Nous devrions garder ce terrain si précieux pour le territoire dans le giron de la Mairie. Et même si l’on cherche des investissements privés pour le valoriser, il y a d’autres façons de les attirer qu’en nous dépossédant d’un bien si précieux. Par exemple, le bail emphytéotique permet de céder contre un loyer modeste l’usufruit d’un bien sans en perdre la nue-propriété. La Mairie a d’autres priorités en tête et il semble que sa soif de recettes soit inextinguible. Mais même avec cette vente à laquelle nous sommes opposés, il y aurait des façons de sécuriser les trois hectares que le projet promet de réserver aux espaces verts et aux activités agricoles. Je reprends ici quelques suggestions que j’ai faites dans mon « esprit d’escalier » d’avril dernier. Si la Mairie entend faire sa part dans l’atteinte des objectifs de ZAN (zéro artificialisation nette), elle pourrait :

  • réviser le PLU pour remettre cet espace en zonage agricole ;
  • contracter une obligation réelle environnementale (ORE) pour attacher une servitude environnementale et garantir la vocation non-constructible de cet espace pour 99 ans ;
  • diviser la parcelle et ne vendre au promoteur que la partie qui a vocation à être construite.

Bref, pour Changeons d’Avenir, il n’y a rien qui aille dans ce projet. Tellement rien que ça donne des envies de zbeul et d’auto-gestion. Vous connaissez le quartier des Lentillères à Dijon ? Je vous recommande de regarder un peu ce qui se passe là-bas : même projet d’écoquartier, même surface, même configuration du terrain.

C’est sûr que c’est pas ça qui va faire rêver de Carolis et Jalabert !

Deuxième sous-sol : L’espace Mistral

N°24 : DÉCLASSEMENT DE L’ANCIEN COLLÈGE FRÉDÉRIC MISTRAL
N°25 : CESSION DE L’ANCIEN COLLÈGE FRÉDÉRIC MISTRAL

Pour commencer, pas de meilleure présentation que celle que peuvent en faire les porteurs du projet eux-mêmes. Attention, vous allez en prendre plein les mirettes, jamais on n’aura tant aimé “ce gigantesque musée à ciel ouvert” (dixit Christophe Barillé, président de François premier) qu’est notre ville.

Pour ce qui est du “cabinet médical, de la maison des associations et du restaurant”, ce n’est pas exactement ce qui est présenté aux riverains ou dans le dossier de la délibération. Mais vous l’aurez compris, ici on voit grand, on vend du rêve, on ne va pas commencer à s’enquiquiner avec les détails. Et puis pour les ploucs et ringards du quartier Voltaire, je ne vous dis même pas comme ça va ruisseler. C’est Jean-Michel Wilmott, le starchitecte le plus en vogue du pays d’Arles, qui nous le dit :

La rénovation de cet ilot va avoir une résonance énorme sur le quartier. C’est évident que dans les rues adjacentes, les petites maisons vont avoir envie de se ravaler parce que notre bâtiment est très propre. Peut-être reprendront les teintes de nos volets, peut-être reprendront les teintes de nos huisseries. C’est le point de départ d’une rénovation d’un petit quartier. Ce qu’on veut s’est amener de l’art de vivre, amener du charme, ramener de la qualité de vie, de la quiétude, des bonnes ondes. Voilà, si je résume notre projet, on va amener des bonnes ondes dans ce lieu.

Bon, lui appelle ça “des bonnes ondes”, moi je l’appelle de “la gentrification”, mais c’est une question de vocabulaire. Et après cette excursion dans cet îlot de fraicheur et de volupté du couvent des Récollets, passons aux choses sérieuses, le déclassement et la cession.

Si les Minimes sont un peu cachées, pour Mistral, c’est une autre histoire. Ce bâtiment fait partie de la vie de nombre d’entre nous. Il y a celleux qui ont usé leur fond de culotte sur les bancs du collège, celleux qui plus tard ont envoyé leurs enfants à Môm’Arles, ont appris la sécurité routière autour de petits plots disposés dans la cour, celleux qui ont chanté, joué, aimé dans les salles associatives ou lors des stages des Suds. Il y a eu le musée de la résistance, les expos des Rencontres. Il y a aussi, surtout, un réseau d’entre-aide, professionnel et bénévole, qui a prouvé que la ville d’Arles était accueillante même pour les personnes les plus démunies ; qu’il était possible, chez nous, de trouver un café bien chaud, une oreille attentive, une aide sociale ou juridique dans les moments les plus difficiles : la Croix rouge, l’accueil de jour du CCAS…

L’ancien collège Mistral, c’est un palimpseste, une bâtisse comme autant de couches successives où s’entremêlent la grande histoire de la ville et nos petites histoires collectives et individuelles. Bref, Mistral, c’est un peu le cœur battant du quartier Voltaire. Légèrement défraichi peut-être, mais idéalement situé, parfaitement accessible, vaste, connecté au centre comme aux alentours.

Avec Changeons d’Avenir, nous en rêvions. Faire de ce lieu une Maison des Écologies et des Résistances, une salle de répétition et de concert, un espace féministe d’entre-aide et d’empuissantement. Finalement, nous aussi, nous étions dans le mood “bonnes ondes” quand on projetait l’avenir de ce lieu.

Et voilà que la Mairie décide de vendre tout ça à la va-vite. Et pas à n’importe qui. C’est François premier qui régale. Les Napoleons ont battu retraite (pour l’ancienne école Portagnelle dont la vente a finalement capoté), c’est un roi de France qui reprend le flambeau du quartier !

Le hic, c’est qu’il faut d’ores et déjà déclasser le bâtiment. Le déclasser ça veut dire acter le fait qu’un immeuble appartenant au domaine public n’est plus affecté à un service public ou à l’usage direct du public. Et il faut le faire vite pour pouvoir signer la vente avant fin 2025. Vous vous souvenez, la grande liquidation avant fermeture ! Mais le hic du hic, c’est qu’il y a encore le CCAS dans l’ancien collège Mistral, avec son accueil de jour qui offre l’accès aux plus démunis à un petit-déjeuner, une laverie et une bagagerie, une adresse postale, un accompagnement social, des permanences d’accès aux soins de santé et du centre médico-psychologique. Le projet de la Mairie, pour faire place nette et accueillir comme il se doit François premier, c’est de délocaliser tout ça au 16ter rue Gaspard Monge, à Barriol, soit à 35 minutes de marche du centre-ville, également accessible en autobus par la ligne 4, qui passe à peine une fois par heure.

Vous pouvez consulter l’article de l’Arlésienne qui rend bien compte de la situation :

Dans la délibération de septembre 2023, le conseil municipal avait déjà, par anticipation, voté la désaffectation de l’ancien collège Mistral, s’engageant à ce que le CCAS soit relocalisé avant le 30 juin 2025 pour rendre possible et effectif son déclassement. Nous sommes en octobre. Les travaux dans le bâtiment qui doit accueillir le CCAS rue Gaspard Monge ne sont toujours pas finis et l’accueil de jour occupe toujours le RdC de Mistral. Grand bien lui fasse ! Mais alors par quel tour de passe-passe la Mairie peut-elle signer une délibération déclarant le “déclassement de principe” de ce bâtiment ? Nous avions déjà des doutes concernant le déclassement de Léon Blum alors que de nombreuses associations n’avaient pas trouvé de solution de relogement. Mais là, c’est carrément un service municipal qui occupe les lieux. Comment les élus de la majorité ont-ils pu voter sans sourciller et sans la moindre explication une délibération pareille ?

Il semble que l’argument tienne à une sorte d’engagement d’après lequel le CCAS serait délocalisé dans quatre mois au plus tard, à savoir le 2 février 2026. Mais si le calendrier est à ce point non maîtrisé que nous ayons déjà quatre mois de retard par rapport à la première échéance, comment s’assurer qu’on sera en mesure de libérer les lieux début février ? L’accueil de jour ne sera-t-il pas la variable d’ajustement, obligé de débarrasser le plancher coûte que coûte, quand bien même les travaux dans ses nouveaux locaux seraient inachevés ?

Je ne sais pas si la majorité aurait pu m’éclairer en séance. En tous cas, nous resterons très vigilants sur ce dossier et, évidemment, nous n’aurions jamais voter pour une telle délibération.

Répartition des espaces, avec à gauche, la partie privée et à droite, la résidence privative. Crédit : Groupe François premier

Voilà pour le déclassement (délibération 24), mais même si ce projet ne s’inscrivait pas dans une logique assumée de marginalisation des plus démunis, nous serions opposés à cette cession (délibération 25). Alors qu’on conteste ce projet depuis le début, le temps nous donne raison. Lors des trois présentations publiques qui en ont été faites, il n’a cessé de changer, toujours allant vers le pire : on est passé de 60 à 88 logements, de 40 places de parking à 60. Il y a bien l’église qui est rétrocédée à la Mairie contre 700 000 euros pour y faire cette fameuse salle polyvalente, mais là encore, on ne comprend pas trop le projet : à qui s’adresse cette salle ? A quels besoins répond-elle ?

Pour l’espace commercial, il a d’abord été question de restaurant, puis d’une crèche, puis d’un centre socio-médical. Là encore, les riveraines et riverains se plaignent d’un grand flou et d’une difficulté à faire entendre leurs propres visions pour l’avenir du quartier.

Une chose est sûre, c’est qu’il y aura des logements et des parkings. Et comme aime à nous le répéter Mme Pétetin, les Arlésiennes et les Arlésiens ont besoin de logements. C’est vrai qu’ils peinent à habiter dans le centre-ville, tant la concurrence des Airbnb et autres locations saisonnières est féroce. Qu’à cela ne tienne ! Dès maintenant, grâce à François premier, ils peuvent acheter un des deux studios ou des treize appartements deux pièces disponibles à la vente dans l’ancien collège Mistral. Oui oui, la cession n’est pas encore signée mais les appartement sont déjà en vente sur Internet :

Capture d’écran du site de ventes immobilières www.acheterduneuf.com

Bon, autant vous le dire tout de suite, ça n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais la rénovation multi-générationnelle, c’est pas donné !

Un studio (1 pièce) de 34m2 vous coûtera la modique somme de 273 000 €. Euh… Attendez, il n’y aurait pas un zéro en trop là ? On parle d’un prix de vente à plus de 8000 €/m2. J’y crois pas ! Dans le quartier, dont les prix sont un peu gonflés par la hype de la Hauture, la moyenne est à 3000 €/m2. De l’autre côté du boulevard Émile Combes, à Montplaisir Sud, elle est à 2600 €/m2.

Alors on se souvient que M. Jalabert est très soucieux que les jeunes Arlésiennes et Arlésiens puissent étudier et se loger sans avoir besoin de quitter notre ville. Mais vous en connaissez, vous, des étudiants qui pourraient démarrer dans la vie avec un prêt immobilier de 273 000 € ? Parce qu’un studio de 34m2, on ne va pas se mentir, soit c’est pour un étudiant soit c’est… OMG ! pour faire des Airbnb et des locations touristiques !?! Damned! C’est pas vrai…

Enfin, les riches étudiants, célibataires, jeunes couples et personnes âgées s’en tireront probablement mieux en misant sur un 2 pièces dont le prix oscille entre 7700 et 7900 €/m2. On est dans la fourchette parisienne, et on accote la promenade des Anglais à Nice. La promenade des Anglais ! A Nice !!! Non mais allô quoi !

Pour vous donner une petite idée de ce que ce genre de projet peut faire sur le marché immobilier à Arles, l’estimation des Domaines (car oui, celle-ci, contrairement aux Minimes, est annexée au dossier) se base sur un prix de vente pour ce type de bâtiment avant rénovation de 796 €/m2. Facteur 10 ! Avec des opérations largement défiscalisées parce que c’est le business modèle de François premier, spécialiste de la rénovation du bâti ancien, qui bénéficie de tout un tas de niches fiscales et autres aides publiques. Merci François !

Troisième sous-sol : L’hôtel de police

Ce non compte-rendu est interminable. En même temps, c’est une façon de reproduire et de partager avec vous le sentiment d’interminabilité qui me saisit souvent à mesure que les heures passent et que les délibérations n’avancent pas. Alors déjà une promesse (ça mange pas de pain! 😋), je ne commenterai pas le compte-rendu de gestion et je ne dirai rien des 70 000 euros dédiés au Karaoké géant sur la place de Mairie !

N’empêche, j’avais quand même envoyé une “question diverse” et je vous la livre telle qu’elle était rédigée :

Je souhaite profiter de la période des questions diverses pour interroger Monsieur le Maire sur la façon dont la ville entend articuler le travail des gardes champêtres et de la police municipale avec d’éventuelles missions de maintien de l’ordre réservées à la gendarmerie et à la police nationale. J’aimerais notamment savoir quelles mesures sont envisagées pour éviter que d’éventuelles interpellations telles que celle qui a eu lieu sur la RN113 le mercredi 10 septembre ne mettent en danger les agents municipaux et les manifestants. 

Cette question fait suite à une interpellation musclée dont j’ai été témoin lors de l’action spontanée du mouvement “Bloquons tout” du 10 septembre. Il en a été question dans la Provence du lendemain :

Article de La Provence, jeudi 11 septembre 2025

Ce que l’article ne dit pas, c’est l’impression que nous sommes nombreux à avoir eue d’une action complètement inappropriée. Dans la photo de l’article que vous voyez ci-dessus, un policier municipal s’apprête à faire signe aux véhicules bloqués par les manifestants de reprendre leur circulation, alors même qu’il reste une cinquantaine de personnes sur le bord de la voie, qu’un manifestant est plaqué au sol, les pieds à quelques centimètres à peine de la voie de circulation pendant que des agents municipaux peinent à lui passer des menottes qu’ils ne savent manifestement pas manipuler. Il n’y a pas eu de drame, heureusement, mais il s’en est joué d’un cheveux et cela restera probablement une expérience traumatisante pour le manifestant : blessé par la police, il a eu 4 jours d’ITT et 12 jours d’arrêt de travail. Il a fait 30 heures de garde à vue pour sortir finalement lavé des accusations qui pesaient sur lui (même s’il doit faire un stage de citoyenneté, probablement pour justifier cette arrestation digne d’un western 🤠), a dû serrer les dents pendant que l’on sciait ses menottes dont la clé avait été cassée dans sa serrure (ça ressemble à un sketch mais j’imagine que c’est moins drôle à vivre qu’à lire).

Tout cela pourrait sembler anecdotique, mais, alors que partout dans le pays la colère sociale monte et les violences policières sévissent, il convient de se demander quel rôle on entend donner aux agents municipaux dont l’effectif et les moyens ont explosé lors de ce mandat. Armés et équipés comme des policiers nationaux, dotés d’un hôtel de police flambant neuf, d’un dispositif de vidéosurveillance high-tech et d’un effectif total de 70 personnes (soit 45 policiers municipaux, 6 garde-champêtres, 15 ASVP et 4 personnels administratif), la police municipale semble s’éloigner de plus en plus du rôle de police de proximité qui est le sien. Le coût pour la ville en est faramineux et force est de constater que, quelles qu’en soient les raisons, le sentiment d’insécurité dans la ville ne fait que croître.

Nous reviendrons bientôt avec un bilan plus complet, et surtout avec une comparaison chiffrée des moyens dédiés à la prévention et de ceux dédiés à la répression. Il n’y a pas de formule magique j’en conviens. Mais si la population commence à avoir peur de sa propre police municipale, c’est certainement qu’on ne va pas dans la bonne direction.

Quatrième sous-sol : Barriol

C’est Cyril qui a planché sur le sujet et il a été plus réactif que moi en postant hier soir ses commentaires à propos de cette délibération. Je me contente donc ici de reporter ces propos :

C’est une grande frustration, après avoir travaillé plusieurs jours avec de nombreux membres de Changeons d’Avenir sur ces délibération, et après avoir été à la rencontre de nombreux citoyens qui nous avaient chargé de porter leur voix, de rester silencieux. N’en déplaise à ceux qui déjà, pointent du doigt notre départ comme un preuve de lâcheté ou un manque d’argument, j’espère au moins faire la preuve du contraire. Je reviendrai notamment sur une délibération qui concernait la charte de relogement sur le quartier de Barriol dans le cadre du projet ANRU. Je m’étais déjà exprimé sur cette charte lors d’un conseil d’agglo, il y a quelques semaines et m’était abstenu. Vous retrouverez mon intervention sur cette vidéo à 2h16’ 34.

Je reste persuadé que les projets de rénovation ANRU relève bien souvent d’une vision passéiste et paternaliste des quartiers, au moins d’un condescendance souvent malaisante. Passéistes lorsque l’on croit que l’urbanisme peut résoudre les problèmes sociaux ou sécuritaires, paternaliste, lorsque l’on dit à des citoyens « on sait ce qui est bien pour vous, on va vous mettre là, puis vous n’avez pas votre mot à dire. »

On voit bien ce que cette vision a engendré dans les années 1970 les QPV (Quartiers Politique de la Ville) d’aujourd’hui. Avec cette même vision, il n’y a pas de raison que les résultats diffèrent. Surtout de nombreux urbanistes et sociologues le disent : les projets ANRU sont des investissements massifs, couteux pour la collectivité, entre deux périodes d’abandon. Les grands gagnants sont les industriels du BTP et les élus qui peuvent ainsi s’abstenir de porter un vrai politique sociale. Et quand je questionne la municipalité sur les investissements en politique de la ville et que l’on me répond ANRU, ça relève de la même idéologie. Monsieur de Carolis est peut être animés des meilleures intentions du monde, mais il me semble que la phase d’observation, nécessaire à la co-construction du projet avec les habitants, a été menée trop rapidement et ces habitants ont l’impression, que, au lieu de construire une projet avec eux, on essaye de plaquer une vision de manière verticale, alors que ce sont leurs vies qui en sont chamboulées. Ne comprenant pas les choix de faire disparaitre tel immeuble plutôt qu’un autre, de tracer une route à certains endroits. Prenons l’exemple de la place des troubadours, où la vision des habitants est pleine de bon sens, le bon sens des usagers, de ceux qui vivent ici, et qui souffrent du ton de mépris adoptés par certains élus lors des rencontres. Et il a fallu arracher, au forceps, après des mois de contestation, de prise de parole en séance, d’articles dans les journaux, pour arriver au final, à un compromis qui ne satisfait réellement personne.

La sécurité comme argument premier, la mixité sociale comme pouvant venir à bout de la misère, nous semblent des arguments trop faciles. Il y a quelques mois, dans une délibération sur l’ANRU, Monsieur souque défendait l’idée saugrenue d’un urbanisme qui laissait moins de place aux trafics. Mais les trafics, c’est dans les quartiers, mais c’est aussi rue de la Roquette, à Portagnel, à la Cavalerie. Un fois évacué cet argument lunaire démenti par tous les retours d’expérience des projet ANRU ailleurs sur le territoire reste un constat :

Le relogement, c’est le talon d’Achille des projets. C’est une sur-précarisation des plus fragiles : personnes âgées, isolées, malades, familles en difficulté. Comme constaté sur d’autres projets, on perd du monde lors de la transformation de ces quartiers et l’on perd les plus fragiles.

C’est certes le sens de cette charte qui devait nous être présentée. Et elle a le mérite d’exister. Pour autant, après avoir consulté des chartes sur d’autres communes dont le bilan s’est avéré compliqué, l’on retrouve peu ou prou les mêmes choses dans cette charte, les mêmes conditions, rien de révolutionnaire donc, qui nous permettrait d’espérer mieux.

Un comité de suivi du relogement qui se réunit une fois par mois, et un comité de pilotage une fois par an. C’est trop peu. Surtout, d’autres communes sont bien plus engagées et l’on peut regretter l’organisation des comités de suivi et comité de pilotage, dans lesquels ce sont les bailleurs sociaux qui sont à la manœuvre, et dans lesquels la place de la ville n’est pas assez forte. Comme j’ai déjà pu l’évoquer lors de la mise en place des instances de concertation, à chaque fois que l’on met un fusible, cabinet conseil, bailleur, entre les habitants et les élus, on perd de l’info, du contact et de la confiance.

J’en veux pour preuve les témoignages que je recueille. Les habitants le disent, les bailleurs sont à la manœuvre, et ils ont du mal à croire les promesses pour demain, des bailleurs qui n’ont pas tenus leurs promesses d’hier, surtout en présence d’élus qui restent étrangement silencieux lors des rencontres.

L’opposition se fédère, notamment rue de Vercedy, de la part de Personnes isolées, âgées, malades, qui ne souhaitent pas être trimballés de logement en logement à la fin de leur vie. Pour d’autres Il s’est construit au fil du temps une maillage d’interactions, de solidarité, de manière de fonctionner, pour pallier, souvent, au manques des services publics. Et la crainte de perdre tout ça et de se retrouver, de nouveau, isolé et démuni.

L’article 13 bis de la loi n° 48-1360 du 1er septembre 1948 que les solutions de relogement doivent pourvoir à trois points primordiaux :

– être en bon état d’habitation et remplir les conditions d’hygiène normales ,

– correspondre aux besoins personnels ou familiaux et le cas échéant, professionnels des personnes relogées ,

– correspondre aux possibilités financières des personnes relogées.

Mais les témoignages recueillis concordent vers le fait que les logements proposés sont loin de répondre à ces trois conditions, notamment avec des loyers largement supérieurs. Les locataires sont laissés seuls face au bailleur avec des décisions à prendre en 10 jours et des refus à motiver par écrit.

Ce projet ANRU, à vouloir aller trop vite, est usine à gaz montée à l’envers. Un projet plaqué sur le quartier avec des séances d’information que la majorité appelle concertation.

Si la charte sur laquelle nous devions débattre ce soir a le mérite d’exister, elle reste globalement très proche de celles qui ont échoué ailleurs à protéger les plus vulnérables. Dès lors, comment la valider en pleine conscience ? Pour résumer, je dirai que le projet ANRU en soit est déjà largement discutable dans son efficacité à lutter contre la misère sociale, et qu’il sert plus souvent d’outil de gentrification, pas plus qu’il n’est efficace pour assurer plus de sécurité. Deuxièmement, les conditions de relogement précarisent souvent les plus démunis, surtout lorsque la municipalité en délègue la responsabilité. À Arles, il me semble que dans les différentes instances de relogement, la Mairie se cache derrière les bailleurs et n’est pas présente à hauteur de ce qu’elle devrait. Enfin, les premiers retours qui nous sont faits valident cette hypothèses puisque les offres de relogements en répondent pas aux critères règlementaires, avec des logements repeints à la va-vite pour cacher la misère, et des loyers qui deviennent inaccessibles pour les ménages les plus fragiles. Si nous avions pu voter ce soir au conseil municipal, nous nous serions abstenu et n’aurions pas voté pour cette charte de relogement.

En guise de conclusion

Eh bien voilà, mon petit débrief s’est transformé en immense AlterCompteRendu. Vous ne m’en voudrez pas trop j’espère. Parce qu’au final, je croise les doigts pour que tout ça puisse être redit de vive voix, en conseil municipal, une fois que la préfecture aura déclaré invalide la séance d’hier. Et alors, vous m’aurez lue pour rien puisqu’il vous sera possible de regarder la prise 2 du CM d’octobre. Mais Monsieur le Maire et sa majorité semblaient si dépités que nous les privions d’un débat démocratique constructif… Comme ça, il ne sera pas dit que Changeons d’Avenir n’a pas fait sa part! Et si des élus de la majorité souhaitent nous répondre par écrit et qu’ils m’y autorisent, je m’engage à publier leur réponse sur notre site. A bon entendeur…!

Weekend festif et militant

Changeons d’Avenir, en collaboration avec les autres associations en lutte contre le projet de contournement autoroutier d’Arles au sein du collectif En travers de la route, vous invite les 27 et 28 septembre prochain pour un weekend de mobilisation.

Au programme, le samedi après-midi, des tables-rondes réunissant spécialistes, militants et acteurs locaux, des ateliers pour les grands et les petits, un espace buvette et une grande soirée musicale avec le concert de Fatum Fatras. Restauration sur place à prix libre. Vous avez la possibilité de camper sur place.

Rendez-vous le samedi 27 à Longo Maï au Mas de Granier à Saint-Martin-de-Crau. Accueil à partir de 13h30, début des débats à 14h.

Le dimanche matin, nous vous proposons de partir à la découverte du tracé, à pied, pour un cortège festif suivi d’un pique-nique tiré du sac.

Rendez-vous le dimanche 28 au Mas du Lion sur le chemin de Villevieille Crau, à Arles (Lat : 43,6475 Long : 4,6725), près de la Draille marseillaise, dès 9h30 pour un accueil autour d’un café et d’un petit déjeuner suivi d’ateliers créatifs.

Pour permettre au plus grand nombre de venir et pour minimiser le nombre de voitures, merci de vous inscrire dans ce tableau de co-voiturage.

Vous trouverez plein d’infos sur ce projet dans cette vidéo réalisée par le collectif En travers de la route

Le programme :

Et pour la soirée du samedi soir, on vous prépare un super concert suivi d’un DJ set.

Si vous souhaitez nous aider à financer ce weekend vous pouvez faire une participation libre ou un don, via la page HelloAsso de l’association Nacicca.
(Toutes les associations membres du collectif sont composées de bénévoles et ne reçoivent aucune subvention)

N’hésitez pas à partager l’information et on espère vous voir nombreux lors de ce weekend !

Perspectives pour les municipales 2026

La Provence fait un tour d’horizon des forces politiques en présence pour les prochaines élections municipales. C’est l’occasion pour Changeons d’Avenir de faire un petit bilan du mandat écoulé et d’évoquer nos perspective pour l’avenir.

Bonne lecture !

Pour une lecture plus confortable, vous pouvez télécharger le document en pdf en cliquant ici.

Conseil municipal du jeudi 3 avril 2025 – Esprit d’escalier

Plus de compte-rendu partiel et partial – flemme – mais un nouveau format, plus bref, plus ciblé : “L’esprit d’escalier“. Virginie Maris revient sur une délibération, une seule, mais on la décortique vraiment : la cession foncière du terrain des Minimes.

Vous l’avez constaté, regretté peut-être, les compte-rendu partiels et partiaux de Changeons d’Avenir ont disparu depuis près d’un an. Pas vraiment d’excuse, si ce n’est l’immense lassitude qui a été la mienne de chroniquer le petit spectacle mensuel de notre débâcle démocratique. Mais aussi, surtout peut-être, un manque cruel de temps et d’inspiration, dans une période très intense sur le plan professionnel et militant, avec des projets autrement plus constructifs et enthousiasmants que celui d’assister, impuissante, aux passages en force de l’équipe de Carolis.

Peut-être qu’un nouvel élan viendra pour les dix petits mois de mandat qui nous restent – qui sait ? – mais en attendant, je propose une autre formule : L’esprit d’escalier. Je vous ai déjà parlé, je crois, de mes insomnies post-conseil municipal, lors desquelles je me repasse à l’envi le fil des débats, ce que j’aurais dû mieux formuler, la réplique cinglante qui m’a échappée sur le moment, la donnée biaisée de telle ou telle réponse qui nous a été apportée. Une partie de cette difficulté à m’endormir vient probablement de l’adrénaline accumulée dans ces moments électriques, où l’ironie fuse, où l’agressivité se débride, dans un régime de relations hyper tendues que je trouve très éprouvant et que j’ai bien hâte de quitter une bonne fois pour toute (ah ! les fameux dix mois !).

Mais une autre raison de ce décalage entre les discussions et mes réflexions sur les sujets traités en conseil municipal vient du peu de temps dont nous disposons pour les préparer : un week-end plus quatre jours de semaine, quand on a des enfants et qu’on bosse à temps plein, ça passe très vite. Je survole en général les délibérations le dimanche, entre trois lessives et la confection du repas dominical ; je les épluche plus attentivement le mardi soir lors de la préparation collective de ces conseils avec Changeons d’Avenir, profitant de l’assiduité et de la sagacité d’un petit groupe de fidèles camarades sans lesquels ce mandat aurait été un véritable calvaire (merci à elleux qui se reconnaîtront 😘) et je pose un congés pour le jeudi après-midi, disposant alors de quatre heures tout juste pour approfondir l’étude de dossiers qui font généralement des dizaines de pages.

En gros, chaque mois, je passe une journée à préparer le conseil et une autre à le ruminer. Autant tirer cela à profit pour un petit débrief public, même s’il n’a pas le panache des comptes-rendus d’antan !

Aujourd’hui, je reviens donc sur la 2e délibération à l’ordre du jour d’hier : CESSION FONCIÈRE AU LAURÉAT DE L’APPEL A MANIFESTATION D’INTÉRÊT “CRÉATION D’UNE CITE DE L’IMAGE” TERRAINS DES MINIMES

Il s’agissait de désigner le lauréat d’un appel à manifestation d’intérêt publié en octobre dernier pour la cession foncière de 6,65 hectares de friches agricoles à la sortie du centre-ville en direction de Pont de Crau.

Vous pouvez lire la délibération, consulter l’appel à manifestation d’intérêt, jeter un coup d’œil au relevé faune/flore datant de 2013 (oui oui, vous avez bien lu, 2013, ce n’est pas une coquille !) et, surtout, ouvrir le portefolio du projet retenu.

Comme il ne s’agit pas d’un compte-rendu, je ne reviendrai pas ici sur les débats en séance que je vous invite à écouter entre 12min11sec et 1h21min39sec (eh oui! 1 heure 10, ça pique, mais je vous recommande de l’écouter en vitesse x1,5, c’est plus digeste et parfois plus rigolo! ⏱)

Le projet retenu s’intitule « MixCité » et entend faire sortir de terre un écoquartier aux abords du centre-ville, juste en face de la fondation Luma. Comme cela a été largement évoqué en conseil municipal, nous avons de gros doutes sur la mixité sociale qu’un tel projet peut offrir, lorsqu’il précise avec zèle que les 240 logements sociaux prévus en plus des 360 appartements à vendre seront réservés aux étudiants (pour 1/3), aux jeunes actifs (pour 1/3) et aux retraités (pour 1/3), ce qui donne l’étrange impression que du social, on en veut bien (pour dire vrai, il en faut, c’est réglementaire), mais des pauvres, on préfèrerait ne pas.

J’aimerais préciser trois points par rapport à ce qui a été dit en séance : sur l’agriculture, sur l’offre de formations à Arles et sur notre vision du futur.

1. Sur l’agriculture

Selon M. Jalabert, ce projet aurait l’avantage de « préserver au maximum les sols avec une artificialisation réduite et optimisée ». Pour ce faire, il s’articule autour d’un « parc agricole » de 3 hectares.

Mais quelles sont les garanties ou servitudes qui nous assurent que ces trois hectares seront véritablement épargnés ?

Si elle souhaite faire sa part dans l’atteinte des objectifs de ZAN (zéro artificialisation nette), alors la municipalité pourrait :
– Soit réviser le PLU pour remettre cet espace en zonage agricole ;
– Soit contracter une obligation réelle environnementale (ORE) pour attacher une servitude environnementale et garantir la vocation non-constructible de cet espace pour 99 ans ;
– Soit diviser la parcelle et ne vendre au promoteur que la partie qui a vocation à être construite.

Cela permettrait de garder cette parcelle municipale et de la mettre au service des Arlésiennes et des Arlésiens, par exemple en y installant un potager/verger communal pour approvisionner les cantines de la ville et accueillir les scolaires ou le public pour des activités pédagogiques autour de l’agriculture urbaine. C’est le choix que font de plus en plus de Mairie (par exemple à Plan-de-Cuques, au Nord de Marseille, comme dans une cinquantaine d’autres communes et collectivités territoriales répertoriées ici).

Disclaimer ⚠ ! L’accueil du jeune public pour des activités pédagogiques autour de l’agriculture fait partie du projet comme en témoigne cette image édifiante qu’on trouve dans le dossier :

Section 2.1. Présentation et justification de la programmation

Telle que la cession nous est présentée, rien ne nous permet de savoir si le promoteur ne décidera pas, dans quelques années, de rajouter des bâtiments ou d’augmenter les surfaces artificialisées. La Mairie doit nous donner des éléments tangibles permettant d’écarter cette possibilité. Si la révision du PLU ou la création d’une ORE dissuadait l’acheteur, alors nous saurions que ce grand « parc agricole » de trois hectares n’était qu’une façade.

2. Sur la formation

Dans la présentation de cette délibération, M. Jalabert rappelle : « Nous voulons offrir aux jeunes Arlésiens les moyens de se former dans leur ville. Le campus de l’image leur donnera cette possibilité », et il ajoute dans la réponse aux questions que « économiquement, pour leur famille, ça sera un sacré soulagement ». Il insiste également à plusieurs reprises sur le fait qu’il s’agit également d’attirer de nouveaux étudiants dans notre ville. Et c’est vrai qu’en voyant la brochure, on se croirait un peu à Berkeley !

Pourtant, parmi les partenaires mentionnés, aucune structure d’enseignement supérieur public n’est évoquée, pas même l’ENSP, ce qui paraît être un comble pour un « campus de l’image » qui s’implante à 650 mètres de la seule école nationale de photographie du pays. Pas de mention non plus de l’Université d’Aix-Marseille avec laquelle la ville d’Arles a pourtant une convention, pas plus que d’autres établissement publics d’enseignement supérieur voisins qui pourraient être considérés : Université d’Avignon, Beaux-Arts de Nîmes…

Pas de mention non plus du CROUS alors qu’il est question de faire une résidence étudiante privée (170 chambres) et plusieurs restaurants et cafés. Si on veut accueillir des centaines d’étudiants supplémentaires dans la ville, les services publics élémentaires que sont les résidences étudiantes et la restauration universitaire devraient être des priorités, bien plus que la création sur le « campus » d’une « halle gourmande » ironiquement dénommée « Apple Store » (ça fleure bon le partenariat marketing !) et de 80 « logements sociaux étudiants » (aux baux de 10 mois par an probablement) qui pourraient être loués aux travailleurs saisonniers l’été. La dite « saison touristique » débutant plutôt en mai, on imagine facilement comment ce double-usage pourrait rapidement basculer vers des baux étudiants de septembre à juin et de la location saisonnière pour la période estivale. Mais là encore, la bonne foi du promoteur devrait nous rassurer.

L’idée de M. Jalabert, c’est donc de permettre aux jeunes Arlésiennes et Arlésiens de se former dans leur ville sur le campus de l’image puis d’y trouver un emploi en face, à l’Espace A(rles), une pépinière de start-ups. Ainsi, il n’y aura qu’à traverser la rue pour trouver un job. Ça vous rappelle quelque chose ?

Pour plein de raisons, je ne partage pas les priorités de notre 1er adjoint. Je ne sais pas s’il est familier du secteur, mais les entreprises de pointe du secteur numérique qu’il appelle de ses vœux ne cherchent pas seulement à recruter des détenteurs de diplômes. Elles veulent des personnes ouvertes, flexibles, souvent polyglottes et riches d’une expérience sociale et professionnelle diversifiée. Rien ne devrait empêcher quelqu’un de naître, grandir, étudier, travailler et vieillir dans une même ville s’il le souhaite et je suis personnellement une grande fan de l’immobilité, mais la start-up mondialisée a le goût du cosmopolitisme. Quant aux étudiant.es elles-mêmes, cela fait aussi partie de leur formation et du chemin vers l’émancipation que de quitter le nid familial. Les études supérieures ont été pour nombre d’entre nous une occasion privilégiée de le faire.  

Reste l’argument économique, qui a déjà été évoqué à plusieurs reprises lorsque nous avons discuté en conseil municipal du “Campus connecté”. Il s’agirait, en offrant des formations supérieures à Arles, de permettre à des étudiants qui n’ont pas les ressources économiques suffisantes pour aller faire leurs études dans les villes universitaires voisines, d’avoir quand même accès à l’enseignement supérieur. Pour info, les parents d’un étudiant arlésien boursier qui s’inscrirait en Licence à l’Université Aix-Marseille devraient débourser pour l’année complète : 90 euros pour le Pass Zou illimité, environ 2000 euros d’hébergement (sur la base de 350 euros mensuel pour un studio en résidence étudiante dont une petite moitié est prise en charge par les APL), 103 euros pour la “Contribution vie étudiante et campus”, 116 euros de frais d’inscription. Selon leurs revenus, leur enfant pourra bénéficier d’une bourse mensuelle de 200 à 600 euros pour couvrir ses frais. Il ne s’agit pas de dire que l’accès à l’enseignement supérieur est facile pour les familles aux revenus modestes, mais de se donner une idée de l’économie réelle de l’enseignement supérieur public, à savoir la quasi-gratuité des études.

Le seul partenaire identifié pour ce projet de « Campus de l’image » est le groupe EDH, présent dans 16 villes françaises et 8 villes internationales, qui développerait une antenne arlésienne de Brassart (déjà présent dans 12 villes) et de l’Essec (déjà présent dans 2 villes). Il occuperait 5000 des 5500m2 de ce « campus ». Les frais de scolarité de ces écoles sont les suivants :

  • Brassart (design graphique) : environ 7500 euros par an pendant 4 ans (+ 6400 pour la première année de prépa) ;
  • Essec (cinéma) : environ 9300 euros par an pendant deux ans (+8300 euros pour la première année de prépa) ;
  • Mopa (animation, déjà à Arles) : environ 9300 euros par an pendant 5 ans (+6400 pour la première année de prépa).

Pour un diplôme de niveau Bac + 3, on arrive à un coût d’environ 34 000 euros, seulement pour la formation, sans hébergement ni aucun autres frais. Quel bel exemple de « MixCité » pour paraphraser le titre du projet !

3. Les futurs du vieux monde

Comme point d’orgue de sa présentation, M. Jalabert nous annonce : « Nous souhaitons voir notre ville entrer enfin dans le XXIe siècle avec des ambitions à la hauteur de son caractère exceptionnel ».

M. de Carolis, quant à lui, pas avare de redondances, conclut les débats et écarte nos critiques en affirmant toute la différence qu’il y a entre « une vision passéiste, une vision archaïque, une vision rétrograde » qui serait la nôtre, et « une vision de l’avenir » qui serait la sienne.

Si j’avais fait des études de marketing j’aurais probablement saisi la perche pour lui rappeler que c’est justement notre projet que de déjouer ses projets : Changeons d’Avenir, on en parle ! Mais comme en témoigne cette chronique, je suis un peu longue à la détente.

Ce que MM. Jalabert et de Carolis nous présentent comme un avenir radieux pour la ville d’Arles, aidés par l’esthétique de papier glacé d’une boîte de communicants payés à vendre du rêve, ce sont les futurs du vieux monde. Ils semblent directement tirés des imaginaires cybernétiques du siècle dernier, reprenant termes à termes les prophéties dystopiques d’un Philip K. Dick ou de Stanley Kubrick. Cela me rappelle vaguement les engins volants que j’avais dessinés à l’école primaire lors d’un concours départemental qui nous invitait à imaginer la voiture de l’an 2000 (ça ne me rajeunit pas 👵!). Dans la ville du futur de nos édiles, comme dans le pamphlet de Redman/Vestia, lauréat de cet AMI, on vit dans un monde de « réalités étendues », d’ « interfaces gestuelles et visuelles », et l’on apprend à de riches et jeunes gens aux dents bien blanches à devenir « designers spatiaux », « story tellers immersifs » ou encore « concepteurs de jumeau digital en temps réel».

Mais justement, l’an 2000 est derrière nous et de l’eau a coulé sous/sur les ponts. Nous avons traversé une pandémie que nul n’avait anticipée, vivons à crédit sur une planète en surchauffe, dans une instabilité géopolitique mondiale sans précédent. Les rênes sont entre les mains de personnages sordides aux ambitions mortifères que même les auteurs de comics n’oseraient pas dessiner, des Musk, Zuckerberg, Bezos et autres chantres délirants de la déshumanisation du monde dont l’objectif politique avoué est de remplacer les gens par des ordinateurs et de se construire des capsules spatiales pour quitter la Terre et conquérir de nouvelles planètes.

Alors en effet, nous ne rêvons pas des mêmes futurs. Et si pour notre territoire, nous bricolions plutôt d’autres espoirs, à mille lieues de ces mondes virtuels alimentés par des fermes de serveurs et des lignes à très haute tension ? Si nous pensions tout au contraire à faire ici ce qui ne pourrait exister nulle part ailleurs : prendre soin de la terre, cultiver les liens, partager la joie, et fabriquer des projets concrets à la mesure de cette petite ville, à taille humaine, qui nous a donné envie d’y rester, d’y revenir ou de nous y installer…

La politique de la MDVA en question dans Médiapart

Aujourd’hui, dans la section “Libertés publiques”, Médiapart publie un article de Jérôme Hourdeaux intitulé “À Arles, la fronde s’organise contre les atteintes aux libertés associatives et syndicales“.

Si vous ne l’êtes pas déjà, nous vous invitons à vous abonner car il est plus que jamais nécessaire de soutenir les médias indépendants. Néanmoins, pour celles et ceux qui voudraient lire seulement cet article, nous le partageons – exceptionnellement – ici.

Jeudi 4 avril 2024 – Conseil municipal

C’est le grand retour des comptes rendus partiels et partiaux de vos dévoués élus Changeons d’Avenir. Pour ce conseil chaotique du début du mois d’avril, c’est Cyril Girard qui prend courageusement la plume et vous dévoile les coulisses d’un conseil pas comme les autres (encore que…!). Et si vous vous méfiez de notre vision partiale ou si la prose de Changeons d’Avenir ne suffit pas à vous rassasier, vous pouvez visionner et juger par vous-mêmes :

« Ça vous a plu hein ? Vous en demandez encore ? », interrogeait Serge Gainsbourg dans l’intro de Bonny and Clyde. Ben, c’est un peu pareil avec les comptes rendus partiels et partiaux des conseils municipaux et communautaires. Nous avons été disciplinés pendant deux ans avec Virginie pour vous faire vivre de l’intérieur ces grands moments de démocratie arlésienne, et puis l’énergie s’est érodée avec le temps. Imaginez vous recevoir entre 30 et 45 délibérations, cinq jours ouvrés avant un conseil ; passer le week-end à digérer tout ça (y-a -t-il un équivalent du citrate de bétaïne pour le cerveau ?) ; vous réunir avec l’opposition arlésienne le lundi soir ; puis vous réunir avec les adhérent.es et citoyen.nes de Changeons d’Avenir pour préparer ensemble le conseil le mardi soir ; rebosser les dossiers et préparer vos interventions le mercredi soir ; assister au conseil le jeudi soir. C’est fini ? Non, il reste à faire la synthèse pour les comptes rendus, ce qui implique en général de se repasser durant toute une journée le replay vidéo du conseil. Croyez-moi, il en faut du courage ! Grosso modo, c’est une semaine le nez dans le guidon. Vous multipliez ce boulot par deux pour le conseil communautaire, et vous avez ainsi un petit aperçu de la charge de travail nécessaire à votre lecture confortable des comptes rendus.

Rappelons que, sous prétexte d’économie, les indemnités des élus de l’opposition ont été ramenées à 0 € après l’accession au trône de Monsieur de Carolis (alors que certains élus de sa majorité qu’on ne voit jamais en conseil et qui ont des délégations imaginaires, continuent de toucher des indemnités s’élevant à près de 4 000 € par an). Vous comprenez la difficulté d’articuler une vie professionnelle avec une telle discipline. Bref, nous avions un peu arrêté les comptes-rendus. Vous avez été nombreux à exprimer votre déception (mais vous n’avez qu’à venir aux conseils aussi !) mais surtout votre attachement à cet exercice comme outil de décryptage de la politique locale. Du coup, on essaye de s’y remettre, contre la promesse que vous soyez de plus en plus nombreux à venir nous aider à préparer les conseils (en général le mardi soir qui précède la date fatidique). Ça marche ?

Et comme ce récent conseil municipal avait l’avantage de reprendre une grande partie des délibérations votées quelques jours avant en conseil communautaire, on fait d’une pierre deux coups.

N°1 : ADOPTION DU PROCÈS-VERBAL DES CONSEILS MUNICIPAUX DES JEUDI 1ER FÉVRIER 2024 ET JEUDI 22 FÉVRIER 2024

VIE DE LA CITÉ

N°2 : POLITIQUE DE LA VILLE – APPROBATION DU CONTRAT DE VILLE 2024-2030

N°3 : NOUVEAU PROGRAMME NATIONAL DE RENOUVELLEMENT URBAIN (NPNRU) – APPROBATION DE L’AVENANT 1 A LA CONVENTION PLURIANNUELLE DU PROJET

N°4 : DEMANDE DE SUBVENTION AU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DANS LE CADRE DU RELAIS DE LA FLAMME OLYMPIQUE

N°5 : VACANCES ARLÉSIENNES – OFFRE MUNICIPALE ÉTÉ 2024

N°6 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME DIVERS – 1ERE RÉPARTITION

N°7 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE, COMMERCES ET ARTISANAT – 1ERE RÉPARTITION

N°8 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME TRADITIONS TAUROMACHIES – 1ERE RÉPARTITION

N°9 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME AGRICULTURE – 1ERE RÉPARTITION

N°10 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET BIODIVERSITÉ – 1ERE RÉPARTITION

N°11 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME JUMELAGES – 1ERE RÉPARTITION

N°12 : ATTRIBUTION DE SUBVENTIONS AUX ASSOCIATION EXERCICE 2024 – THÈME PATRIMOINE – 1ERE RÉPARTITION

N°13 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THEME EDUCATION-JEUNESSE – 1ERE REPARTITION

N°14 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS – EXERCICE 2024 – THÈME CULTURE – 1ÈRE RÉPARTITION

N°15 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME SOLIDARITÉ – 1ERE RÉPARTITION

N°16 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME SENIORS – 1ERE RÉPARTITION

N°17 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME VILLAGES ET QUARTIERS – 1ERE RÉPARTITION

N°18 : ATTRIBUTION DE SUBVENTION AUX ASSOCIATIONS EXERCICE 2024 – THÈME DEVOIR DE MÉMOIRE – 1ERE RÉPARTITION

N°19 : ATTRIBUTION DE SUBVENTIONS EXCEPTIONNELLES A DIVERSES ASSOCIATIONS – EXERCICE 2024

FINANCES

N°20 : APPROBATION DU BUDGET PRIMITIF PRINCIPAL DE L’EXERCICE 2024 DE L’OFFICE MUNICIPAL DE TOURISME D’ARLES

N°21 : MUSEE REATTU – EXPOSITION ALFRED LATOUR ET NOUVELLES REFERENCES BOUTIQUE5

N°22 : CONVENTION DE DÉPÔT POUR 2 DESSINS DE CHRISTIAN LACROIX

N°23 : FIXATION DES TARIFS DES ARTICLES BOUTIQUE DES MONUMENTS

N°24 : TARIFICATION DE L’OCCUPATION DES LOCAUX COMMUNAUX

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

N°25 : ENTREE DE VILLE – SECTEUR CHABOURLET – ACQUISITION DE TERRAINS NECESSAIRES A L’AMENAGEMENT D’UN ROND-POINT

N°26 : AVIS DE LA MUNICIPALITE SUR LA DEMANDE D’AUTORISATION ENVIRONNEMENTALE DEPOSEE PAR LA SOCIETE CHIMIREC SOCODELI CONCERNANT LE PROJET D’AUGMENTATION DE LA CAPACITE DES UNITES DU SITE DE TRI SUR LA COMMUNE DE BEAUCAIRE

ADMINISTRATION GÉNÉRALE

N°27 : CRÉATION D’EMPLOIS PERMANENTS

N°28 : COMMISSION CONSULTATIVE DES SERVICES PUBLICS LOCAUX – PRÉSENTATION DES TRAVAUX RÉALISÉS AU COURS DE L’ANNÉE 2023

N°29 : RÉGIE DU STATIONNEMENT PAYANT HORS VOIRIE D’ARLES – RAPPORT ANNUEL D’ACTIVITÉ 2022

N°30 : DELEGATION DE SERVICE PUBLIC DE GAZ RÉSEAU DISTRIBUTION FRANCE (G.R.D.F.) – RAPPORT ANNUEL D’ACTIVITÉ 2022

N°31 : RÉGIE DES POMPES FUNÈBRES – RAPPORT ANNUEL D’ACTIVITÉ 2022

N°32 : CONSTITUTION D’UN GROUPEMENT DE COMMANDES DE LOCATION ET D’ENTRETIEN DE PHOTOCOPIEURS

N°33 : DEMANDE DE PROTECTION FONCTIONNELLE DE MONSIEUR JEAN-MICHEL JALABERT, 1ER ADJOINT AU MAIRE

COMPTE RENDU DE GESTION

N°34 : COMPTE RENDU DE GESTION – DÉCISIONS PRISES EN VERTU DE L’ARTICLE L.2122-22 DU CODE GÉNÉRAL DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Ce conseil municipal s’est tenu exceptionnellement en journée. Ainsi en avait décidé le Maire qui comptait assister en soirée à une réunion d’information à Fos-sur-Mer sur le projet RTE. Pourquoi pas, mais encore aurait-il fallu s’assurer de la disponibilité des élus. Virginie avait des contraintes professionnelles et était absente. Personnellement j’avais, la semaine précédente, passé mon lundi entre Commission d’appel d’offre (CAO) à l’Agglo et Commission consultative des services publics locaux (CCSPL) à la commune, et mon jeudi en conseil communautaire. Autant dire que cette activité d’élu débordait largement sur mon boulot et que je m’en serais bien passé. C’est d’ailleurs ce qu’a fait la quinzaine d’élus de la majorité absents ce jour-là. On compte et recompte les présents. Avec un conseil de 45 élus, la majorité est à 23. Sur les 36 élus de la majorité, seuls 21 sont présents (ne vous inquiétez pas, les absents toucheront quand même leurs indemnités). C’est une première depuis trois ans, ce sont les élus de l’opposition qui assurent le quorum ! Sans eux, le conseil municipal ne peut pas se tenir, et ça en dit long sur la fragilité de cette majorité qui semble se déliter. Nicolas Koukas me fait passer La Provence dont une large page est consacrée à la démission de Bruno Reynier, qui se serait fâché avec Emmanuel Lescot, élu à la tauromachie. Un prolongement, un drame en trois actes, suite à l’affaire de la DSP des arènes qui avait valu à Madame Guintolli d’être éjectée de l’équipe de Carolis.

Pendant qu’on fait l’appel, je découvre une délibération posée sur table, qui nous aurait été envoyée la veille au soir par mail, en soutien aux agriculteurs. J’essaye en quelques minutes de comprendre les tenants et les aboutissants de ce texte. En voici la copie :

Après un hommage totalement décomplexé du Maire d’Arles à son ami Frédéric Mitterrand, Monsieur le Maire annonce la démission de Monsieur Reynier et intègre Monsieur André Peytavin au conseil municipal. Celui-ci se lève solennellement pour dire quelques mots. Le maire lui conseille, pour être entendu, de se rasseoir et d’allumer son micro. Il ironise sur son arrivée : « je suis fier de siéger, même si j’avais un peu peur. Je ne voulais pas qu’il y en ait un qui démissionne, et surtout, j’avais peur qu’il y en ait un qui meure ». Petit trait d’humour en référence à la moyenne d’âge de l’équipe de Carolis. Ça ne prend pas trop. On est loin des punch-lines de Mohamed Rafaï. Comme Monsieur de Carolis revient sur la démission de Bruno Reynier qu’il qualifie de décision « d’ordre personnel » pour de « simples histoires de relations entre élus ». C’est prêter le flanc aux attaques et c’est Madame Guintolli, en verve depuis sa mise au ban de l’équipe dirigeante (elle a été démissionnée de la majorité pour s’être opposée à la nomination à la tête des arènes de la ville de Jean-Baptiste Jalabert, condamné pour violences conjugales) qui porte le premier coup :

Ce n’est pas un problème entre élus, c’est un problème d’ambiance dans votre équipe. Votre système est un non-système qui plonge la mairie dans l’immobilisme (…) c’est dramatique mais il est plus insupportable à certains de savoir qui préside une corrida que de mettre à l’honneur quelqu’un qui bat sa femme ! Ce non-évènement me donne la nausée.

Nicolas Koukas saisit la balle au vol dans un autre registre :

Le départ de Monsieur Reynier n’est pas si anecdotique que ça, après Monsieur Meyssonnier, Madame Guintolli, aujourd’hui Monsieur Reynier (…) je voudrais rappeler qu’en 19 ans de mandat, il n’y a eu qu’une démission sous la gouvernance de Hervé Schiavetti, d’un conseiller parti pour des raisons professionnelles

Et de continuer sur le fait que de Carolis doit ses échecs au fait qu’il ne sache pas tenir son équipe et qu’il ne soit pas assez « politique ». Monsieur Jalabert, assez maladroitement, défend le Maire avec une phrase assassine à l’endroit de ses anciens co-listiers :

Je trouve regrettable d’associer le cas de Bruno Reynier avec celui de Monsieur Meyssonnier et de Madame Guintolli qui sont venus siéger à vos côtés (drôle de manière de voir les choses!), on est absolument pas dans le même cas, on a des personnes qui ont confondu leur intérêt personnel et l’intérêt général et les prestations de Madame Guintolli depuis quelques conseils municipaux montrent qu’elle a plus de talent de comédienne que de convictions.

A ce jour, suite à ces propos, Serge Meyssonnier et Carole Fort-Guintolli ont porté plainte contre le premier adjoint pour diffamation. L’ambiance est donc à couteaux tirés, et on est seulement à la 18ème minute.

Revenant à l’intervention de Nicolas Koukas, Monsieur de Carolis se félicite de n’être pas « politique » et de vanter la diversité d’esprit de son équipe et de se situer bien au-dessus de la politique politicienne.

Mohamed Rafaï remet une pièce dans la machine « vous nous dites que vous êtes encore 34 élus, mais aujourd’hui vous êtes 21 et si l’opposition quitte la salle le conseil s’arrête. » Une menace que le Maire fait semblant de ne pas entendre. On passe donc à la présentation d’une délibération pour s’opposer à la ligne THT. Pour rappel, nous avions initié en février la présentation d’un vœu au conseil municipal pour s’opposer à l’implantation de cette ligne. Le Maire n’avait pas souhaité, alors qu’il en a l’obligation, faire voter ce vœu, arguant qu’il préparait une délibération beaucoup plus « ambitieuse » ! Diantre. Nous avons effectivement été invités à une réunion de travail pour préparer cette « ambitieuse délibération ». Une partie de l’opposition s’y est rendue. Pour pas grand-chose, puisque c’est finalement le PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural) qui a rédigé la plus grosse partie du texte qui nous est présenté. Bravo pour la méthode qui consiste surtout à récupérer à moindre frais les fruits d’une mobilisation déjà bien organisée.

Mes propos à ce sujet :

Je suis très content que le travail et les compétences du PETR soient mis en avant dans cette délibération, et qu’ils aient pu décortiquer le dossier. Nous ne sommes pas dupes de ce qui se cache derrière cette mention de décarbonation. Après la croissance verte, après les énergies renouvelables, et les bio-carburants, nous en sommes aujourd’hui à la décarbonation. Une succession de néologismes qui vise à nous vendre des solutions techniques pour résoudre les problèmes que nous avons engendrés. Tout ça pour continuer à faire perdurer le même système. Le prix de l’énergie verte, c’est l’installation d’éoliennes au droit de Port-Saint-Louis-du-Rhône qui seront de véritables hachoirs à oiseaux alors que nous sommes à l’entrée du plus vaste couloir migratoire d’Europe. Le photovoltaïque et l’éolien, c’est la destruction d’immenses surfaces de zones agricoles et naturelles. Le prix de la décarbonation, c’est cette ligne RTE qui va balafrer notre paysage et mettre à mal notre agriculture. Libre à vous de souhaiter la décarbonation. Depuis 18 ans je me bats au niveau associatif contre l’impact des projets industriels de la zone de Fos, j’ai appris à me méfier des impacts de ce développement sur notre territoire. Si au moins le modèle industriel était porteur de progrès social, de bien vivre et de plein emploi. Je vous invite à regarder de plus près les chiffres sur la zone, le taux de chômage, le taux de revenus par foyer, le bilan de santé. Ce territoire industriel n’est pas le bijou que l’on nous présente. C’est une catastrophe humaine, écologique et sociale. C’est un territoire sacrifié et il nous appartient de défendre notre territoire. Mais je suis content de constater que pour une fois, vous rejoignez le combat de Changeons d’Avenir et que vous vous associez à notre discours sur la préservation des terres naturelles et agricoles, des paysages, de la nappe phréatique et du cadre de vie. Vous vous y associez tellement que vous reprenez mes propos dans la Provence puisque j’avais pu dire lors d’un récent conseil communautaire que le développement énergétique sur le territoire était mené « à la hussarde » par un gouvernement pressé de rattraper des années d’inaction sur le terrain de la lutte contre les dérèglements climatiques. Je note la schizophrénie qui consiste à rejeter le projet RTE au nom de la protection des terres agricoles, des paysages, du cadre de vie et de la santé tout en continuant à porter haut et fort le projet d’autoroute au nord de la Camargue qui aura au moins autant d’impacts. 150 ha détruits, une centaine d’expropriations, un impact important qui va nous mettre en difficultés sur la nappe phréatique. Vous avez une conviction à géométrie variable lorsqu’il s’agit d’écologie. Ce que je vois, c’est l’opportunité pour vous de vous présenter en fer de lance de l’opposition à ce projet, comme l’a titré la Provence « le conseil communautaire vote comme un seul homme derrière le Maire ». Je m’inscris en faux. Pour une fois, vous rejoignez nos idées et notre combat. Pour une fois, nos trajectoires se rejoignent et c’est assez rare pour le noter. Nous ne votons pas derrière vous, ni même avec vous, nous votons contre ce projet écocide, fidèles à nos convictions.

Madame Guintolli : « Je m’associe aux propos de Cyril Girard, tout cela est très tiède. Il n’y avait aucun élu aux réunions de RTE dans les hameaux (…) je regrette que tout ça se fasse de cette façon ».

Nicolas Koukas, lui, va se féliciter de « l’unanimité des élus sur ce dossier » et revient sur la formule magique du moment « il ne faut pas opposer les territoires, car selon la chambre de commerce 15 à 18% des Arlésiens vont travailler dans la zone industrialo-portuaire ».

Mohamed Rafaï : « Je ne ferai pas la fine bouche et je suis fier que l’ensemble du conseil municipal vote cette motion. Nous avons tous de l’intérêt pour notre territoire, nos concitoyens, et même au-delà, pour toutes les espèces et tout le vivant ». Une prose anti-spéciste rare dans un conseil municipal ! Et de noter l’absence totale de mobilisation du PNR de Camargue (dirigé par une élue proche de Monsieur Muselier depuis la démission forcée de notre Maire, poussé dehors par ce même président de région). En-dehors de cette prise de position publique, il est vrai que Monsieur de Carolis a fait preuve de peu d’initiatives sur ce dossier.

Madame Guintolli y revient « ce projet est porté par l’État, ce sont vos amis, et je suis très inquiète. Il faut une consultation citoyenne sur ce sujet ».

Quelques prises de paroles plus tard, Monsieur le maire : « je vous ai fait passer justement une motion de soutien au monde agricole, quelqu’un souhaite-t-il la commenter ?». Vite expédiée comme présentation.

Nicolas Koukas note que nous l’avons reçu moins de 12 heures avant le conseil, contre le règlement intérieur et que c’est un délai trop court pour étudier une délibération. Le Maire de se défendre : « j’ai trouvé que c’était opportun de la présenter en vue des différentes manifestations à venir », dit-il en évoquant l’appel à mobilisation de la FNSEA et des jeunes agriculteurs contre la ligne RTE. Au moins, on sait ce qu’il considère comme étant « les agriculteurs ».

Je demande la parole.

Je découvre cette délibération ce matin et je note la méthode surprenante. La décrypter en dix minutes n’est pas chose aisée car il y a plusieurs niveaux de lecture dans cette délibération. Elle arrive au moment où une nouvelle molécule non-homologuée est autorisée en Camargue, réclamée par les riziculteurs, et dont on sait la forte toxicité pour les milieux aquatiques. Sans jeter la pierre à tous les agriculteurs, sans avoir une vision monolithique de ce métier, j’ai déjà pu m’exprimer sur les niveaux de pollution des zones humides de Camargue. Quelle ambiguïté de soutenir l’Agriculture (avec un grand A). De quelle agriculture parlons-nous ? Il n’y a pas une agriculture, il y a plusieurs modèles agricoles, et il y a même un projet par exploitation agricole. Sur la protection des terres agricoles je n’ai aucun problème avec ça, cela fait plusieurs week-ends que je rencontre les agriculteurs de la Draille marseillaise, très inquiets de voir leurs exploitations disparaître à cause de l’autoroute, et ça fait 15 ans que je défends les terres agricoles. Mais il y a plusieurs agricultures. Laquelle défend-on ? Un récent rapport montre bien que la majorité des aides publiques sont ponctionnées par l’agro-industrie et que les petits exploitants en sont les parents pauvres. Sur notre territoire, ce sont les céréaliers qui profitent le plus des aides, certaines exploitations touchent 250 000 € par an d’aides de la PAC, au détriment des éleveurs. Est-ce que l’on défend une agriculture locale ? Je prends mes produits en vente directe chez un agriculteur local et je n’ai jamais vu un membre de cette assemblée s’y servir aussi ou prôner ce modèle. Je vous vois soutenir le modèle de la logistique et l’autoroute qui sont les outils pour faire arriver des côtes de mouton d’Australie sur nos étals à des prix défiant toute concurrence. C’est la Schizophrénie de votre propos, avec cette délibération qui dénonce la « concurrence déloyale », alors que vous êtes le promoteur de ce système libéral. Il y a une crise structurelle de notre modèle agricole et le passage vers un autre modèle plus respectueux est impossible à cause notamment des lobbies de l’agro-chimie qui s’imposent face aux décideurs et aux législateurs. C’est le lobbying le plus intense dans les couloirs des institutions européennes. J’ai beaucoup de respect pour les agents et le travail du PETR, un peu moins pour votre vision des choses. J’aimerais avoir votre avis sur le produit dont j’ai parlé tout à l’heure. La Maire des Saintes s’est opposée fermement à la mise sur le marché de ce produit. Ça m’éclairera sur votre vision de l’agriculture. On peut crier au loup sur les empilements réglementaires, le respect des normes, mais dans tous les travaux il y a un cadre réglementaire et des normes. De quoi parle-t-on ? Cette délibération est totalement vide de sens. C’est démagogique et opportuniste, vous vous appuyez sur un mécontentement disparate et diversifié. Éclairez-moi s’il vous plaît sur votre avis sur ce produit, qui me permettra de comprendre de quelle agriculture nous parlons.

Monsieur le Maire note « avec humour, que tout à l’heure, vous vantiez le sérieux des services du PETR qui vous engageait à la confiance, et vous aviez raison. Cette motion a été votée et préparée par le PETR et il nous l’ont transmise comme il l’a fait pour les 29 communes du Pays d’Arles. C’est quelque chose qui vient du PETR. »

À ce moment-là, soit Monsieur le Maire ment effrontément, et ce ne serait pas la première fois, soit il n’a pas suivi la rédaction de cette délibération et ça en dit long sur son implication dans les délibérations qui arrivent sur son bureau. Dans les deux cas, il est fautif. Renseignement pris, cette délibération a été adoptée dans de nombreuses communes du Département. Il s’agit d’une délibération concordante rédigée par le Département et l’Agglomération. Il s’agissait de faire preuve d’opportunisme durant les manifestations du monde agricole d’il y a deux mois (vous savez, ces manifestations au sujet desquelles Darmanin a dit : « J’entends la question des deux poids, deux mesures. Je me refuse d’envoyer des CRS sur des gens qui travaillent. Il est hors de question de considérer des gens qui travaillent de la même façon que des délinquants ». Alors même que les dégradations des manifestants se chiffrent en millions d’Euros et que des violences ont été commises durant ces manifestations sur des locaux et des agents notamment à l’Office français pour la biodiversité. Darmanin oppose ici les agriculteurs qui travaillent aux écolos qui luttent contre l’A69 ou contre l’installation des méga bassines.)

La délibération est ensuite passée entre les mains du PETR qui gère le PAT (Projet alimentaire territorial, vous suivez ?), qui a rajouté une ligne sur son action, histoire d’adapter le contenu au contexte. Mais en aucun cas cette délibération n’a été rédigée ou portée par le PETR. L’avantage des discours agricoles qui soutiennent le modèle industriel, c’est qu’ils sont assez faciles à reconnaître.

« Sur la riziculture, je vais passer la parole à Monsieur Abonneau qui va vous répondre et qui connaît le sujet mieux que quiconque puisqu’il travaille dans ce secteur ». Ou comment se défausser d’une question. Vraiment, sur la ruralité, Monsieur le Maire n’a aucune vision. Mais surtout, Monsieur Abonneau, qui travaille depuis quelques mois au Centre Français du Riz, est donc invité à s’exprimer en tant qu’expert et à porter la parole de cette équipe municipale, ou plutôt de son employeur. Car c’est cette casquette qu’il porte à ce moment-là. Le premier adjoint moquait tout à l’heure les élus qui « confondaient intérêt public et intérêt particulier. » Et on a, dans la foulée, un Maire qui demande à un élu de porter la parole de son employeur avec sa casquette d’élu. Monsieur Abonneau défendait jusqu’ici les intérêts des loueurs de meublés au conseil municipal (et ils sont nombreux dans l’équipe de Carolis). Le voilà maintenant invité à défendre les intérêts de son employeur. La frontière est inexistante entre l’intérêt public et les intérêts particuliers avec cette équipe !

Et on ne sera pas déçu du voyage. Monsieur Abonneau a l’intention d’user des arguments d’autorité ! « Je vous signale que cette molécule est utilisée depuis 4 ans en Camargue » tance-t-il, « la France est le pays d’Europe où il est le plus compliqué d’avoir des substances pour pouvoir travailler ».

Sans doute considère-t-il que si l’on ne met pas un peu de chimie dans son champ, on n’est pas un vrai agriculteur ! Et ça continue de plus belle, on se croirait à une réunion de travail chez Monsanto « cette molécule dont vous avez rappelé la toxicité, a priori, mise en avant par une personne – je n’ose pas utiliser le mot de journaliste (…) ce n’est pas à moi de m’exprimer d’un point de vue politique c’est le Syndicat des riziculteurs qui le fait ! Cette substance n’est pas toxique comme aime à le mettre en avant Monsieur Clément. »

Ça continue comme ça un long moment. C’est l’intérêt particulier d’un petit groupe d’acteurs du monde agricole qui est défendu sans vergogne par un élu du conseil municipal, à grands renforts d’invectives et de mensonges. Permettez-moi, chères lectrices, chers lecteurs, de vous rappeler, en quelques mots, comment ce que Monsieur Abonneau appelle « travailler » impacte nos écosystèmes.

Nous retrouvons dans les étangs de Camargue un total de 54 polluants : 34 substances actives de pesticides différentes, avec 27 pesticides dans le Fumemorte, 20 pesticides dans le Versadou et 11 pesticides dans le Rousty. Quatre composés organométalliques, trois types de phénols, sept composés organiques volatils. La plupart des pesticides retrouvés sont interdits depuis des années : 2004, 2007 ou 2009. Les fongicides retrouvés sont interdits depuis 1991, 2000 ou 2003.

Cinq pesticides dépassent leurs valeurs de PNEC par leurs concentrations maximales : 2.4-MCPA, cyhalothrine lambda, azoxystrobine, tebufenozide et oxadiazon. Parmi eux, la concentration moyenne (NQE-MA) en cyhalothrine lambda dépasse également sa valeur de PNEC 289 fois. Deux pesticides retrouvés voient leurs concentrations moyennes annuelles dépasser leur NQE-MA : il s’agit du metolachlor (interdit) et de la cyhalothrine lambda, respectivement de 1,42 fois et 275 fois. Deux pesticides dépassent leur NQE-CMA connue par leurs concentrations maximales quantifiées durant campagne : la cyhalothrine lambda (insecticide quantifié une fois en juin) et l’azoxystrobine respectivement de 137,5 fois et 1,45 fois.

Ainsi les principaux ETM (éléments traces métalliques) rencontrés dans les eaux des canaux du Fumemorte et du Versadou sont : l’antimoine (Sb), l’arsenic (5X), l’aluminium (Al), le baryum (Ba), le bore (16 à 17 fois la PNEC en mars), le cuivre (Cu), le nickel (Ni), le manganèse (Mn), le molybdène (Mo), le vanadium (V), le zinc (Zn), le titane (Ti), l’uranium (6X) et le fer (Fe).

En termes réglementaires, la qualité de l’eau est donc classée en mauvais état chimique.

Ils ont bien travaillé, les patrons de Monsieur Abonneau ces dernières années !

Jean-Frédéric Déjean prend la parole et évoque une délibération creuse, qui fustige les règlements sans dénoncer clairement les accords de libre-échange. Il dénonce une délibération non préparée et s’abstiendra. Mohamed Rafaï dénonce le système agricole dans son ensemble sans opposer agriculture conventionnelle et agriculture biologique, mais votera pour et se félicite de cette motion.

Madame Guintolli nous dit que « Agir pour Arles » va s’abstenir. Elle dénonce un procédé démagogique et demande au Maire de répondre à ma question quant à l’agriculture qu’il souhaitait défendre et s’il soutenait la dérogation pour la molécule Avenza en rizière humide. En tant qu’agricultrice, elle s’abstiendra.

Le Maire me redonne la parole et je suis obligé de démonter l’argument de Monsieur Abonneau sur la non-toxicité du produit puisque

Dans le document de mise sur le marché de la molécule il est bien précisé qu’elle est toxique pour les milieux aquatiques et qu’il est déconseillé de l’utiliser près des points de captage d’eau. Vos mensonges sont tellement gros que ça en est ridicule. Vous nous dites que ces produits sont utilisés ailleurs, mais s’il faut s’aligner sur les pays qui travaillent dans les pires conditions sociales et environnementales pour construire notre modèle agricole, je vous laisse ce choix. Et je comprends maintenant clairement quel modèle agricole vous défendez. Et quand est évoqué le sentiment d’abandon des agriculteurs dans cette délibération, cela fait trois ans que je dis au conseil communautaire, qui a la délégation de l’agriculture, qu’est-ce que l’on fait pour les agriculteurs ? Et ça fait trois ans que vous ne faites rien. De votre côté vous allez couper une centaine d’exploitations agricoles et les mettre en difficulté avec le projet d’autoroute. Je n’ai pas besoin, de voter cette délibération pour soutenir ces agriculteurs.

Plus d’une heure de conseil vient de s’écouler et l’on n’a pas fait un pas vers le programme annoncé. Je m’abstiens sur cette motion.

La délibération n°2 arrive et c’est Monsieur Souque qui la porte. Il s’agit du Contrat de ville, c’est à dire des engagements de la commune en matière d’action sociale pour les cinq prochaines années. C’est toujours amusant de voir un ancien membre du Front National nous vanter la « mixité sociale et générationnelle » et la « lutte contre les discriminations ». Mais lorsqu’on lit en détail le document fourni, il reprend les antiennes sécuritaires que l’on connaît bien.

Je prends la parole :

Ce rapport est le fruit d’un travail d’analyse et de synthèse fait au doigt mouillé, qui a le bon goût de faire coïncider votre vision de la politique de la ville avec votre action, ou plutôt votre semblant d’action. Une soi-disant étude pour nous dire que dans les quartiers, la sécurité, le cadre de vie, et la jeunesse sont les principales préoccupations des gens. Il n’y avait pas besoin de faire une enquête pour sortir ça.

Ce qui transparaît à travers ces revendications, c’est l’échec de votre action : sur la sécurité, vous n’êtes arrivé à rien dans les quartiers ; sur le cadre de vie, on a des quartiers pas nettoyés, des travaux de voiries qui ne sont jamais allés jusqu’aux quartiers ; et sur le thème de la jeunesse, on a surtout une communication tous azimuts pour pallier la faiblesse des actions vers la jeunesse : centres sociaux à l’abandon, proposition de vacances limitées.

Votre manque d’ambition pour la politique de la ville et ses territoires de la commune transpire également dans le dossier NPNRU (Nouveau programme national pour le renouvellement urbain), ce n’est pas moi qui le dis.

Ce Contrat de ville est un amoncellement de bonnes intentions. Il y a tout un tas de formules totalement creuses qui n’engagent que ceux qui les croient et qui s’appuient surtout sur l’action des autres acteurs sociaux. Vous passez votre temps à vous délester de vos responsabilités sur les autres acteurs.

Même dans ce qui vous anime – la  sécurité – on en est au minimum syndical : réponses légères, dispositif de police mobile, retour du CLSRPD (Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance), il était temps mais c’est de votre responsabilité s’il n’était plus en place.

Vous nous dites maintenant que votre action va être le contraire de ce que vous avez fait avec des budgets toujours plus contraints ?

Vous êtes prisonniers de votre vision dogmatique et hors sol de la politique de la ville. Un seul exemple : à l’Espace Van Gogh il y avait trois médiateurs sociaux dans le cadre d’un marché avec la régie Regards. Ils intervenaient notamment à la Médiathèque et dans tout l’Espace Van Gogh. Parce que si ces espaces sont ouverts à tous, tout le monde n’a pas les codes pour que la Médiathèque soit un espace serein. Ce marché avait été passé il y a quelques années après de sérieux problèmes dans ce lieu et au pôle universitaire. Leur présence était appréciée, elle a permis de sécuriser l’espace, de permettre aux agents de la médiathèque de se concentrer sur leur travail et d’accueillir tous types de public. Puisque la lecture est l’objectif du Plan éducatif de territoire.

Fort de ce bilan et de cette situation, vous n’avez pas renouvelé le contrat avec Regards, qui a été obligé de licencier ces 3 médiateurs, et en revanche vous avez habillé l’huissier à l’entrée de l’Espace Van Gogh en vigile avec tenue sombre et chaussures de sécurité. Cette situation est l’illustration la plus parlante de votre politique.

Face A : communication, festivals, ode à la lecture, lecture priorité éducative, contrat politique de la ville, prévention, votre grand bla bla habituel.

Face B : destruction des outils de prévention, mise en difficulté des acteurs locaux (régie Regards évincée des quartiers, résiliation de contrat de nettoyage de piscine puisque plus de piscine, etc.).

Même quand un dispositif marche, vous le détruisez. Quand vous avez des gens en poste avec des profils éloignés de l’emploi, vous les mettez plus bas que terre.

Vous n’en avez rien à faire de la prévention, vous n’avez que mépris pour les travailleurs sociaux, vous avez déjà viré les médiateurs de l’ADDAP (Association Départementale pour le Développement des Actions de Prévention) des bus.

Parce que l’insécurité est de toute façon votre fonds de commerce, et que votre électorat ce n’est pas celui des quartiers. Quand je discute avec les structures sociales et qu’ils me parlent des acteurs locaux, je leur demande « la mairie aussi ? » et on me répond, en riant jaune : « Mais la mairie on ne les considère plus comme des acteurs locaux, on fait sans eux. »

Vous voulez faire des économies : comment est-ce possible d’arguer de ça, lorsqu’on a un élu à la solidarité qui ne déclare pas sa piscine pour se soustraire à l’impôt et ne pas s’acquitter de sa part de solidarité ? Lorsque l’on paye des élus depuis trois ans qui ne viennent même pas au conseil municipal ou qui ont des délégations fantômes. Les économies, c’est pour tous les autres, mais pas pour vous. Les investissements de la voirie c’est partout, sauf dans les quartiers.

15 000 € la soirée de vœux du maire. 144 000 euros pour le Tour de Provence. Vous ne faites pas une politique d’économie, vous faites une politique de choix budgétaires, et ces choix, ce sont du bling bling, de la cosmétique, de l’événementiel au détriment des Arlésiens, et surtout des Arlésiens les plus précaires.

Et vous venez nous expliquer que la politique de la ville, ce sont des synergies et que ça ne se compte pas avec les moyens financiers qu’on y met. Se moquer des Arlésiens à ce niveau-là, Monsieur Souque, c’est du grand art. Je m’abstiendrai de voter cette délibération.

Après quelques échanges entre Nicolas Koukas, Mohamed Rafaï et Monsieur Imbert, Madame Pétetin tient à me répondre : « au sujet de Regards, ces trois médiateurs avaient été mis en place il y a 15 ans pour des problèmes de drogue. Aujourd’hui, le problème de la drogue s’est déplacé, c’est dans le QPV (elle ne doit pas trop sortir sur Arles Madame Pétetin pour dire cela, mais ça en dit long sur l’image imprimée dans son esprit sur les QPV.) Donc nous avons fait un essai sans les médiateurs et nous attendons les retours. »

Donc dans l’esprit de Madame Pétetin, les médiateurs servent à faire la chasse aux dealers ! Pour autant, elle en arrive à nous avouer que la présence des médiateurs a permis de rendre l’Espace Van Gogh serein et donc, comme c’est calme on va se débarrasser des médiateurs !

On enchaîne sur la délibération du projet NRNRU de Barriol. Madame Aspord, de sa voix posée qui me rappelle celle qui annonce mes horaires de trains, nous présente une succession de plans de Barriol avec des bâtiments colorés, sans légende, ce qui fait qu’on ne comprend toujours pas ce qui va rester, ce qui va être démoli. En outre, les plans et les couleurs sont différents à l’écran de ceux que l’on a pu voir dans la documentation qui nous avait été fournie. Ça sent le foutoir à plein nez, et à la fin, personne n’a encore compris à quoi allait ressembler le quartier dans quelques années.

Je m’exprime là-dessus :

Les dossiers fournis en annexe nous permettent d’y voir plus clair sur ce dont il s’agit : un projet urbain, et pas un projet social, comme vous essayez de nous le faire croire. Surtout, ce dossier est un doigt pointé vers les carences de la municipalité dans ces quartiers, et nous interroge sur les choix de voiries notamment que vous avez fait. En voici quelques extraits :

« A l’usage, les ponts sont dangereux. Les collégiens empruntent le Pont de Réginel pour aller au collège à pied. La distance est courte mais insuffisamment aménagée pour circuler à vélo ou marcher dans un cadre agréable et sécurisé́. De manière générale, la problématique des cheminements doux à l’échelle du NPNRU concerne l’ensemble du territoire arlésien. On relèvera cette contradiction forte du projet urbain établi qui concentre les moyens à l’aménagement des espaces du cœur de quartier mais ne retisse pas de manière claire les liens à travers le territoire en commençant par les abords immédiats et les entrées stratégiques du quartier, même si le schéma d’ensemble en affiche l’intention. »

« De l’aveu des acteurs eux-mêmes, la difficulté est que l’on veut bien améliorer le quartier, mais sans mettre trop de moyens. »

« La structure du quartier renfermée sur elle-même favorise les zones de non droit, en particulier avec des espaces publics dévoyés au profit du stationnement et des voitures garées partout, des espaces de jeux pour enfants dégradés, des lieux d’agrément quasi inexistants, des terrains vagues et des aménagements paysagers insuffisants qui accentuent l’effet de vide. »

« Une problématique du quartier soulignée par les acteurs concerne également les difficultés d’entretien d’espaces dégradés, de traitement des ordures ménagères et des encombrants, des gravats extérieurs déposés en passant par des habitants venant de l’extérieur du quartier, ou encore des cagettes qui traînent après les marches, ce qui est un vrai problème pour les habitants. »

« Le problème est aussi lié à l’insuffisance de déchetteries sur Arles et de la différentiation de responsabilités entre la ville et ACCM, entre les déchets et les encombrants. Surtout, une reconquête ambitieuse des espaces publics, (…), ainsi que des équipements conséquents dédies à la collecte des ordures et encombrants est à̀ opérer rapidement pour rendre plus fonctionnel le quartier pour ses habitants en leur permettant de s’approprier davantage leur espace de vie, et changer l’image négative du quartier. »

Un rapport qui consacre le fait que la Frontière de Barriol est sociale et pas géographique : l’enclavement du quartier, n’est pas un vrai enclavement, c’est plutôt un isolement intérieur plutôt par rapport au reste de la ville. En effet, Barriol est un quartier de ville à part entière.

Un rapport qui nous dit que rien n’est prévu pour que s’opère un vrai décloisonnement.

Un rapport qui met en cause les manques de moyens de la municipalité dans les quartiers, habitants de seconde zone, rien pour le tri, rien pour la salubrité.

Donc oui à une rénovation urbaine à Barriol, mais pour quel projet social ? Quel est le projet global de mobilité qui fera en sorte que Barriol, malgré sa proximité immédiate avec la ville, en fasse désormais partie ?

De plus, sur les programmes de rénovation urbaine, il faut s’appuyer sur les retours d’expérience. Fragilité des plus pauvres qui disparaissent souvent après les projets NPNRU. Va-t-on reloger tout le monde ? Vous parlez souvent du port de plaisance, il y a une volonté à peine dissimulée de déménager le quartier gitan. Ce projet de requalification, creux pour le moment, ne pourra pas faire l’économie d’un projet social que nous ne voyons pas se dessiner. Le doute vous profite pour le moment vu le flou du projet, mais nous serons très vigilants à ce que ce projet ne soit pas juste un coup de peinture pour changer le décor, sans rien changer d’autre. 

Nicolas Koukas et Mohame Raffaï s’expriment à leur tour et enfin Madame Guintolli : « Agir pour Arles votera “pour” cette délibération mais j’avais écouté lors d’un précédent conseil Cyril Girard nous parler de certains aspects que je n’avais pas bien compris. Je suis donc allée me documenter ». Et de reprendre mot pour mot l’argumentaire que j’avais développé lors d’un récent conseil sur ce sujet, sur inefficacité des NPNRU sur le plan social. Sur le fait qu’il s’agit souvent d’un ripolinage qui ne change pas foncièrement les problématiques et que parer ces NPNRU de toutes les promesses non tenues ailleurs était un mensonge ! Elle est presque prête à prendre sa carte d’adhérente à Changeons d’Avenir !

Il ne se passe plus grand chose jusqu’à la délibération qui touche au passage de la Flamme olympique. J’interviens pour noter le coût particulier de l’évènement :

Quitte à filer la métaphore combustible, disons qu’on a du mal à s’enflammer pour cette délibération. Nous sommes assez circonspects sur l’olympisme aujourd’hui et avons de plus en plus de mal à y déceler le moindre esprit hérité de Coubertin .

Les jeux et les grandes messes sportives internationales sont devenus malgré les effets d’annonce, sur des critères sociaux et environnementaux, totalement anachroniques et en décalage avec les attentes de notre époque. Les récentes révélations sur l’argent brassé et la candidature des Alpes pour les JO d’hiver n’arrange rien à leur image.

Paris n’échappe pas à la règle pour l’instant : sur le bilan écologique, on a déjà vu menacer les jardins d’Aubervilliers et la Seine-Saint-Denis se trouve, contrairement à ce qui lui a été promis, menacée. Sur le bilan économique, on avait un projet initialement chiffré à 7 M€ et on sait qu’il
dépasse déjà 9 M€. L’expérience des villes précédentes montre en général que les budgets prévisionnels sont dépassés de 116 %. C’est en tout cas le cas depuis 1968. Sur le bilan sécuritaire – et vous savez que c’est une chose qui nous tient particulièrement à cœur, c’est la raison pour laquelle on s’abstiendra – vous avez probablement entendu parler de l’article 7 du projet de loi relatif aux Jeux Olympiques qui a été examiné au Sénat le mois dernier. Il s’agit de légaliser la vidéo surveillance algorithmique de façon, paraît-il, expérimentale pour toutes manifestations sportives, culturelles ou récréatives, et ce jusqu’au mois de juin 2025. C’est donc à l’intérieur d’un projet de loi Jeux Olympiques mais, en réalité, l’expérimentation se prolonge jusqu’en 2025. On a déjà largement eu l’occasion d’exposer nos désaccords fondamentaux sur la question de la vidéosurveillance, plus encore sur les dérives à la fois en termes de contrôle de la société et d’inflation sécuritaire que portent ces nouvelles technologies de surveillance, en particulier, de surveillance automatisée.

On a la preuve sur toutes les éditions précédentes que les vrais gagnants des Jeux Olympiques sont toujours les mêmes, c’est-à-dire les multinationales du BTP, les promoteurs immobiliers, les grands sponsors qui font fabriquer leurs équipements par des petites mains en Inde ou en Chine par des enfants ou des prisonniers et qui sont relayés maintenant par les entreprises privées de surveillance et de sécurité.

Nous pensons – et je pense que c’est une chose que l’on partage avec vous – que le sport est quelque chose de très important et que le sport amateur plus encore mérite tout notre soutien, et tout notre respect. Et que tous les efforts de la commune devraient être tournés vers une offre de qualité et des équipements dignes de la passion des bénévoles arlésiens. Or c’est tout le contraire, vous avez fermé la piscine Tournesol pour faire des économies, il a fallu qu’en enfant à Fournier se prenne un rideau coulissant sur la figure pour que vous réagissiez en pompier en essayant de faire de menus travaux par ci par là. La clôture du terrain de tennis du gymnase Louis Brun s’est effondrée et encore hier les enfants s’entraînaient quand même, alors qu’il y a des barrières autour de cette clôture (notons que trois jours après cette intervention la mairie réparait la clôture).

Bref encore une fois le bling bling du sport l’emporte sur la pratique au quotidien des Arlésiens. La moindre des choses pour une commune qui accueille la Flamme serait d’être exemplaire dans sa manière de traiter le sport sur son territoire, ainsi que dans le traitement au niveau subvention des assos et dans l’attention que vous prêtez aux conditions de pratique des Arlésiens. »

Quelques minutes après, on finit par avoir le coût pour la collectivité de ce passage, environ 100 000 €. Madame Graillon jugeant sans doute qu’elle était mieux placée que les autres pour défendre ce dossier porté au départ par Sybille Laugier, nous parle de « l’honneur qui nous est fait, dans d’autres villes, la flamme ne s’arrête pas. C’est exceptionnel pour notre ville, des Jeux Olympiques il y en a une par siècle en France (ben du coup avec Albertville dans les années 80 et Paris en 2024, on peut espérer d’après l’agence de consulting Graillon & Co. qu’on n’aura pas les prochains Jeux d’hiver!). « Mais Monsieur Girard vous n’aimez pas les symboles, il faut arrêter de polémiquer et mettre un peu de bonheur. Si ça coûte aussi peu cher c’est grâce au Département (sous-entendu j’ai bien fait mon travail de conseillère départementale). »

J’aimerais pouvoir répondre, mais Monsieur Jalabert, pour des raisons que j’ignore, fait la police du conseil et me refuse la parole. C’est vrai qu’il est plus de midi, le conseil dure depuis 2h30 et on a passé… quatre délibérations. Bon, mais moi je suis venu pour m’exprimer, surtout lorsque je suis pris à partie directement. Ni une ni deux, je plie bagage et quitte le conseil. C’est la troisième fois qu’on me refuse la parole depuis le début de la réunion et je refuse de rester sans pouvoir m’exprimer. Ce que j’ignore à ce moment-là, c’est que le reste de l’opposition fera la même chose quelques minutes plus tard, obligeant le conseil municipal à s’arrêter faute d’avoir le quorum. Avec ses 21 conseillers présents, Monsieur de Carolis ne peut pas aller au bout de l’exercice. La mauvaise nouvelle c’est que les délibérations non portées seront à l’ordre du jour du prochain conseil municipal qui risque d’être énorme ! Pas sûr d’avoir envie d’en faire le compte-rendu !

Un podcast de la journée “En travers de la route” du 1er octobre

“En travers de la route” est un collectif qui lutte contre un projet d’autoroute au Nord de la Camargue, présenté comme une solution de contournement de la ville d’Arles mais dont l’objectif est avant tout d’accompagner la croissance du Grand port maritime de Marseille en permettant à toujours plus de camions de circuler toujours plus vite à travers un territoire toujours plus rongé de plateformes logistiques.

Le dimanche 1er octobre, le collectif a invité toutes celles et ceux qui le souhaitaient à une journée informative et créative dans le cadre d’un grand appel à contributions artistiques : la déclaration d’inutilité publique de ce projet d’un autre âge.

Alessandro Pignocchi nous a rejoint dans l’après-midi pour une conférence animée par Virginie Maris, tellement inspirante que nous avons décidé de la reprendre intégralement dans ce podcast.

https://audioblog.arteradio.com/blog/146870/podcast/213290/en-travers-de-la-route-avec-alessandro-pignocchi#

Dimanche 1er octobre – Journée artistique “En travers de la route”

La journée de créations et de discussions du 1er octobre a été un succès, avec de belles rencontres dans un endroit magnifique. Nous avons fini par unéchange très inspirant avec Alessandro Pignocchi sur les luttes et les perspectives politiques qui nous animent. Nous mettrons bientôt en ligne l’enregistrement de cet entretien.

La Provence en a tiré un article qui donne de la visibilité à notre démarche. Merci à toutes celles et ceux qui ont participé. Cette journée nous a donné très envie de reproduire ce genre d’invitations.

L’article dans la Provence du lundi 2 octobre 2023

Jeudi 6 juillet – Conseil municipal

Ayant quitté le conseil municipal seulement une heure et demi après qu’il ait débuté, c’est un compte non-rendu que vous livre aujourd’hui Virginie Maris, dans un style un peu décalé et beaucoup plus personnel que de coutume. Et comme on n’était pas vraiment satisfaits de la couverture journalistique du lendemain, on vous propose une petite Alter-Provence en prime !

J’avais déjà la boule au ventre en traversant notre ville transformée cette semaine en décor de carton-pâte pour quelques créatifs, cultureux et collectionneurs en mal de provençalité.

Le thermomètre a commencé sa tragique ascension, signant cette sourde angoisse qui a remplacé l’insouciance estivale de mon enfance par la peur des canicules, des sécheresses et des incendies. La France est en feu. Des policiers tuent et mutilent la jeunesse. Des juges expédient des gamines en prison pour des larcins dérisoires. Des députés banalisent l’idée nauséabonde qu’il puisse y avoir des français de seconde zone. Des milices d’extrême-droite sèment la terreur dans des petites villes de province.

Et pendant ce temps, comme s’il n’y avait rien de plus important au monde que de faire un commentaire spirituel sur la soirée privée BMW à l’archevêché, ruisselant d’insouciance et d’eau florale Fragonard, des citadins des quatre coins du monde boivent des pastis noyés, dans leur accoutrement savamment négligé aux terrasses du « centre historique ».

Le contraste est trop saisissant et je peine à savoir ce qui me paraît le plus violent : le pillage nocturne des boutiques de luxe ou l’étalage diurne de la supériorité suffisante de ceux qui n’ont même pas besoin de s’en inquiéter.

Bref – pardonnez-moi cette digression – c’est probablement dans des dispositions déjà bien défavorables que je suis arrivée au conseil municipal exceptionnellement délocalisé au Pôle des services publics pour cette dernière séance avant la trêve estivale.

Devant le bâtiment municipal, un petit attroupement laissait présager un public plus nombreux, et moins sage peut-être, qu’à l’accoutumée.

Je ne vais pas tenter l’exercice habituel de commentaire au fil de l’eau car il n’y avait rien d’habituel dans ce conseil municipal que nous avons quitté, Cyril et moi, au bout d’une heure et demi, avant de voter la onzième des trente délibérations à l’ordre du jour.

Voici le message que nous avons transmis à la Provence hier soir pour expliquer ce départ :

A l’issue de la 10e délibération, les élus de Changeons d’Avenir ont décidé de quitter le conseil municipal. Plusieurs demandes de prises de paroles nous ont été refusées. Le mépris affiché du Maire vis-à-vis des agents municipaux et des représentants syndicaux a créé une atmosphère impropre à un débat démocratique digne. Pour finir, les attaques du Maire mettant en pâture dans l’espace public des éléments strictement privés concernant un des membres de l’opposition et la cacophonie qui s’en est suivie ont fini de détériorer toute possibilité de travailler ensemble sereinement pour le bien des Arlésiennes et des Arlésiens. Rester les témoins passifs de ce déballage obscène d’agressivité aurait été aux antipodes de ce à quoi nous aspirons et du respect que nous avons pour les institutions municipales. Sans espace de débat serein et impartial dont le Maire devrait être garant, ce sont les conditions même de l’exercice démocratique qui sont mises en péril et nous refusons d’en être complices.

Hier soir, en effet, se sont cristallisées, dans une forme presque pure, les pires tendances qui depuis que je siège sur ce conseil municipal m’horripilent. Ce que je souhaite partager aujourd’hui, dans ce compte-rendu qui n’en est pas un, n’engage que moi. Je ne parle ni au nom des élus Changeons d’Avenir, ni au nom de l’association, ni en tant que conseillère municipale. Je parle en tant que femme qui a eu la naïveté de croire que la politique était ce que l’on en faisait, qu’en s’engageant dans une liste citoyenne, écologiste, féministe, on pouvait devenir actrices et acteurs de la vie de la cité plutôt que de rester spectateurs de son délitement.

Mais ce à quoi nous assistons depuis trois ans, au sein du conseil municipal, c’est un concentré nauséabond de tout ce qui nous asphyxie dans la société capitaliste et patriarcale. La masculinité vénéneuse qui tue dans les foyers, qui harcèle dans l’entreprise, qui bombarde sur les champs de bataille trouve ici un écrin confortable et légitime pour se déployer dans toute sa toxicité. C’est à coup d’agressions, de « punchlines » cinglantes et d’accusations personnelles que se règlent les affaires de la ville.

La mise en scène est triviale. On sait qui sont les gagnants, pour les six ans qui viennent, il n’y a pas véritablement d’intrigue, simplement le spectacle de vainqueurs qui n’ont ni doutes, ni hésitations, ni remords. Le rôle des perdants quant à lui, pas suffisamment viril pour être joué avec sincérité, doit être sublimé dans l’espoir d’une revanche au prochain match, comme si nos vies et notre ville pouvaient attendre le mandat suivant pour sortir de la trajectoire mortifère dans laquelle nous sommes engagés. Malgré les micros, il s’agit de parler fort, de surenchérir pour retenir l’attention du journaliste qui nous fera l’honneur de reprendre un commentaire particulièrement percutant dans l’édition du lendemain matin, de ne surtout pas s’écouter ni se faire entendre. Ce ne sont pas des arguments, ni des sentiments, ni des expériences qui s’échangent, mais des coups.

Car c’est le dispositif lui-même du conseil municipal qui nous condamne à l’impuissance. La prime majoritaire assure 36 des 45 voix en présence à une liste qui se croit gagnante alors que moins de 12% des électeurs et électrices inscrits lui ont accordé leur confiance au premier tour des élections municipales. Cette proportion tombe à 8,5% si l’on rapporte le score de la liste de M. de Carolis à l’ensemble de la population arlésienne. Il n’y a pas de commission plénière pour travailler et discuter ensemble les dossiers et l’agencement de la salle semble être décidé pour répondre aux besoins de l’équipe en charge de la mise en scène télévisuelle de l’évènement. Et chaque mois il faut rejouer ce mauvais spectacle : une poignée de personnages principaux, héros ou héroïnes au charisme variable mais qui tous s’évertuent à surjouer la virilité dans des joutes dérisoires, et qui pour quelques heures vont s’invectiver face à une assemblée de figurants inertes ; L’objectif ne peut être de changer le cours des choses : tout est déjà écrit. La majorité acquiescera à toutes les propositions du Maire, l’opposition s’opposera, scandalisée, et chacune, chacun rentrera le soir plus ou moins satisfait de la prestation du jour.

Pourtant hier, ce petit théâtre des egos a pris des allures obscènes. Est-ce la chaleur, l’ambiance sulfureuse de la scène politique nationale, ou simplement l’impression que tout est permis, qu’il n’y a même plus besoin de faire semblant de respecter la ville et ses institutions ? La domination masculine était sans fard, la testostérone diffusait comme une traînée de poudre son odeur âcre dans les rangs du conseil.

De cette ambiance suffocante, je ne tirerai que deux épisodes particulièrement éloquents, également soulignés par La Provence dans son édition du lendemain.

Alors que se discute la énième vente d’un bien immobilier municipal, une délégation d’agents en grève du pôle social, des crèches et des services techniques entre dans la salle du conseil. Grave, silencieux, ils et elles tiennent des pancartes où s’écrit le malaise ambiant : « pôle actions sociales » « surchargés » « mal payés » « méprisés » « mais indispensables » « stop » « la couche est pleine » « Monsieur le Maire, à quand le RDV ?!? ». Ni chahut, ni invective, quelques applaudissements lorsque Nicolas Koukas se fait le porte-voix de ces revendications qui s’enlisent dans un non-dialogue social depuis des semaines. Le groupe est majoritairement composé de femmes qui travaillent dans les crèches et les centres sociaux. Et voilà que de très haut, perché aux cimes du mépris de classe et de genre, Monsieur de Carolis déclare sans la moindre gêne que ces travailleuses sont manipulées, lançant à Koukas :

« Vous essayez aujourd’hui de manipuler un certain nombre de syndicats afin qu’ils ralentissent l’effort que nous faisons dans notre majorité pour faire avancer les choses. C’est ça votre manœuvre M. Koukas, et la mise en scène que nous avons là en est la preuve. »

La puissance politique des femmes, l’agentivité des subalternes, voilà qui ne rentre pas dans le programme belliqueux de celui qui veut un adversaire de son rang. Qu’il s’agisse d’un froid calcul ou d’un dérapage n’a finalement pas grande importance. C’est dans toute sa froideur et sa nudité que s’est exposé là le machisme de notre édile. Incapable d’admettre que les hommes et les femmes qui travaillent pour le bien commun dans les services de la ville ne sont pas ses sujets, qu’ils ne sont pas des pions vulnérables à toutes les influences et à toutes les manipulations, mais des sujets politiques, pleinement autonomes et mieux placés que quiconque pour savoir où sont leurs intérêts et comment mener à bien les missions qui sont les leurs.

La deuxième scénette est plus spectaculaire, littéralement pathétique. Quoi de mieux pour cette ville d’aficionados qu’une estocade savamment orchestrée ? De Carolis, sans culotte à paillette ni montera, a choisi son heure et sa victime. Il déballe au détour d’une digression concernant l’absence de piscine pour l’été à Mas Thibert ce que même la Provence a qualifié de « coup bas » dans le journal de ce matin :

« Monsieur Rafaï, je vais vous réserver quelque chose en fin de conseil. Je vais vous réserver quelque chose et vous nous direz pourquoi vous n’avez pas obtempéré à notre police municipale il y a quelques jours. Alors que vous êtes un élu qui doit respecter la loi. Pourquoi vous n’avez pas obtempéré à notre police municipale vendredi soir. »

S’en suit une altercation où il est question de problèmes de santé, d’insultes, de substances licites et illicites, de merde, de vie privée et d’indignité à tous les étages. Alors que je me décompose littéralement, Cyril a la présence d’esprit de rappeler qu’à notre connaissance, la seule personne dans ce conseil qui ait été condamnée par la justice, c’est le Maire lui-même, jugé coupable de délit de favoritisme lorsqu’il était à la présidence de France télévision et qu’en matière de contournement de loi, plusieurs élus de la majorité semblent s’être affranchis du code de l’urbanisme pour faire des travaux chez eux, notamment M. Souque qui a fait creuser sa piscine de manière illégale.

Je fais signe à Cyril de me suivre et nous quittons la salle du Pôle des services où fusent les cris et les menaces. J’ai accepté de jouer les figurantes dans ce petit théâtre des vanités car je considère que c’est une responsabilité morale vis-à-vis de toutes celles et ceux qui ont accompagné Changeons d’Avenir dans cette aventure, mais ni là ni ailleurs je ne tolérerai de rester muette face au mépris et à la violence. Qu’ils s’écharpent sans nous.

L’heure est trop grave pour se faire les complices de ce spectacle dégradant ; la démocratie trop fragile pour la regarder s’avilir de la sorte. Des quartiers brûlent, l’Europe est en guerre et nous respirons en France le nuage de cendres de neuf millions d’hectares de forêts canadiennes calcinées. J’aimerais vraiment achever ce texte avec une note joyeuse, dire comme la lumière était belle l’autre soir sur l’étang du Vaccarès et comme il me tarde de retrouver l’ambiance joviale et bigarrée des deux festivals qui la semaine prochaine transformeront cette galerie chic à ciel ouvert en méli-mélo de langues et de musiques. Mais la colère est trop vive, l’amertume trop intense. Alors faute d’une note gaie pour conclure, je vous propose une version ultra-lapidaire de ce que nous n’avons pas dit des trente délibérations qui ont été adoptées lors de ce conseil municipal.

OUVERTURE DE LA SÉANCE

1- Adoption du procès-verbal du Conseil Municipal du jeudi 1er juin 2023

Cyril demande des nouvelles de la promesse qui a été faite de transmettre à M. Meysonnier les noms des bénéficiaires de l’aide de la ville à l’embellissement des façades. L’information a bien été transmise à l’élu qui n’est plus dans la majorité mais pas encore dans l’opposition et qui nous les a fait suivre dans la soirée.

VIE DE LA CITÉ

2- Cession d’un immeuble pour la réalisation d’un pôle médical

Hormis son titre, absolument rien dans cette délibération ne nous garantit que la vente de cet immeuble donnera effectivement naissance à un « pôle médical ». On apprend que l’acheteur est un médecin multi-investisseur qui détient déjà des biens de ce genre à Montpellier, la Grande-Motte ou encore Agde et qu’il entend y installer, en plus de plusieurs cabinets de spécialistes, un centre de petite urgence. 380 000 euros pour un immeuble de quatre appartements totalisant 500 m2 habitables. Comme le suggère Dominique Bonnet, il aurait peut-être été intéressant de s’inspirer des expériences de certaines villes qui collaborent avec les centres hospitaliers pour mettre en place des centres médicaux en ville sans l’intermédiaire d’investisseurs privés.

3- Répartition intercommunale des charges de fonctionnement 2022-2023 des écoles publiques des communes d’Arles, Fourques, Bellegarde et Beaucaire

4- Convention cadre Ville d’Arles / Aix-Marseille Université – avenant n°2

5- Attribution de subvention pour les classes vertes – année scolaire 2023/2024

6- Transfert de propriété des biens déposés par l’État au Musée Réattu

7- Dépôt d’œuvres du musée des Beaux-Arts de Carcassonne au Musée Réattu

8- Rencontres d’Arles – mise en vente du catalogue au Musée Réattu

9- Renforcement de l’attractivité et de l’identité territoriale d’Arles – tarifs des produits promotionnels

La majorité ne s’est jamais caché de vouloir développer « la marque Arles ». On passe un cap avec la mise en vente de « goodies » dont voici la liste et les prix :

Cyril interpelle les élus sur les impacts sociaux et écologiques de ce type de produits. Il rappelle que l’industrie textile est l’une des plus polluante de la planète, émettant 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre soit 1, 7 milliards de tonne par an. En moyenne, il faut 10000 litres d’eau pour produire 1 kg de coton, soit 2500 à 3000 litres pour un t-shirt classique. Le bilan Carbone d’un tee-shirt à bas prix est d’autant plus catastrophique qu’il est généralement le produit de nombreux aller-retours à l’échelle planétaire : récolte du coton, tissage, confection, flocage et lieux de vente. On demande ce qu’indique le cahier des charges en termes de contraintes environnementales et sociales,et comment il se peut que les prix soient fixés avant même l’ouverture du marché public. Madame Graillon nous répond que les prix sont fixé en fonction de ce qui se pratique dans d’autres villes. Oui ils vont y penser. Mais étant donnée la réglementation sur les marchés publics et étant garante de la bonne gestion des fonds publics, elle devra aller au « moins-disant ». Ça se passe de commentaires, non ?

10- Approbation de la convention cadre des centres sociaux 2023

11- Attribution de subvention à une association – exercice 2023 – thème agriculture – 2ème répartition

Comme pour toutes les subventions, nous nous abstenons de voter pour les délibération 11 à 14 pour contester la politique de la ville à l’égard du monde associatif.

12- Attribution de subvention à une association – exercice 2023 – thème transition écologique et biodiversité – 2ème répartition

13- Attribution de subventions – exercice 2023 – thème culture – 3ème répartition

14- Attribution de subvention à une association – exercice 2023 – thème séniors – 3ème répartition

15- Attribution d’une subvention exceptionnelle à l’association « Souvenirs Français » – exercice 2023 – thème devoir de mémoire

16- Attribution d’une subvention exceptionnelle à l’association « Comité d’Intérêt de Quartier de la Roquette » – exercice 2023 – thème villages et quartiers

17- Parc Naturel Régional de Camargue – subvention exceptionnelle au plan d’actions ponctuelles 2022

FINANCES

18- Approbation du Compte Administratif 2022 de l’Office de Tourisme et présentation du rapport d’activités et de fréquentation 2022

19- Formation régionale des guides conférenciers – demande de subvention exceptionnelle à la Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur (DRAC PACA)

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

20- SEMPA – Approbation de la fusion-absorption de la Société d’Économie Mixte « SEMPA » par Vilogia SA

On a déjà pu constater une volonté délibérée de mentir aux Arlésiennes et aux Arlésiens sur ce sujet . Pendant des mois, on nous a dit qu’il n’y avait pas de projet de vente, et nous nous sommes récemment aperçu que la tractation entre la Sempa et Villogia avait commencé il y a presque un an. Tout aurait été mis en œuvre pour dissuader d’autres acquéreurs potentiels. Il ne s’agit pas tant de répondre aux obligations légales, puisque se regrouper ne signifie pas nécessairement tout vendre et être absorbée. On ne voit rien dans cet accord qui protège les salariés. Les bailleurs sociaux sont des acteurs techniques et financiers de la vie des quartiers. En se débarrassant la de la SEMPA, la mairie se prive de l’opportunité d’être l’actionnaire principale d’un bailleur de quartier, et perd donc un levier efficace pour contribuer à la politique de la ville dans ce quartier.

Le prix de vente est exceptionnellement bas. Comme le dit l’accord, la SEMPA n’a jamais fait d’objet de redressement qui mette en péril sa santé financière. Le total des actifs net se monte à 74 millions d’euros avec un passif de 54 millions, soit un excédent de 20 millions auquel s’ajoutent des subventions pour un montant de 11 millions. Il y a une véritable confusion entre les obligations de bénéfices d’une société privée qui doit des comptes à ses actionnaires et celles des sociétés publiques dont la mission est d’intérêt général.

Enfin 4,5 millions d’euros est un prix de vente dérisoire. Nous ne pouvons qu’être surpris des efforts qui ont été faits pour dissimuler ce projet de vente et pour favoriser Villogia, plutôt qu’une autre société, à se porter acquéreur, en dépit de la mauvaise réputation de cette société dont atteste le reportage de Cash Investigation que nous avons déjà largement commenté lors du conseil municipal précédant.

21- Convention tripartite d’anticipation foncière sur le site « quartier du port » – avenant n°1

On aurait pu interroger le Maire sur le projet qui sous-tend l’aménagement de ce quartier et qui semble encore bien nébuleux. Ce quartier à subit de nombreux changements avec la multiplication récente des projets immobiliers, tout en parpaings, sans que soit menée de réflexion prospective sur les conséquences d’une augmentation soudaine de la population. Cela ne manque d’ailleurs pas d’inquiéter le personnel des écoles.

Il semble n’y avoir aucune réflexion sur les usages – pêcheurs, promeneurs, usagers de la Via Rhôna – et sur l’articulation de ces usages avec ce projet flou de port fluvial.

Ce que l’on observe à ce jour, ce sont de très nombreux logements, sans espace vert, sans parc pour les enfants ni services de proximité. L’état de la chaussée est déplorable rue Gaspard Monge. Il n’y a pas de trottoirs au sud sur les rues Louis Vissac et Gaspard Monge. Les enjeux de mobilité sont complètement délaissés alors que la voie ferrée pourrait être une voie de circulation à exploiter. Les poubelles et les dépôts sauvages se multiplient et il y a plusieurs endroits près du pont Van Gogh où sont régulièrement brûlés des déchets.

22- Ville d’Arles / Compagnie Nationale du Rhône : Convention d’occupation temporaire du domaine public communal – signature de l’avenant

Nous nous étonnons qu’il n’y ait eu aucune anticipation sur les besoins en électricité des bateaux de 135 m et nous ne voyons aucune raison d’accorder cette occupation à titre gratuit alors qu’on impose aux Arlésiennes et aux Arlésiens de faire des économies sur tout.

23- Abrogation de la délibération N°DEL_2022_0200 du 17 novembre 2022 – désaffectation et déclassement d’une ancienne école sise 2 rue Léon Blum à Arles

Encore un signe d’amateurisme, la mairie ayant précipité la vente alors que le préfet n’avait pas encore rendu son avis. Il faut donc défaire et refaire ce contre quoi nous nous étions positionnés il y a quelques moi. Nous contestons toujours la désaffectation, ce bâtiment était bien utilisé par le public avant que la Mairie n’en fasse partir les associations qui y menaient leurs activités. C’était également un lieu dans lequel de nombreuses salles pouvaient servir de manière ponctuelles pour certains évènements associatifs, comme ce fut le cas pour Changeons d’Avenir en 2019 et en 2020.

24- Abrogation de la délibération N° DEL_2022_0201 du 17 novembre 2022 et cession d’un immeuble sis 2 rue Léon Blum à Arles

25- Incorporation dans le domaine public communal des voies et réseaux divers- Clos des Bateliers

ADMINISTRATION GÉNÉRALE

26- Placements de trésorerie – délégation du conseil municipal au Maire

On nous demande de confier à la seule discrétion du Maire de l’argent public en dérogeant à l’obligation de déposer ces fonds auprès de l’état. Cela semble un peu hasardeux, notamment en ce qui concerne des fonds provenant de l’aliénation d’éléments du patrimoine comme des cessions immobilières alors que les ventes se sont multipliés.

27- Création d’emplois permanents

Il s’agit de la création de douze emplois permanents, dont trois sont des postes d’opérateurs de vidéo surveillance. Nous nous sommes déjà exprimé sur le sujet et on vous renvoie à la petite vidéo que nous avions montée il y a trois ans déjà, alors que se discutait en conseil municipal de la mandature précédente un projet d’extension de la vidéoprotection dans la ville d’Arles.

Depuis que nous sommes entrés au conseil municipal, nous avons recensé 1.200.000 d’euros hors taxe directement dédiés à l’équipement vidéo, auquel s’ajoute une part importante des investissements dans le nouvel hôtel de police qui abrite un “centre de supervision urbaine” ultra-moderne paraît-il (dixit Mandy Graillon) et l’équipement pour la vidéo-verbalisation qui n’est semble-t-il pas encore en fonction mais a déjà coûté plusieurs centaines de milliers d’euros. A ces investissement vont s’ajouter des frais d’entretien que l’on sait colossaux et maintenant un coûts en ressources humaines de près de 100.000 euros par an. Difficile de ne pas mettre en perspective la création de ces trois postes avec la détresse exprimée par le personnel des crèches et des centres sociaux qui souffrent d’un sous-effectif insoutenable.

REPRÉSENTATIONS

28- Fondation du Parc Naturel Régional de Camargue – désignation des représentants au Conseil Municipal

COMPTE RENDU DE GESTION

29- Compte rendu de gestion – décisions prises en vertu de l’article L.2122-22 du Code Général des Collectivités Territoriales

QUESTIONS ORALES

Nicolas Koukas demande des nouvelles de la délégation de service public concernant les arènes. On n’apprend qu’on ne peut rien apprendre. Il y a eu un référé contre la ville. Ce n’est pas la première fois. Le mystère plane mais “la ville est sereine”.

Changeons d’Avenir fête ses trois ans !

Le 23 juin, Changeons d’Avenir vous invite à fêter ses trois ans. Venez faire avec nous le bilan de la politique locale des trois années écoulées, échanger sur les grands enjeux à venir et, surtout, fêter l’été avec un grand bal sauvage !

18h30 . Bilan et perspectives (politique municipale et lutte contre le contournement autoroutier)
20h00 . Repas . Buvette
21h30 . Grand bal sauvage avec Henri Maquet et Emmanuelle Aymès

Retrouvez-nous au Mas de Granier, route d’Eyguières à Saint-Martin-de-Crau à partir de 18h.

L’objectif est de faire venir le plus de monde avec le moins de voitures possible. Pour cela, nous avons besoin de votre aide :

  • Pensez à proposer à vos proches et connaissances de co-voiturer
  • Si vous avez un véhicule et qu’il vous reste des places, merci de vous inscrire sur cette plateforme ou de nous le signaler par mail ().
  • Si vous n’avez pas de véhicule, cherchez un co-voiturage via cette plateforme ou contactez-nous par mail ().
  • Et on a même une proposition de co-vélotage (Merci Jérôme!). C’est un trajet de 17km via le Chemin de Servannes, avec retour par le même chemin. Attention, de bons feux sont nécessaires. 🕠 Départ 17h30 pétantes de la Place de la Mairie, Arles. Rendez-vous un peu avant… cyclistes autonomes avec des vélos en état de marche, feux avant et arrière, gourdes, petit kit de réparation 🔧. Vient qui veut ! 🕶 🦺 🪖
« Older posts

© 2025 Changeons d'avenir

Theme by Anders NorenUp ↑