Alter-concertation – 1. Les déplacements

Retrouvez notre première alterconcertation, enregistrée le 10 décembre 2020 en présence de Stéphane Coppey (FNE13) et Jean-March Rocchi (conseil de développement du Pays d’Arles).

Nous abordons le thème des déplacements.

Il s’agit d’apporter un éclairage sur les éléments techniques abordés durant un an par le comité de suivi : Qui emprunte l’actuelle RN113 ? Quelles sont les projections en terme de nombre de véhicules dans les années à venir et leur impact, avec ou sans le projet autoroutier ? Quel est le projet économique sous-jacent ? Comment vont se reporter les flux de circulation sur les autres axes ? Comment aborder différemment la question des transports ? Qu’en est-il du report modal ?


Vous pouvez consulter la présentation visuelle de cette séance en cliquant ici.

Voici un texte qui résume certains des enjeux qui nous semblent primordiaux :

Selon l’édition 2020 des chiffres clé du transport publié par le commissariat général du développement durable, en 2018 la part modale de la route représente 89,1% du transport intérieur de marchandises, contre seulement 9,0% pour le ferroviaire et 1,9% pour le fluvial. La part des modes non routiers a fortement chuté au cours des deux dernières décennies, notamment du fait de la réduction du transport ferroviaire (-4,5% par an en moyenne entre 1997 et 2010). Toujours selon ce même rapport, en 2018 les transports sont responsables de 31% des émissions de gaz à effet de serre contre 26% en 2008.

Le territoire arlésien est à la fois soumis au trafic de transit et d’échange. Ce dernier est en augmentation grâce à l’activité de fret du Grand Port Maritime de Marseille. Entre 2012 et 2017 sur le seul bassin ouest du GPMM (terminaux de Fos) le trafic de conteneurs a progressé de 38,6% pour atteindre près de 1,15 millions de conteneurs. L’ambition affichée est d’atteindre 2 millions de containeurs en 2023 et 3 millions en 2030, via notamment les projets de nouveaux terminaux Fos-3XL et Fos-4XL.

L’Union Maritime et Fluviale Marseille-Fos (UMF) fédère l’ensemble des professions qui exercent leurs activités en lien avec le port. En janvier 2019, dans un rapport de contribution au projet stratégique du GPMM 2019-2023, l’UMF juge selon elle que «  Les dessertes terrestres routières et ferroviaires sont jugées insuffisantes pour accompagner la croissance des activités et trafics ». Ce constat est partagé par la direction du GPMM. Ainsi dans le rapport du Projet stratégique du GPMM il est mentionné la nécessité de nouvelles infrastructures autoroutière comme la liaison Fos-Salon et le contournement d’Arles. Contrairement à la plupart des autres grands ports internationaux, le bassin ouest du GPMM ne bénéficient pas d’une connexion directe de type autoroutier vers les plateformes logistiques proches et en direction de l’hinterland national et européen. L’UMF estime que pour maintenir et accélérer la croissance il faut agir en priorité sur « la mise à niveau des dessertes terrestres » ou encore « les actions collectives de lobbying ».

Ce constat est partagé par la direction du GPMM. Ainsi dans le rapport du Projet stratégique du GPMM il est mentionné la nécessité de nouvelles infrastructures autoroutière comme la liaison Fos-Salon et le contournement d’Arles.

Une des conséquences locales de cet accroissement de l’activité conteneurs est le développement des nouvelles zones logistiques, consommatrices de milliers de mètres carrés de terres agricoles ou naturelles. Les projets logistiques sont nombreux sur Fos-Distriport, Fos-la Feuillane, Saint-Martin de Crau, Arles (Nestlé), Chateaurenard, Beaucaire, Garons, Fournès (Amazon), Salon de Provence, Miramas ou encore Ensuès-la-Redonne.

Ces zones d’entrepôts logistiques engendreront une augmentation du trafic routier portuaire et local.

Dans ce rapport de l’UMF, ces professionnels du secteur sont lucides et portent le constat que « malgré le report modal, l’augmentation des trafics va générer un nombre accru de camions et de déplacements professionnels, avec un vrai risque d’asphyxie de la zone. »

De nombreux rapports pointent du doigt le manque de développement local du ferroviaire, comme le doublement de la voie actuelle vers Miramas et la mise aux normes du centre de tri de Miramas, laissée sur le banc de touche depuis de nombreuses années.

Sous couvert de favoriser l’essor socio-économique de la Métropole les professionnels du secteur de la logistique et de nombreux élus locaux estiment nécessaire de créer de nouveaux axes de transport pour éviter les nœuds de transport. Le projet de contournement autoroutier d’Arles au même titre que le projet de liaison autoroutière Fos-Salon est dans cette optique. Mais comment fluidifier les flux et rendre le trafic local plus sûr, quand on veut tripler le nombre de conteneurs et donc de camion sur les routes?

Une grande part du flux de poids-lourds sur l’A54 est en transit, entre l’Espagne et l’Italie. Mais comment peut-on encore cautionner aujourd’hui qu’un poids-lourd traverse l’Europe pour aller livrer des marchandises ? en 2018, 94% des émissions de CO2 du transport proviennent du transport routier. 31% des émissions françaises de gaz à effet de serre proviennent des transports. Être un lieu de transit pour camions européens est un non-sens.

Derrière cette problématique de transports routier, se trouve un enjeu beaucoup plus sociétal et social. Pourtant la concertation actuelle sur le contournement autoroutier ne repose ni la question de la pertinence de cette autoroute ni ne remet en cause le choix du tracé « sud Vigueirat ». Alors que nous vivons une crise sanitaire et économique majeure, que les données climatiques sont de plus en plus pessimistes, que notre dépendance médicale nous a sauté aux yeux au printemps dernier, que les appels à consommer local pour sauver nos entrepreneurs et artisans se multiplient, comment ne pas remettre en cause ce modèle ?

Ce modèle qui consiste à faire venir d’Asie des milliers de conteneurs qui arrivent à Fos, sont amenés en camion pour être stockés dans les entrepôts logistiques avant de repartir dispatchés toujours en camion aux quatre coins du pays. Ces conteneurs contiennent ce que l’on consomme et ce que l’on ne fabrique plus chez nous. Pendant que les politiques locaux se gargarisent des emplois dans la logistique, combien de milliers d’autres en France sont supprimés car ces mêmes produits ne sont plus fabriqués en France ? Des milliers d’emplois qualifiés perdus, contre des centaines d’emplois non qualifiés gagnés ici.

Sur notre territoire du pays d’Arles est en train de se jouer le drame de la mondialisation et de la surconsommation. Ce modèle sociétal qui fait venir des produits du monde entier avec des coûts de fabrication très bas et des salariés sans aucune protection, ce modèle qui fait détruire des zones naturelles pour construire des infrastructures portuaires pour accueillir ces produits, ce modèle qui fait construire d’immenses entrepôts pour stocker ces produits, ce modèle qui fait construire de nouvelles autoroutes pour distribuer ces produits, ce modèle qui détruit la balance des emplois, ce modèle qui nous mène à notre perte.

Ici, nous sommes les premiers témoins de ce drame aux conséquences multiples et dévastatrices.

sources : Contribution de l’UMF au projet stratégique du GPMM et Édition 2020 des chiffres clés du transport en France

Et vous pouvez aussi consulter l’article publié au lendemain de notre conférence dans La Provence :

1 Comment

  1. BOUSQUET-FABRE Marie-Hélène

    Vice-Présidente de l’ACEN.
    Tout-à-fait d’accord avec l’analyse de Changeons d’Avenir.
    Nous préconisons pour notre part :
    1/ Transit restant obligatoirement sur A7/A9
    2/ Limitation de vitesse à 50 km/h sur 5 km
    3/ Ferroutage
    4/ Faisabilité de la variante sous-fluviale longue,
    5 / Sanctuarisation de la Camargue et de la Crau.
    On doit se rencontrer de nouveau pour une réponse (riposte ?) collective.
    Cordialement,

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