Nous sommes dans une démarche de construction collective d’un projet pour la ville, pour les élections municipales et au-delà. Nous partageons avec vous la synthèse actuelle du groupe de travail “Prévention et sécurité publique”. Avant comme après les élections, n’hésitez pas à nous contacter pour intégrer ce groupe de travail ou à laisser vos suggestions en bas de cette page.
À retenir
La lutte contre les crimes et délits est une compétence régalienne (de l’état) et les moyens mis à la prévention de la délinquance sont principalement départementaux. Dans ce contexte les leviers d’action peuvent être :
- Redéfinir la stratégie du service de police municipale en matière de bon ordre, de sûreté, de sécurité et de salubrité publique.
- Travailler dans le cadre de la présidence du Plan Local d’Actions de Prévention de la Délinquance à une meilleure efficacité des différents acteurs présents sur le terrain.
- Privilégier le maillage humain plutôt que qu’un maillage de vidéo-protection.
- S’engager dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
- Afficher une volonté municipale forte sur ces enjeux et une solidarité avec les victimes par le biais de campagnes de prévention locales.
Constat local
On peut diviser la sécurité en plusieurs thèmes :
- La sécurité qui touche à l’intégrité des personnes et des biens face aux agressions. Par agressions, nous entendons évidemment tous les facteurs environnementaux qui peuvent faire vaciller la santé d’une personne : pollution, accidents, événements particuliers (tempête), agressions physiques.
- La sécurité liée à sa situation sociale, professionnelle, environnementale qui permet de se projeter dans le futur : chômage, pauvreté, problème de logement.
- La sécurité qui vise aux biens : vols, vandalisme.
- Le sentiment d’insécurité.
Le débat sur l’insécurité s’est installé par la conjonction de trois éléments constitutifs. L’existence de phénomène de délinquance : les actes sont suffisamment nombreux pour alimenter la chronique des faits divers. Le deuxième élément tient à l’instrumentalisation politique de ces phénomènes délinquants. Enfin le troisième élément est la mise en scène médiatique de cette délinquance. C’est ainsi que la morbidité par agression est la 17e cause de décès en France (alors qu’elle a souvent pour origine un contexte personnel) juste avant la tuberculose et la mort subite du nourrisson (source ministère de la santé). Il y a 650 fois plus de probabilité de décéder d’une affection liée aux facteurs environnementaux ! Pourtant le débat sur la sécurité se focalise sur les violences entre les personnes.
Les enquêtes montrent que le sentiment d’insécurité exprime autre chose que la seule expérience de la victimisation, il exprime d’abord une vulnérabilité. La peur est ainsi liée à l’âge (les personnes âgées), au sexe (les femmes) et au niveau social (la précarité). Par ailleurs la peur d’une partie de nos concitoyens est alimentée par ce qui leur apparaît comme des signes extérieurs de désordre et d’abandon : d’abord le bruit, la saleté, les tags, les dégradations, les incivilités. La peur est ainsi plus forte chez les habitants des quartiers populaires.
Cette vulnérabilité nous semble liée à l’évolution de nos modes de vie en général, et à leurs conséquences sur les liens sociaux et les solidarités de proximité. Le sentiment d’insécurité apparaît alors comme une composante de l’anonymat et de la solitude de la ville, par opposition à la solidarité des villages et hameaux.
Les outils en place
La police municipale d’Arles a été créé en 2011. Il y a actuellement quinze policiers municipaux (12 équivalent temps plein), dont les missions sont principalement tournées vers le respect des règles de stationnement et de circulation, la surveillance de la voie-publique, le contrôle de l’occupation du domaine public ou le respect des arrêtés municipaux.
Le maire préside le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance, qui réunit l’ensemble des acteurs locaux prenant part à l’application des politiques de sécurité et de prévention. Ce conseil constitue le cadre de concertation sur les priorités de la lutte contre l’insécurité.
Arles est également doté d’un service d’animation de proximité, conduisant des actions auprès de la jeunesse, en relation avec l’Association Départementale pour le Développement des Actions de Préventions, sur les zones urbaines sensibles grâce à certains éducateurs de ce service.
Objectifs
La réponse aux incivilités ne peut se trouver que sur le terrain, dans un couplage intelligent et opérationnel entre prévention, pédagogie et sanction.
Cela signifie une remise à plat des forces et des limites du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance et des moyens dont dispose la mairie : efficacité du service d’animation, formation des animateurs, lien avec les éducateurs, structures en place etc. Il est important de recréer un maillage administratif et humain, de redéployer un tissu de services publics dans les différents villages et quartiers de la commune, tout en veillant à une circulation des personnes qui ne ferait pas des quartiers et hameaux des endroits sanctuarisés.
Nos policiers municipaux, peu nombreux sont actuellement majoritairement alloués à des missions liées à l’utilisation de la voiture en centre-ville, au détriment d’autres missions. Via un recentrage de la stratégie du service de police municipale il est important de libérer du temps de ces missions, vers d’autres missions construisant ainsi une vraie police de proximité au service de tous les habitants de la ville.
La commune doit renforcer, par le biais d’une augmentation des moyens, les actions contre toutes les formes de violences faites aux femmes en s’appuyant sur un réseau de professionnels formés (CIDFF notamment) sur cette problématique et possédant une expertise multiple. Un travail de sensibilisation via des campagnes de préventions ciblées doit être mis en place. Y compris sur d’autres sujets (harcèlement, dépendance, …).
Volet 1 - L’importance du contexte socio-économique et la question de l’insertion professionnelle
La situation socio-économique provoque souvent un sentiment d’impuissance chez les acteurs publics comme dans la population. Elle constitue un contexte particulièrement défavorable. Le taux de chômage est plus élevé sur Arles que la moyenne nationale notamment chez les jeunes de 15-24 ans. Ce taux masque de surcroît de profondes inégalités selon les milieux sociaux et les quartiers d’habitat.
Prétendre agir sur les conséquences (les insécurités civiles) sans se soucier des causes (les insécurités sociales) est improductif. Certains acteurs, les travailleurs sociaux travaillent notamment sur la question de l’insertion professionnelle. Continuer à soutenir et renforcer leurs moyens d’action constitue dès lors, à notre sens, une priorité pour la ville comme pour l’ensemble des partenaires.
Il est important de remettre la citoyenneté au centre des missions de prévention. Des actions d’éducation, construites avec des associations, doivent rythmer l’année scolaire et être entreprise de manière plus systématique au sein des équipes d’animation. En lien avec la Région et le Département, des permanences de psychologues cliniciens doivent être réfléchis dans les différents établissements secondaire de la ville. Avec les parents, des lieux d’échange pour construire ou renforcer des espaces de parole, de rencontre et de solidarité, doivent être pensés et mis en place.
Avec l’aide du Conseil Général, il faut accroître les ressources vouées à la prévention spécialisée, chargés d’accomplir un travail de rue à l’égard d’une population fragilisée échappant le plus souvent à tout mode de prise en charge.
Via notre nouveau modèle de gouvernance, il est important de recueillir les doléances des habitants, mettre en place une discussion continue avec les élus, secteur par secteur, pour remettre les citoyens au cœur de la vie de la cité.
Volet 2 - Investir en priorité dans le maillage humain plutôt que dans la vidéo-protection
Dans le débat public sur la sécurité, il est parfois difficile de poser la question de la vidéo-surveillance de façon rationnelle. La vidéo-protection n’assure ni dissuasion ni prévention de la délinquance. Elle constitue uniquement une aide partielle au travail répressif de la police et de la gendarmerie nationale, aide que les communes procurent donc aux services de l’État.
Des études scientifiques indépendantes ont montré que cette aide à l’élucidation policière variait probablement – selon les villes et les dispositifs implantés – dans une fourchette de 2 à 7 % des enquêtes de police judiciaire concernant la délinquance de voie publique, sans que l’on sache si, même dans ces cas, cette aide peut être considérée comme décisive ou non du point de vue judiciaire.
Dès lors, la bonne question à poser n’est pas « pour ou contre », mais « coût-avantage » : quels services rendus aux habitants, pour quel coût dans les finances communales, au détriment de quelles autres actions ou services qui se trouveraient dès lors sacrifiées ? C’est pourquoi, si l’implantation de quelques caméras en des points stratégiques minutieusement déterminés pourrait être utilement négociée avec la police nationale, nous ne souhaitons pas investir massivement dans cette technologie. Nous voulons plutôt orienter nos dépenses dans le renforcement des moyens humains de prise en charge et de prévention ainsi que dans le service de police municipale, sous réserve toutefois d’une remise à plat de la stratégie et des objectifs du service de police municipale.
Le retour des services publics au sein des hameaux et de certains quartiers rentre aussi dans ce cadre.
Volet 3 - Redéfinir la stratégie du service de police municipale et chercher des solutions innovantes avec la police nationale
La Police municipale est la troisième composante des forces de sécurité intérieure avec la gendarmerie et la police nationale. Elle est placée sous l’autorité du maire et est investie de plusieurs missions de police administrative et de police judiciaire. Dans le cadre de ses missions de police administrative elle intervient pour effectuer des missions de prévention, de surveillance du bon ordre, de la tranquillité, de la sécurité et de la salubrité publiques.
Les policiers municipaux sont également des Agents de Police Judiciaire Adjoints, et peuvent seconder les officiers de police judiciaire.
Le quotidien des arlésiens est perturbé par les incivilités. La police municipale concentre majoritairement son travail dans le centre-ville, elle ne se rend quasiment pas dans les autres quartiers (a fortiori les quartiers réputés difficiles) et, lorsqu’elle s’y rend, elle s’y contente de patrouiller en voiture. Elle n’entretient quasiment aucune relation avec les habitants de ces quartiers. Les incidents qui surgissent régulièrement entre policiers municipaux et jeunes habitants des quartiers difficiles témoignent et même symbolisent ce blocage et ce malaise. C’est donc toute la doctrine, les objectifs et la stratégie du service de police municipal qui mériteraient d’être remis à plat afin de construire une véritable police de proximité au service de la totalité des habitants de la ville.
Le retour des commissariats de quartiers s’envisage en fonction des moyens dont nous auront à disposition. Enfin comme cela se fait dans les endroits enclavés (vallée montagneuses) nous allons demander au préfet la possibilité de déployer dans certains quartiers loin du centre-ville des permanences de la police nationale pour les actes de base (dépôt de plainte).
Volet 4 – Lutter contre les violences faites aux femmes
Nous avons une image de plus en plus précise des chiffres de la mortalité féminine par violence depuis un conjoint. Mais combien sont celles, invisibles, qui subissent au quotidien des violences psychologiques, physiques et sexuelles ?
Les collectivités territoriales disposent d’un pouvoir d’action considérable pour apporter aide et soutien aux femmes victimes. L’appui de la puissance publique est essentiel pour que ces femmes retrouvent une autonomie et puissent sortir du cercle infernal des violences subies.
Il nous faut agir en complémentarité et en synergie avec les différents dispositifs nationaux et départementaux déjà existants. Il parait alors utile de réaliser un diagnostic qui permettra de connaître l’efficacité de prise en charge existante ainsi que le maillage des dispositifs sur l’ensemble du territoire de notre immense commune.
Nous travaillerons à la valorisation d’une « plateforme collective intersectorielle » avec les structures déjà existantes (CIDFF notamment), dont l’objectif serait de faciliter les démarches des femmes victimes de violences, qui au lieu de s’adresser à plusieurs structures seraient accueillies et accompagnées en simultané sans rendez-vous, par plusieurs professionnels dans un seul endroit. Ce dispositif inspiré par des expérimentations québécoises évite l’épuisement d’un accompagnement trop morcelé.
Des actions de formation de « primo-accueil » pour des professionnels, qui ne sont pas directement concernés par l’accompagnement des femmes victimes de violences (agents d’accueil, secrétaires médico-sociales, services éducatifs), seront menées pour que ces professionnels sachent recueillir la parole des victimes et les orienter.
Un réseau municipal de professionnels investis dans la lutte contre les violences faites aux femmes doit être mis en place et animé par la commune, qui doit jouer un rôle fédérateur. Un élément important du dispositif est de permettre aux femmes victimes une rupture avec le conjoint violent, mais avec un filet de sécurité. Il faut travailler à faciliter l’accès à l’hébergement et au logement pour des femmes seules ou accompagnées d’enfants (hébergement d’urgence, temporaire et logement pérennes).
Volet 5 – Campagnes préventives
Il existe au niveau national de nombreuses campagnes de communication concernant la prévention de certains risques ou violences (sécurité routière, violences faites aux femmes, dépendances, harcèlement, suicides, …).
Il faut affirmer une politique locale forte par un affichage qui permette :
- De montrer la volonté de la puissance publique locale de s’attaquer à ces problèmes. Une victime doit être rassurée sur le fait que la société a des réponses à sa situation et peut la prendre charge.
- De faire de la pédagogie quant aux structures de prise en charge, que ce soit en matière d’agression, d’accident de la vie, de tentative de suicide. Que les besoins soient physiques, financiers, psychologiques, alimentaires le premier pas est déterminant et la méconnaissance des mécanismes et des structures existantes peut constituer un empêchement à résoudre un problème
- De faire de la pédagogie en terme pénal et social de certains actes. À ce titre, l’affichage sauvage fait ces derniers mois par « osez le féminisme » a été particulièrement éducatif pour certains.