Nous sommes dans une démarche de construction collective d’un projet pour la ville, pour les élections municipales et au-delà. Nous partageons avec vous la synthèse actuelle du groupe de travail “Agriculture et alimentation”. Avant comme après les élections, n’hésitez pas à nous contacter pour intégrer ce groupe de travail ou à laisser vos suggestions en bas de cette page.

À retenir

Appui au secteur agricole et des pratiques soutenables

  • Sanctuarisation des terres agricoles dans les documents d’urbanisme
  • Objectif 50% de bio à l’échéance 2030 sur le Pays d’Arles
  • Création d’un label territorial exigeant en termes environnementaux
  • Soutien aux jeunes agriculteurs et à la conversion en agriculture biologique
  • Lutte contre les produits reconnus toxiques dans l’agriculture

 Des dispositifs d’échange direct entre agriculteurs et consommateurs

  • Rediriger la production agricole vers le marché local par le développement des circuits courts
  • Atteindre l’autosuffisance alimentaire dans la restauration collective d’ici 2030

Promotion d’une alimentation locale, de qualité, respectueuse de l’environnement accessible à tous

  • Sensibiliser les citoyens
  • Inciter à une alimentation méditerranéenne écologique et avantageuse pour la santé : faible source de protéines animales dont poissons issues de pêches locales et non destructrices, légumineuses et céréales complètes, fruits et légumes…

Constat local

Le Pays d’Arles possède un territoire immense dont une large partie (80 000 ha environ) est dédié à l’agriculture. Ce territoire est caractérisé par la présence d’une très grande diversité de filières agricoles : cultures de céréales, maraîchage, arboriculture, élevage, pêche en mer et en étangs ; qui se déploient sur des terroirs de renom : Crau, Camargue, Alpilles et Golfe de Beauduc. La riziculture, l’oléiculture, la viticulture et l’élevage des races rustiques de grande qualité telles que Taureau Camargue, Cheval Camargue et Mérinos d’Arles, font la typicité de ce territoire, sa renommée internationale et une source d’emplois pérennes.

Pourtant, ce territoire est menacé. L’urbanisation et l’industrialisation croissante se font au détriment des terres agricoles. Alors que l’équivalent d’un département est artificialisé tous les 10 ans en France, depuis 2010 ce sont près de 900 hectares de surfaces agricoles qui sont déclassés chaque année sur le territoire de la Métropole Aix Marseille Provence. 1900 ha sont à ce jour menacés dans le département des Bouches-du-Rhône dont plus de 1000 ha sur la seule commune d’Arles.

En parallèle, les consommateurs se détournent de plus en plus des produits issus de l’industrie agro-alimentaire. Seul 8% des français font confiance aux marques alimentaires et pour la première fois les grandes surfaces voient leurs volumes de vente diminuer. De même, alors que le département des Bouches-du-Rhône est leader de l’agriculture biologique au niveau national avec près de 30% des surfaces agricoles utiles certifiées, la majeure partie de sa production est actuellement destinée à l’exportation et moins de 10 % de la production est consommée localement. L’éloignement entre lieux de production et de consommation signifie de surcroît un impact environnemental accru, du fait d’un transport participant à augmenter les émissions de gaz à effet de serre.

Selon les pratiques, l’agriculture peut jouer un rôle positif pour la biodiversité du delta du Rhône (par exemple l’élevage extensif) ou peut avoir des impacts négatifs importants : destruction de zones naturelles, arrachage des haies, pollution aux produits chimiques (plus de 15 molécules interdites ont été retrouvés chez des agriculteurs Camarguais), pollution atmosphérique et difficulté de gestion des déchets (écobuage).

Ces changements se sont opérés rapidement. Ainsi, en Camargue, plus de 50 000 ha de zones naturelles pâturées ont été détruites depuis 60 ans pour être converties en terres agricoles. De nos jours, de nombreux agriculteurs se détournent du riz pour d’autres productions (tomate ou melon qui sont plus gourmands en intrants) selon les opportunités économiques liées notamment aux subventions.

L’agriculture industrielle utilise beaucoup de plastiques, d’énergie, des serres et une main d’œuvre délocalisée employée dans des conditions sociales et salariales souvent déplorables. Ce modèle d’agriculture, fortement dépendant des marchés financiers et du prix du baril (produits phytosanitaires et carburants pour les machines agricoles) impose des investissements perpétuels, créant souvent des dettes parfois insurmontables lors d’une baisse des prix de vente des produits. Il en résulte une détérioration parfois dramatique des conditions de vie des agriculteurs, emmenant régulièrement certains d’entre eux au bord de la faillite bien que cette agriculture industrielle soit largement subventionnée par les pouvoirs publics européens et nationaux.

À l’inverse, les systèmes agricoles et alimentaires les plus écologiques (utilisant peu de produits chimiques, autonomes, biologiques, etc.) sont moins émetteurs de gaz à effet de serre. Ce sont aussi ces modèles qui sont les plus vertueux pour la santé de la population, la protection des sols, de l’eau, de l’air, de la biodiversité et la résilience des agriculteurs face aux aléas climatiques. Ils assureront demain la résilience de la ville face aux changements climatiques et environnementaux à venir. Paradoxalement, ce sont pourtant aujourd’hui les pratiques les plus fragiles économiquement et les moins aidées…

Objectifs

La ville d’Arles doit se saisir de la richesse de son territoire agricole et de ses ressources naturelles pour mettre en œuvre une politique ambitieuse de soutien au secteur, et offrir une alimentation de qualité et de proximité à sa population.

En promouvant une agriculture écologique, la ville assure une meilleure santé aux agriculteurs, protège les consommateurs des expositions aux produits toxiques et préserve la qualité des ressources naturelles. En développant et soutenant une agriculture locale, le territoire pourrait atteindre l’autosuffisance alimentaire dans la restauration collective d’ici 2030, et permettre une meilleure traçabilité des produits tout en renforçant le développement économique.

L’agriculture biologique répond à un enjeu d’insertion sociale et de lutte contre le chômage. En effet, le développement de l’agriculture locale paysanne et des filières économiques qui en découlent est source de création d’emplois non délocalisables.

Préserver et réhabiliter les zones agricoles et naturelles, c’est aussi amplifier la capacité de stockage du carbone dans le sol et une meilleure gestion de l’eau en qualité et en quantité

Volet 1 – Soutenir le secteur agricole et les pratiques écologiques

  • Sanctuarisation des terres agricoles dans les documents d’urbanisme

Lors de la révision des documents d’urbanisme, nous empêcherons toute perte de terres agricoles.

  • Promotion de l’agroécologie

– Afin d’aider les agriculteurs à sortir du système actuel d’endettement pour alimenter l’industrie agro-alimentaire, l’agriculture écologique sera favorisée sur le territoire en accordant des aides complémentaires pour la conversion à l’agriculture biologique. Une commission sera créée au sein du Parc naturel régional de Camargue, en partenariat avec la Chambre d’agriculture et les syndicats agricoles, pour viser un objectif de 50 % d’agriculture biologique sur le territoire du Pays d’Arles d’ici 2030. Partant du constat que 50 % des jeunes agriculteurs s’installent aujourd’hui en agriculture biologique, nous promouvrons l’installation de jeunes agriculteurs sur le territoire en partenariat avec la SAFER 13.

– Les produits locaux seront valorisés grâce à un label exigeant en matière environnementale. L’agriculture paysanne, le maraichage, l’élevage extensif, l’agroforesterie et la pêche aux petits métiers seront valorisés car davantage compatibles avec la préservation de la biodiversité.

  • Développement de la filière de retraitement de déchets organiques

Plusieurs projets pourraient voir le jour : des plateformes de compostage collectif en ville pourraient servir aux espaces verts de la ville et/ou être vendus aux agriculteurs. L’implantation d’une unité de méthanisation sur le territoire permettra d’utiliser les déchets de l’agriculture et de l’alimentation en les transformant en gaz ou électricité utilisés localement. Enfin, une filière de valorisation de la paille de riz pour l’isolation permettrait d’éviter le brûlage émetteur de gaz à effet de serre, tout en valorisant un matériau de qualité pour la rénovation énergétique des bâtiments.

  • Interdiction des produits reconnus toxiques dans l’agriculture

Le maire porte la responsabilité de la santé de ses habitant.e.s. En interdisant les produits reconnus toxiques pour l’être humain tel que les fongicides SDHI, ou les pesticides à base de glyphosate, il pourra protéger la santé des ouvriers agricoles, qui sont les premiers touchés, et les consommateurs, des produits traités. Face à l‘inaction des élus nationaux, plus de 100 communes se sont engagées en France à restreindre l’utilisation de ces produits par la publication d’arrêtés municipaux.

  • Soutien des contrôles exercés par la police environnementale

Certaines pratiques agricoles sont interdites mais continuent d’être réalisées, en particulier l’utilisation de produits phytosanitaires interdits en France, le brûlage des déchets plastiques ou l’enterrement des bidons de phytosanitaires. Une meilleure poursuite des contrevenants et verbalisation de ces infractions réduira ces pratiques nocives pour l’environnement et la santé humaine.

Volet 2 – Encourager des dispositifs d’échange direct entre agriculteurs et consommateurs

  • Outils de transformation

Compte tenu des difficultés des producteurs qui n’ont généralement peu de temps pour la vente directe, afin de les aider à rendre leurs produits consommables en circuits courts, il convient de massifier les circuits courts en créant des outils de transformation de la production agricole.

– Il est donc urgent de créer une filière de conditionnement de légumes et fruits locaux, à l’image de la conserverie qui vient d’être créée récemment sur St-Rémy de Provence.

– Pour alimenter les restaurations collectives, une légumerie doit être créée pour laver, éplucher et couper les légumes pour leur utilisation ultérieure dans les collectivités arlésiennes . L’objectif est un approvisionnement local à hauteur de 50% d’ici 2025 et 100% en 2030, dans des structures publiques, maison de retraite, cantines scolaires et hôpitaux.

  • Soutien de structures intermédiaires directes entre consommateurs et producteurs

L’objectif est d’assurer un prix juste pour chacune des parties : agriculteurs, intermédiaires et consommateurs. Des magasins de producteurs, plateformes locales, boutiques automatisées, AMAP, épiceries locales et solidaires permettront aux producteurs locaux engagés de massifier les circuits courts en terme logistiques et de commercialisation. Des aides à l’installation ou la mise à disposition de local à loyer modéré seront mises en place.

Volet 3 – Promouvoir une alimentation locale, de qualité, respectueuse de l'environnement accessible à tous

  • Promotion d’une alimentation méditerranéenne

La diète méditerranéenne est basée sur une faible quantité de  protéines animales, mais est riche en légumineuses, céréales complètes, produits de la mer et des étangs, fruits et légumes. Une production locale de ces aliments est compatible avec une forte biodiversité sur le territoire. Deux repas végétariens par semaine seront proposés dans les cantines scolaires. La viande et le poisson consommés seront d’origine locale, issue d’élevages extensifs respectueux de l’environnement, du bien-être animal et des éleveurs ou pêcheurs. Des options de restauration sans viande seront proposées dans les événements publics.

  • Sensibilisation des citoyens

Afin de sensibiliser les habitant.e.s, des projets d’agriculture urbaine seront mis en place :

– Des jardins partagés tels que ceux proposés aujourd’hui à Griffeuille seront promus, en particulier dans les quartiers.

– Des potagers scolaires permettront aux jeunes de se former au goût et à la cuisine de qualité grâce à une sensibilisation de terrain aux produits frais.

– Des ruches pourront être installées en zone urbaine, dans le respect des autres pollinisateurs indispensables à la biodiversité et à l’agriculture.

  • Réduction des déchets

Des actions de sensibilisation au gaspillage seront menées dans les cantines scolaires afin de réduire le coût de la gestion des déchets. Pour cela, les assiettes seront pesées et les doses ajustées comme sur la commune de Mouans-Sartoux (06).