Vendredi 25 septembre – Conseil municipal

Contre-rendu partial et partiel de Virginie Maris, un peu trop long mais pour aider les lecteur.trice.s, nous avons ajouté les captations sonores des élu.e.s Changeons d’Avenir. Bonne lecture/écoute !

Peu d’absent.e.s pour ce conseil de rentrée et une trentaine de délibérations à examiner.

Le conseil commence par deux points d’information qui n’en sont pas vraiment. Le premier point à l’ordre du jour était le « rapport de la Chambre régionale de comptes » et le Maire prend la parole pour informer qu’il a reçu ce rapport mais que celui-ci, uniquement adressé à l’ancien et au nouveau maire, est confidentiel. Nous voilà donc informés que nous ne serons pas informés, jusqu’à publication d’un rapport définitif après d’éventuels recours ou demandes de vérification par l’un ou l’autre des destinataires de ce rapport final. Le deuxième point concerne trois audits lancés par la nouvelle Mairie : sur les finances, les ressources humaines et le patrimoine.

Après l’adoption du procès verbal de la séance précédente, compte est rendu de toutes les décisions de dépenses et marchés durant le mois écoulé.

La premier vote porte sur l’augmentation de la taxe de séjour. C’est une augmentation réglementaire qui fixe les différents barèmes en fonction des types d’établissements. Comme nous étions étonnés de ne pas voir clairement dans le tableau de ces nouveaux barèmes la catégorie des locations meublées de courte durée, Cyril Girard en profite pour interroger la Mairie sur son positionnement sur la multiplication des logements Airbnb :

Intervention de Cyril Girard sur Airbnb

Bonjour à tous, je souhaiterais aborder à l’occasion de cette délibération le sujet des plate-formes de location courte durée du type AirBnB. Je n’ai pas trouvé dans votre délibération le montant de la taxe appliquée à ces logements, ce qui permettrait de comparer cette taxe avec celle notamment appliquée à l’hôtellerie.

Plus globalement , la développement de cette offre locative déstructure le visage de certains quartiers, impacte considérablement l’économie hôtelière de la ville. Cela entraîne aussi une « muséification » du centre-ville, ainsi que la transformation des commerces et lieux de sociabilité annuels en commerces saisonniers et touristiques. Enfin la hausse du prix des logements par la spéculation immobilière opérée par certains privés prive les habitants de l’accès au logement.

Jusqu’à il y a peu, la loi ELAN encadrait l’usage des plates-formes de location de courte durée (Airbnb, Le Bon Coin, Abritel, HomeAway…) afin de limiter certaines fraudes à la location mais maintenait toutefois pour les résidences principales un maximum de 120 nuitées de location par année civile. Récemment, le Sénat a adopté un amendement qui permet aux maires de fixer une limitation à 60 jours. Pour les résidences secondaires, il est nécessaire d’obtenir une autorisation de changement d’usage auprès de la mairie.

Envisagez vous d’encadrer la multiplication incontrôlée des Airbnb avec les moyens dont dispose la mairie? Quel est votre point de vue, votre doctrine sur les plateforme de location en ligne?

Sébastien Abonneau répond qu’il se pencheront rapidement sur cette question et qu’il ne sait pas ce qu’il en est pour l’instant. OK. Pas de projet politique clair sur ce dossier donc…

S’ensuit une série de délibérations concernant des demandes d’aide financière auprès du département :

  • Délib. 4 : pour favoriser le déconfinement (55000 euros pour le département, 24500 euros pour la ville)
  • Délib. 5 : pour la création de l’hôtel de police (476 000 euros hors taxe pour le département, 120 000 pour la ville)
  • Délib. 6 : au titre du programme Provence Verte (35 000 euros hors taxe pour le département, 15 000 pour la ville)
  • Délib. 7 : pour la relance de l’activité économique 2020 (420 000 euros hors taxe pour le département, 180 000 pour la ville)

Concernant la réhabilitation du futur hôtel de police (ex immeuble Recette des Finances sur le boulevard des Lices), la délibération No5 ne se contentait pas de mentionner l’aide exceptionnelle auprès du Département mais en profitait pour rappeler que la sécurité est une « priorité majeure » de la Ville et expliciter ses objectifs en la matière.

Une délibération qui prend un peu des allures de tract électoral, et il ne faut donc pas s’étonner que cela fasse réagir l’opposition. Jean-Frédéric Déjean prend ainsi la parole. Il soulève d’abord un gros problème de fonctionnement qui met les élu.e.s de l’opposition dans l’impossibilité de travailler correctement. En effet, en l’absence de règlement intérieur, il n’y a plus de commissions municipales, ces commissions qui précèdent les conseils municipaux, auxquels tous les élu.e.s sont conviés, et qui permettent de discuter les dossiers en amont et de mieux en connaître les tenants et les aboutissants. Il poursuit sur la conception même de la police qui sous-tend ces travaux : « Vous évoquez à deux reprises, sans que ne soit mentionnés ni le type d’armes ni la catégorie, l’armement de la police municipale. Est-ce le signe que demain, nos policiers municipaux seront armés de revolvers ? Nous le craignons. Si tel était le cas, cela confirmerait définitivement l’orientation que vous souhaitez donner à notre police municipale. Vous ne souhaitez pas une police de proximité. Vous la voulez répressive au risque qu’elle se substitue demain à la police nationale qui serait alors tentée de délaisser, comme cela est malheureusement le cas dans de nombreuses villes, un certain nombre de ses missions. […] Des solutions existent. Nous pouvons par exemple créer des petits îlots de police municipale dans nos quartiers pour favoriser une vraie connaissance du terrain et surtout un égal accès à la sécurité sur l’ensemble de notre commune. »

Mandy Graillon répond que les arlésien.ne.s les ont élus avec un programme et que ces éléments sont au centre de leur programme. Alors que Jean-Frédéric demande un droit de réponse, le Maire l’en prive et poursuit l’ordre du jour.

Les neuf élu.e.s de l’opposition s’abstiennent sur cette délibération.

Concernant le dispositif Provence Verte (délibération No 6), il s’agit de faire appel à une assistance maîtrise d’ouvrage (en gros une étude) pour le “plan fontaine”. Il s’agit grosso modo de dépenser 50 000 euros hors taxes pour étudier les possibilités de raccordement de la fontaine Lamartine au réseau d’eau brute et pour un projet de création de fontaines décoratives dans les quartiers et les villages.

Cyril Girard interpelle le conseil municipal sur ce projet, qui ne relève pas du tout des objectifs de l’Agenda 21 pour le développement durable explicitement mentionné dans la délibération et dans le programme Provence Verte :

Intervention de Cyril Girard sur les fontaines

Il me semble qu’avec cette délibération, derrière l’objectif ambitieux et tout à fait louable de « devenir un territoire exemplaire dans la lutte conte le réchauffement climatique », on se trompe de projet. Vous parlez des objectifs de « végétalisation de la ville et du territoire, développement de la mobilité douce, et favoriser l’éducation à l’environnement ». Mais votre délibération ne correspond à aucun de ces objectifs. S’il s’agit de créer un réseau de points d’eau potable pour permettre de se désaltérer sans avoir à acheter une bouteille en plastique et générer toujours plus de déchet, nous vous suivons sans problème. Mais je crains que ce ne soit pas de ça qu’il s’agisse. Auriez vous davantage détaillé votre projet, auriez vous mieux communiqué avec l’ensemble des élus, nous aurions pu, ensemble, travailler à des aménagements efficaces et ambitieux. Malheureusement ici, sous couvert de lutte contre le changement climatique, vous nous proposez un vaste projet, flou et décoratif. Expliquez moi en quoi un miroir d’eau va permettre de lutter contre le réchauffement climatique ?

Un travail sur la mobilité, la sécurisation des piétons et des vélos, la diminution de l’utilisation des véhicules personnels, permet de lutter contre les émissions de CO2, un plan de végétalisation permet de créer bien plus efficacement et de manière plus pérennes, sans aucune consommation énergétique, des îlots de fraicheur tout en stockant du Carbone. Investir dans les structures d’éducation à l’environnement et de protection des espaces naturels, en les consolidant dans leur activité et en format les citoyens de demain, c’est une autre manière de lutter efficacement contre les changements climatiques et de favoriser l’emploi local. À l’heure ou il convient d’être économes et efficaces, nous ne pouvons valider une dépense inutile de 60 000 € pour une seule étude. Nous avons des services techniques compétents pour ce genre de travail. Même s’il s’agit de l’argent du département, il s’agit avant tout de l’argent du contribuable. Un coût bien trop exorbitant pour l’étude d’un projet cosmétique, qui ne sert qu’à embellir la ville.

Embellissez la ville, on ne vous en voudra pas. Mais n’utilisez pas les moyens qui doivent aller vers la transition écologique pour le faire. Un récent rapport nous a alerté sur le fait que nous avions raté la totalité des 20 objectifs que nous nous étions fixé il y a dix ans pour renverser la tendance des changements climatiques . Pourquoi ? Parce que la majorité des mesures prises a consisté à faire semblant de s’occuper des problèmes, pour ne prendre que des mesures cosmétiques de « green washing » inefficaces. C’est ce que vous faites, et c’est malheureusement le plus grand mal que l’on puisse faire aux générations futures.

Donnez des priorités à votre action, travaillez avec les élus de tous bords qui ont des compétences et une certaine appétence sur ces sujets. Soyons optimistes, en dehors des clivages, et mettons en marche une vrai transition plutôt que des projets couteux et inutiles.

Monsieur de Carolis remercie Cyril pour « cette belle déclaration incantatoire » et l’invite à prendre la parole sur tous les beaux projets écolos qui ne manqueront pas d’être soumis au vote (végétalisation, vélo, éclairage, etc.) et, dit-il, il espère alors que Cyril « sortira de sa position dogmatique ». Quel mépris ! Rappeler des objectifs internationalement reconnus, souhaiter que les programmes dédiés à la transition écologique ne soient pas détournés au profit de projets qui ne concernent que l’attractivité touristique et une certaine idée de l’embellissement de la ville, c’est cela qui est aujourd’hui considéré comme dogmatique ! Alors, oui, nous l’assumons, souhaiter que l’argent public soit utile à ce pour quoi il est dédié, c’est un dogme que l’on souhaiterait un peu plus répandu dans l’action publique.

Les neufs élu.e.s de l’opposition s’abstiennent.

La délibération suivante (No 7) concerne encore une demande d’aide au département pour des investissements de 720 000 euros (70% à charge du département, 30 % à charge de la ville) concernant des travaux de rénovation et d’embellissement dans les écoles ainsi que le plan éclairage public dans les secteurs Barriol, Plan-du-Bourg, Griffeuille, Monplaisir et Trébon. Comme nous ne disposons que des montants globaux (120 000 euros HT sur 5 dossiers), je demande des précisions sur l’esprit dans lequel seront pensés l’embellissement de l’école de Trinquetaille et l’éclairage public :

Virginie Maris sur l’embellissement des écoles et l’éclairage public

Concernant les travaux d’embellissement de l’école de Trinquetaille, nous souhaiterions interpeller Mr Imbert, adjoint délégué aux écoles et Mme Mourisard, élue déléguée à la végétalisation et à l’éducation à l’environnement sur le type de travaux de rénovation et d’embellissement qui sont envisagés pour l’école de Trinquetaille.

De plus en plus de ville s’engagent dans la débitumisation et la végétalisation des cours d’écoles. Cela représente des avantages sous de nombreux aspects :
– écologique : îlot de fraîcheur des refuges biodiversité
– pédagogique : éducation à l’environnement, agriculture, compost
– équité : de nombreuses écoles expérimentent des aménagements de leur cours qui permettent un accès plus équitable entre filles et garçons aux différents espaces
– confort : avec les fortes chaleurs des mois d’été, la présence de végétation peut permettre de maintenir des températures confortables dans les salles de classe.

Nous souhaiterions savoir si les travaux envisagés s’inscrivent dans ce type de démarche.

Concernant le plan éclairage public sur les secteurs de Barriol, Plan-du-Bourg, Griffeuille, Monplaisir et Trébon, nous souhaiterions interpeller Madame Catherine Balguerie-Raulet, adjointe à la transition écologique et aux aménagements urbains, pour savoir quelles étaient les perspectives de la Mairie concernant l’éclairage public.

En effet, il y a de nombreux effets négatifs liés à l’excès de points lumineux ou à des intensités lumineuses trop fortes en milieu urbain et péri-urbain. D’abord en termes d’énergie, avec des conséquences économiques directes. A l’échelle national, on estime que c’est 5% des budgets municipaux qui sont dédiés à éclairer la voie publique. Je voudrais également attirer votre attention sur le fait que les lampadaires sont une source de dérangement et de mortalité importante pour les insectes nocturnes, les chauves-souris, les oiseaux migrateurs et la plupart des petits mammifères sauvages.

Pour ces raisons, il y a plus de 2000 communes en France qui ont fait le choix de l’extinction de l’éclairage public la nuit, avec des bénéfices attestés pour la biodiversité, pour le bilan énergétique et économique de la ville sans qu’il ne soit observé d’augmentation des accidents, agressions ou cambriolages.

Nous sommes conscients que l’éclairage public a un fort impact sur le sentiment de sécurité et qu’il faut répondre à cette demande des citoyen.ne.s. Mais nous attirons votre attention sur les différentes options qui s’ouvrent aujourd’hui pour concilier sentiment de sécurité, maîtrise des dépenses énergétiques et respect de la biodiversité, avec des aménagements adaptés : faisceaux dirigés vers le bas, éclairage intermittent, détection de mouvement, etc.

Dans ces deux dossiers, le collectif Changeons d’Avenir a développé une bonne connaissance de ce qui est possible et de ce qui marche ailleurs, expertise que nous serions ravis de partager avec l’équipe municipale si, comme nous l’avez répété aujourd’hui encore Monsieur de Carolis, la question environnementale est au cœur de votre projet pour la ville.

Le Maire nous invite à participer à une réflexion de la ville sur un “plan éclairage” et un “plan végétalisation”. Il mentionne que la présente demande relève de travaux de rénovation d’urgence, ce qui est vrai en effet pour le premier dossier (école de Plan du Bourg) mais pas pour celle de Trinquetaille où il est question d’embellissement à hauteur de 120 000 euros HT.

Nous votons évidemment “pour” à cette délibération.

Il est ensuite question d’autres délibérations liées aux finances qui ne posent pas de question particulières (des contrats de ville pour l’animation de proximité, une subvention reversée par Arles Contemporain faute d’avoir pu mener à bien la programmation prévue pour l’été, quelques ajustement tarifaires liés à la Féria du riz 2020 et la tarification de trois nouveaux articles vendus par les pompes funèbres)

On passe alors aux affaires administratives. La seule délibération qui retient notre attention est celle qui concerne la création d’un poste de médiateur. En soi, cette création est une bonne nouvelle et s’inscrit de toute façon dans le nouveau cadre réglementaire des collectivités territoriales. Le médiateur communal a vocation a fluidifier les rapports entre les services administratifs de la Mairie et les citoyen.ne.s. Il intervient à la demande de citoyen.ne.s dont une demande auprès des services de la Mairie est rejetée, de son propre chef en cas de litige entre la Mairie et les habitant.e.s de la ville ou encore sur demande du maire lui-même.

Rien de spécial donc, sauf que des bruits circulent quant au futur titulaire de ce poste. Un échange tout en ellipse et en sous-entendus s’engage entre Nicolas Koukas et Patrick de Carolis concernant l’impartialité (contestée?) du futur médiateur.

Nicolas Koukas : « L’impartialité du médiateur doit être attachée à tout son cursus, son expérience, sa personnalité. Je prends l’exemple d’autres ville, comme Digne, où la personne qui est médiateur de la ville n’est pas un élu, n’est pas un politique et n’est pas un directeur de cabinet proche de la retraite. »
Patrick de Carolis : « Je vais vous faire une confidence M. Koukas. Je vais en effet nommer une personne en qui j’ai totale confiance et en qui j’aurai totale confiance en sa capacité à remplir cette délicate et difficile mission. Connaissant les conflits qui existent, les rancœurs qui existent, les malentendus qui existent, les incompréhensions, je pense que cette tâche qui incombera à cette personne sera ô combien utile à la commune. Et cette personne aura besoin qu’on la soutienne plus qu’on la vilipende. »

Le Maire rappelle que la délibération concerne la création du poste, pas la personne qu’il choisira de nommer. Et concernant cette nomination, d’après le Maire, le fait que le médiateur soit nommé pour la totalité du mandat sans pouvoir être révoqué dans le courant du mandat assure entièrement son indépendance. Et en plus il va signer la charte des médiateurs. Ah ben nous voilà rassurés !

Il est ensuite question de la formation des élus, d’une subvention exceptionnelle de la mairie à Octobre Numérique (18 000 euros), de quelques subventions à des associations sportives et de dossiers d’aménagement du territoire sans grand enjeu selon nous.

On finit avec quelques modifications des listes d’élu.e.s au sein de différentes instances (CCAS, REGARD) puis une longue série de nomination de commissaires, de personnalités qualifiées ou d’associations siégeant dans différentes structures municipales. Pour toutes ces délibérations, aucun nom ne figure sur les documents de travail qui nous ont été transmis la semaine qui précède le conseil, juste des tirets et des espaces blancs.

Exemple dans la délibération No27 : Nomination des représentants des associations locales à la commission consultative des services publics locaux)

Nous découvrons donc ces longues listes de noms, rapidement prononcés par M. de Carolis, au moment du vote. Cette façon de procéder est évidemment très inconfortable et renvoie aux problèmes d’organisation soulevés par Jean-Frédéric Déjean plus tôt dans la séance. De nombreuses délibérations sont peu détaillées, nous n’avons pas accès aux dossiers correspondants, pas d’explication sur ces dossiers en commission, bref, nous avons l’impression de venir pour lever la main au moment du vote et basta. Nous décidons donc de nous abstenir sur toutes ces délibérations, non pas que nous soyons contre les propositions qui sont faites mais simplement parce que nous n’avons pas pu en prendre connaissance.

La seule délibération pour laquelle figurait bien l’information sur les structures nommées est celle qui concerne le comité de direction de l’office du tourisme. Il faut noter qu’à l’exception du conservatoire du littoral, ce sont principalement des acteurs touristiques et culturels du centre-ville qui siègent (Chambre de commerce et d’industrie du Pays d’Arles, Comité des fêtes d’Arles, Groupement des commerçants arlésiens, Rencontres d’Arles, Les Suds, Union des métiers et de l’industrie hôtelière 13 du Pays d’Arles et Luma). Nous regrettons que ni les marais du Vigueirat ni le Parc de Camargue ne prennent part à ce comité de direction, pas plus que les commerçants de Salins-de-Giraud ou que d’autres acteurs économiques des villages et des hameaux. Sachant l’importance qu’il y a à développer le tourisme rural et naturaliste en Camargue, il aurait été bienvenu que la composition de ce comité cible un peu moins le seul centre-ville.

Le tout dernier point à l’ordre du jour s’ouvre sur les questions diverses.

Après que Nicolas Koukas ait fait part de l’absence totale de communication auprès des élu.e.s de l’opposition concernant la crise sanitaire, Momo Raffaï et Patrick de Carolis ont un échange un peu cryptique concernant le Pays d’Arles et la métropolisation (j’invite celleux que cela intéresse à se reporter directement à la captation à 1h45’10”). Les deux protagonistes semblent s’accorder sur l’importance de défendre le Pays d’Arles et la conclusion du Maire reçoit une salve d’applaudissements de la part des élus de sa majorité et d’une partie du public : « le Pays d’Arles ne serait pas le pays d’Arles sans Arles […]. Nous savons que nous n’en avons pas envie de cette métropole et que cette métropole elle doit d’abord faire ses preuves. Nous ne construirons pas le Pays d’Arles en créant un tuyau et après en disant « qu’est-ce qu’on met dans le tuyau ? ». C’est le contenu qui nous poussera à inventer le contenant […] Il ne faut pas remuer le couteau dans la plaie et il faut qu’on cesse d’attiser les divisions. […] »

Malgré l’heure tardive – un vendredi soir à 20h, on est probablement plusieurs à avoir déjà la tête ailleurs ! – je prends une dernière fois la parole pour interpeller le conseil municipal sur la nécessité d’ouvrir un débat démocratique au sein de la ville concernant le déploiement de la 5G :

Virginie Maris sur la 5G

Quand le président de la République ou la présidente du département et de la métropole affirment qu’on ne peut pas être contre le progrès et que le progrès aujourd’hui c’est le déploiement de la 5G, il nous semble important d’ouvrir au sein de ce conseil municipal un débat qui traverse la société.

La 5G n’est pas une simple amélioration des technologies existantes, c’est une transformation profonde de la société dont les impacts écologiques et humains sont considérables.

Sur le plan écologique tout d’abord :
– surconsommation de ressources qui se font déjà rares (produire des millions d’antennes supplémentaires + renouvellement du parc actuels des téléphones portables) – Métaux rares, dont on prévoit, simplement en suivant la trajectoire actuel, à ce que les stocks de minerais nécessaires à la fabrication des équipements électroniques soient épuisés d’ici 30 ans.
– surconsommation d’énergie : l’augmentation spectaculaire des flux de données échangées (certains opérateurs avancent qu’elles pourraient être multipliées par 1000) va faire exploser nos consommation d’électricité et nos émissions de gaz à effet de serre (GES). On estime qu’en 2025, les émissions mondiales de GES liés à notre consommation numérique égaleront celles des automobiles, soit plus de 7% des émissions totales.

Sur le plan humain ensuite :
– Fracture numérique ne cesse de se creuser et le confinement nous a montré à quel point les inégalités dans l’accès aux technologies numériques amplifiaient de façon dramatique la vulnérabilité et le sentiment d’isolement d’une grande partie de la population.
– L’urgence est de permettre l’accès au plus grand nombre aux technologies existantes. La fibre doit être déployée en Camargue, et il n’y a aucune raison d’attendre la 5G pour assurer ce déploiement.
– La promesse de la 5G n’est pas l’accès de toutes et tous aux moyens de communication qui sont aujourd’hui devenus nécessaire (téléphone et Internet). Le projet qui la sous-tend est celui d’une hyper-connectivité et d’un flux permanents de quantité gigantesques de données : objets connectés, services en ligne, réseaux sociaux mais aussi surveillance généralisée et absence de maîtrise sur l’utilisation des données personnelles.
– Enfin, une telle ruée technologique repose sur l’exploitation de toutes celles et ceux qui, à travers le monde, travaillent dans des conditions inhumaines à extraire les minerais, fabriquer les appareils ou recycler les déchets que cette explosion des gadgets numériques génère, notamment les milliers d’enfants aujourd’hui enrôlés dans les mines de cobalt en République démocratique du Congo.

Ce qui se dessine dans le débat actuel autour de la 5G, c’est un débat salutaire sur le monde dans lequel nous souhaitons-nous vivre. Ce qui se profile et s’accélère, c’est un monde de l’instantanéité, de la virtualisation des relations humaines, dans lequel les algorithmes remplacent le jugement individuel et les citoyennes et citoyens sont réduits à leur rôle de consommateurs et de pourvoyeurs de données.

Nous ne sommes pas contre le progrès mais nous sommes pour un progrès véritable, qui profite à toutes et à tous. Or nous pensons qu’aujourd’hui, le progrès véritable serait, à l’échelle de la commune, d’organiser un véritable débat public, d’offrir aux habitantes et aux habitants de notre territoire la possibilité d’être correctement informés et de choisir ensemble.

Le maire me remercie « pour mon exposé » et confirme qu’au niveau local la priorité est de tout mettre en œuvre pour que tout le monde ait accès à la 4G. Et puis il concède que c’est un débat important, noyant un peu l’enjeu en élargissant cette question précise et technique aux grands enjeux de société sur le progrès, sur la compatibilité entre la croissance économique et le respect de l’environnement, etc. Il conclut en rappelant que les vrais débats prioritaires, ce sont ceux qui portent sur la situation sanitaire (Covid) et sur la situation économique (emploi).

 

En bonus, la citation du jour :

« Il y aura une égalité homme-femme, nous allons tendre vers l’égalité, nous allons essayer de tendre vers une parité qui sera plus importante [que dans le conseil des sages précédent où siégeaient 15 femmes pour 45 sièges] »

Michel Navarro, d’un seul souffle, sur la parité au sein du conseil des sages

Et pour finir, le compte-rendu de la Provence qui, une fois encore, parle beaucoup des “élu.e.s issus de Changeons d’Avenir” :

1 Comment

  1. LE GUELLAUT

    Je ne comprends pas totalement la stratégie de Changeons d’Avenir et de l’opposition qui consiste à s’abstenir sur des questions comme la sécurité plutôt que de voter contre. Par voie de conséquence, sur des questions moyennement satisfaisantes ou perfectibles (éclairage par exemple), vous n’avez pas d’autre possibilité que de voter POUR… placement de curseur !!!

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