Au mois de mai dernier, nous nous sommes mobilisés pour demander le report d’une délibération du Conseil Municipal proposée par l’ancienne majorité municipale qui ne nous semblait plus légitime pour statuer sur un sujet à ce point engageant pour l’avenir, alors que le conseil municipal aurait dû être renouvelé en mars. Cette délibération concernait une demande de subvention pour installer de nouvelles caméras de vidéosurveillance, principalement dans le centre-ville d’Arles. Dans sa campagne, Mr De Carolis s’était quant à lui engagé à remettre cette délibération au vote dès qu’il serait élu. Nous y sommes.

Nous vous suggérons de visionner ce petit montage vidéo que nous avions préparé pour développer quelques unes des raisons qui nous font douter de la pertinence d’un tel dispositif, et à le faire circuler autour de vous :

Par ailleurs, si vous souhaitez sensibiliser les élu.e.s de la majorité à cette question et leur demander, avec nous, de voter contre cette délibération, nous vous incitons à leur écrire directement. Voici une suggestion de courrier, probablement imparfait et qu’il vous appartient de personnaliser à votre guise, mais étant donné la précipitation dans laquelle les choses se déroulent, il est probablement judicieux d’interpeller directement les gens :

« Ce 31 juillet 2020, au Conseil Municipal, figure une délibération pour une demande d’aides financières afin d’équiper la ville de nouveaux dispositifs de vidéo protection. Le montant total de ce programme d’installation est de 461 226€ TTC, dont 40% à la charge de la ville, complété par une demande d’aide de 40% auprès de l’état et de 20% auprès du Département.

La demande se fait au titre du Fond interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (FIPDR) 2020. Ce fond se décline en trois axes :
– Prévention de la délinquance et actions favorisant la relation police population
– Lutte contre la radicalisation
– Sécurisation des sites et équipements des polices municipales

L’installation de caméras de surveillance relève de ce dernier point.

De nombreuses études indépendantes montrent que les résultats de ce système de vidéosurveillance sont très insatisfaisants. Les caméras de vidéosurveillance ne dissuadent que très peu les délinquants (qui se contentent le plus souvent de commettre leurs délits ailleurs), et ne permettent que rarement d’en retrouver. Elles n’ont par exemple pas pu empêcher les attentats de Nice, en dépit de onze repérages effectués par le terroriste avec un véhicule d’un poids prohibé dans cette partie de la ville.

Une fois installées, il faut que les images captées soient visionnées en direct au Centre de Surveillance Urbain. Pour une surveillance 7 jours sur 7, 24h sur 24, des agents scrutant les écrans se relaient. Chaque poste nécessite 5 agents municipaux à temps plein et un même agent ne peut pas contrôler efficacement plus de 15 écrans.

Par ailleurs, on estime que le coût annuel de maintenance de ces dispositifs s’élève entre 10 et 30% du coût de l’installation, ce qui explique en grande partie le fait que sur le parc existant, près d’un tiers des caméras se trouvaient hors service durant l’hiver dernier (nous ignorons si elles ont été réparées depuis).

Au-delà des 40% du coût d’installation, c’est donc un énorme budget de fonctionnement (salaires et entretien) qui échoie à la ville.

Et si les moyens potentiellement mis dans la vidéosurveillance étaient mieux employés ailleurs ? Dans l’appel d’offre du FIPDR, il est tout à fait possible de demander des subventions pour financer des actions à l’intention des jeunes exposés à la délinquance, à des actions pour améliorer la prévention des violences faites aux femmes, des violences intrafamiliales et à l’aide aux victimes, ou encre des actions pour améliorer la tranquillité publique.

A la sortie de ce confinement qui a vu s’accroître la précarité de nombreuses personnes, les violences faites aux femmes et aux enfants, il serait judicieux de concentrer les faibles moyens dont dispose les pouvoirs publics sur ces enjeux dont on sait qu’ils participent directement à réduire l’insécurité.

Le débat sur la délinquance et l’insécurité qui en découle doit être posé, avec de nombreux acteurs. Pourquoi se dépêcher pour demander une subvention dont le délai de demande est dans plusieurs mois ? Pourquoi ne pas prendre le temps, pour une équipe municipale qui vient de s’installer, de rencontrer les différents acteurs sociaux du territoire et au sein du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance, d’écouter les avis de chacun et de mettre en place votre propre projet plutôt que de reprendre exactement celui de la majorité sortante que vous avez tant critiqué et qui, après la crise sanitaire, sociale et économique que nous traversons, ne correspond probablement plus aux défis actuels ?

Alors que les finances publiques sont asséchées par la crise, il est urgent de veiller à ce que les fonds publics soient dépensés judicieusement et qu’ils constituent un bénéfice réel pour les plus désavantagés. Ce n’est objectivement pas le cas de ce type de dispositifs.

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseiller.ère.s municipaux, au nom du bien commun et pour laisser à la ville les moyens de développer une véritable politique de prévention de la délinquance et de réductions des incivilités, nous vous demandons de renoncer à cette demande de subvention et de profiter de l’appel du FIPDR pour initier un travail de terrain, sobre et respectueux des droits et libertés de toutes et de tous, afin de rendre notre ville plus juste et plus accueillante.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux, l’expression de mes respectueuses salutations.

Liste des adresses électroniques des élu.e.s de la majorité : ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; .